Des écrivains lui rendent hommage
«Samia Zennadi vivra dans nos cœurs»
«Samia et Karim ont permis de faire entendre des voix qui, sans l’engagement de cette maison d’édition, n’auraient pas trouvé à s’exprimer, la mienne comprise. C’est avec consternation que le monde de la culture a reçu l’annonce terrible de la mort de Samia Zennadi. C’est avec une grande affliction que je perds une sœur, une camarade de lutte et une amie», souligne l’écrivain Djawad Rostom Touati.

Les écrivains étaient sous le choc lundi suite à l’annonce du décès de la grande éditrice de livres, Samia Zennadi, codirectrice de la maison d’édition Apic, qui s’est imposée en Algérie, mais aussi en Afrique, grâce à son professionnalisme, à son savoir-faire et à sa rigueur. L’écrivain Djawad Rostom Touati, également animateur de la célèbre émission littéraire Culture, l’autre regard sur Canal Algérie, nous confie, sous le choc, que la regrettéee Samia Zennadi était une militante anticolonialiste et anti-impérialiste, une éditrice passionnée et engagée en faveur d’une culture nationale et d’une littérature désaliénée, ainsi que pour l’amitié entre les pays d’Afrique. « Les éditions Apic, dont elle a été, avec son époux Karim Chikh, la fondatrice, a offert au lectorat algérien des ouvrages d’une grande qualité esthétique et intellectuelle, notamment en ce qui concerne la question palestinienne. Elle a permis aussi au lecteur algérien de découvrir la littérature africaine, au moment où la machine médiatique n’avait d’yeux que pour les idoles préfabriquées outre-mer », ajoute Djawad Rostom Touati qui a publié la majorité de ses romans chez Apic éditions. Touati rappelle : « Samia et Karim ont permis de faire entendre des voix qui, sans l’engagement de cette maison d’édition, n’auraient pas trouvé à s’exprimer, la mienne comprise. C’est avec consternation que le monde de la culture a reçu l’annonce terrible de sa mort.
C’est avec une grande affliction que je perds une sœur, une camarade de lutte et une amie ». De son côté, la romancière Hanane Bourai qui a publié deux de ses livres chez Apic, a reçu la triste nouvelle du décès de Samia Zennadi avec consternation. Hanane Bourai nous dit que la défunte était tout simplement magnifique. « C’est le mot qui me vient à l’esprit à chaque fois que je parle d’elle. Elle était de ces personnes qu’on peut admirer de premier abord, même de loin. Discrète, mais affable, grandiose, mais humble, son absence dans certains événements littéraires était l’essence même de sa présence car son sourire rôdait dans chaque coin du stand de Karim, son compagnon. Elle se faisait désirer parfois même sur les réseaux sociaux, mais quand elle apparaissait enfin, sa place lui était réservée et sa part restituée, et quelle part ! », témoigne l’auteur du roman Aussi loin ira-tu (éditions Apic). Elle rappelle que Samia Zennadi s’est toujours battue pour les causes justes et s’est toujours distinguée sans vouloir se mettre en avant. « Il y a un an, elle m’avait écrit qu’elle me serrait fort dans son cœur, aujourd’hui c’est à moi de la serrer dans le mien car, désormais, une partie d’elle y vivra », conclut, toute émue, Hanane Bourai. L’écrivain Mehdi Messaoudi, affligé par la mort de son éditrice, rappelle pour sa part que la regrettée était une personne fort attachante. « Son décès m’a profondément attristé et je ne cesse de penser à mon ami Karim, son époux et cofondateur des éditions Apic. Mes pensées vont également à sa fille Inès.
C’est une grande personnalité de l’édition et de la littérature algérienne et africaine qui s’en va. Qu’elle repose en paix, son parcours d’éditrice, son combat pour la littérature de notre pays et du continent ne pourront jamais être oubliés », ajoute Mehdi Messaoudi. Lounès Ghezali, auteur de quatre romans, souligne pour sa part que la disparition de Samia Zennadi est une grande perte pour la littérature en général et le livre en particulier. « Talentueuse et dévouée, avec Karim Cheikh, son mari, ils ont réussi à créer une ambiance d’amitié doublée de professionnalisme, avec les écrivains et les lecteurs. J’espère que son héritage marquera pendant encore longtemps l’univers du livre et son expérience servira d’autres générations. J’espère aussi que son entourage ne va pas s’enfermer dans la douleur car la vie est ainsi faite. Personne ne peut prévoir la trajectoire du destin et l’être humain n’a d’autres choix que celui de continuer à se battre » enchaîne Lounès Ghezali, l’ami des éditeurs et des écrivains. L’écrivaine et animatrice du Club de lecture et Cercle Littéraire Universel, Ania Mezaguer, déplore le fait qu’avec le décès de Samia Zennadi, c’est le monde du livre en Algérie qui perd une femme de grande sagesse, une intellectuelle passionnée qui a marqué l’édition à travers Apic. « J’ai eu le privilège d’échanger avec elle lors des Sila (Salon International du Livre d’Alger), et chaque conversation était empreinte de finesse et d’érudition. Son regard aiguisé sur la littérature se reflétait dans ses choix éditoriaux, toujours pertinents et audacieux », conclut Ania Mezaguer.
Le célèbre écrivain Waciny Laredj a également rendu hommage à la défunte. Il a rappelé son rôle incommensurable et ses efforts pour donner une place prépondérante au livre dans notre pays grâce à sa maison d’édition.