Regards croisés sur Rachid Mimouni

L'événement littéraire est organisé par l'association «Coup de soleil» et se veut un hommage à l'auteur du «Fleuve détourné». Parmi les conférenciers participants, on annonce la présence de l'un des plus grands spécialistes de la littérature algérienne, à savoir Charles Bonn. Il y aura également autour de la table, le brillantissime romancier algérien Salim Bachi ainsi que l'auteure Denise Brahimi et le metteur en scène Hadda Djaber. Ce dernier profitera de cette occasion afin de présenter son spectacle: «Pourquoi les oiseaux ont-ils disparu?». La rencontre sera également enrichie par l'intervention de l'universitaire et chercheuse Amel Maâ de l'université Lumière Lyon 2. Il s'agira donc de mettre en relief l'originalité de l'oeuvre romanesque de l'un des plus grands écrivains algériens postindépendance, auteur d'une oeuvre majeure surtout à travers ses trois romans phares «Tombéza», «Le fleuve détourné» et «L'honneur de la tribu». Mais aussi d'autres romans comme «Une paix à vivre», «Une peine à vivre», «Le printemps n'en sera que plus beau», «La malédiction» ainsi qu'un recueil de nouvelles déroutant, d'inspiration kafkaïenne, intitulé «La ceinture de l'ogresse».

Mettre en relief l'originalité de l'oeuvre
L'écrivain Salim Bachi qui fera une intervention à cette occasion, a été très influencé par l'écrivain Rachid Mimouni. L'hommage à Rachid Mimouni qui aura lieu à Lyon sera aussi l'occasion pour présenter «Pourquoi les oiseaux ont-ils disparu?», inspiré des oeuvres de Rachid Mimouni: Du colonialisme à la Guerre de Libération nationale et jusqu'à la décennie noire: une traversée dérangeante de l'histoire contemporaine algérienne où, parfois, l'humour le dispute à la tragédie. Le metteur en scène Hadda Djaber rappelle que Rachid Mimouni est un écrivain algérien de langue française et, une trentaine d'années après sa mort, son oeuvre nous interpelle encore, tant par l'univers fantastique qu'il décrit, l'humour, l'excentricité des personnages de ses romans, que par la distance qu'il a su prendre et qui donne à son oeuvre universalisme, acuité et clairvoyance. De l'époque coloniale, à la vie dans les maquis, puis à l'avènement de la République algérienne et à ses dérives jusqu'à la période noire où l'intégrisme islamique a fait des ravages (et dont il a, comme d'autres, fait les frais), l'immense conteur décortique avec finesse l'Histoire d'hier et d'aujourd'hui pour nous la livrer dans sa crudité et sa vérité, ajoute-t-on.

Universalisme, acuité et clairvoyance
Le spectacle en question comprend des extraits des romans «L'honneur de la tribu», «Le fleuve détourné», «Le printemps n'en sera que plus beau», «Tombeza» et «La malédiction». Il faut noter enfin qu'Amel Maâfa, organisatrice principale de l'hommage à Rachid Mimouni, est chercheuse associée au laboratoire de recherche «Passages Arts & Littératures (XX-XXI)». Titulaire d'un doctorat en Sciences des textes littéraires à l'université de Badji Mokhtar Annaba, elle a longtemps été maître de conférences, HDR à l'université 8-Mai 1945, Guelma. Elle travaille plus particulièrement sur la littérature et les arts (théâtre, cinéma et photographie). Elle a participé à de nombreuses rencontres autour de ces thématiques (colloques, formations, ateliers d'écriture, forum) dans de nombreux pays -Tunisie, Maroc, USA, France, Hongrie, Portugal, etc. Elle a aussi contribué à des projets artistiques aussi bien avec des professionnels qu'avec des amateurs (spectacle de danse contemporaine, pièces de théâtre, salon de photographie, exposition de peinture, atelier de conte,...). En 2017, elle a effectué un séjour de neuf mois en tant que chercheuse invitée dans le cadre d'un programme Erasmus Mendus à l'université de Porto (Portugal) où elle a assuré des cours en littérature maghrébine à des étudiants de master. Elle a publié de nombreux articles, codirigé un ouvrage collectif: «Re-lire Rachid Mimouni, entre hier et demain» (Garnier classique, 2021) et a contribué à un ouvrage sous forme d'entretiens avec Charles Bonn, «Littérature algérienne. Itinéraire d'un lecteur, autour de son parcours de critique de la littérature maghrébine en général et algérienne en particulier», publié par la maison d'édition «El Kalima» en 2019.