Bye Bye Tibériade de Lina Soualem
Pour que nul n’oublie
Un long-métrage documentaire, comme moyen de transmission intergénérationnelle du déracinement que subit le peuple palestinien depuis 1948 a été projeté à la Maison de la culture de Béjaïa, samedi.

Une halte à Béjaïa en collaboration avec l’association Project-heurts. Après son premier film documentaire, Leur Algérie , affectueux, consacré à ses grands-parents paternels, Lina, petite-fille d’émigrés algériens, récidive par un autre film documentaire consacré cette fois-ci à ses grands-parents maternels en revenant sur les traces de sa mère, Hiam Abbe, Palestinienne d’origine, devenue célèbre actrice. Devenue actrice malgré l’avis de ses parents et de sa famille de confession musulmane, qui l’ont incitée à renoncer à cette vocation précoce, car supposée contraire aux préceptes religieux. Son caractère de femme fonceuse et ambitieuse l’a incitée plutôt à quitter son pays pour réaliser son rêve. Première femme de sa famille à être née loin de cette terre, Deir Hanna, en Galilée, Lina Soualem revient sur les traces de sa maman, comme trait d’union d’une fratrie de 10 personnes, huit femmes et deux hommes. Il y a trente ans, Hiam Abbès, décide de suivre et d’aller à la rencontre de son rêve en quittant son village natal palestinien de Deir Hanna, en Galilée, où elle a grandi avec son arrière-grand-mère Oum Ali, sa mère Neâmat, son père Said, ses sept sœurs et ses deux frères, pour poursuivre son rêve de devenir actrice, en France. Forte de sa première expérience, la réalisatrice explore le parcours de sa mère en partant de ce qu’elle est devenue aujourd’hui, une actrice de renom. Très à l’aise face à la caméra, Hiam la mère de Lina, l’emporte dans ses souvenirs en faisant intervenir ses sept sœurs, sa mère Neâmat, encore en vie lors du tournage.
En revenant sur les traces de sa maman depuis son exil choisi, Lina Soualem a su transformer une expérience humaine, faite de vie intime tournée récemment, de photos familiales, d’archives historiques…en film de transmission de mémoire. Voire même d’un film témoignage loin de tomber dans le récit distancié propre aux films d’histoire.
Un film plein de messages liés à la résilience des Palestiniennes, et Palestiniens notamment. Leurs traditions, coutumes, savoir-faire et savoir-vivre et leur lien à la terre. Un film qui met en avant la cause juste palestinienne et sa revendication d’une manière douce que seules les femmes savent le faire.
Un long métrage documentaire, subtil en somme, comme moyen de transmission intergénérationnelle du déracinement que subit le peuple palestinien depuis 1948.
Un film contre l’oubli et le déracinement. Bye Bye Tibériade , le deuxième long métrage documentaire de Lina Soualem, est sélectionné en 2023 en première mondiale au Festival international de Venise, au Festival international de Toronto, et au BFI London Film Festival entre autres. Bye Bye Tibériade est également nommé pour représenter la Palestine aux Oscars 2024. Son premier long métrage documentaire Leur Algérie réalisé en 2019, est sélectionné en première mondiale à Visions du Réel 2020.
Le film a reçu une dizaine de prix dont le Prix de la première œuvre au Festival Cineùed et le Prix du meilleur documentaire au Festival Cinenania.