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Ahlem Gharbi, directrice de l’Institut français d’Algérie, à L’Expression

«Nous sommes ouverts à tous les Algériens»

Elle est la directrice de l'Institut français d'Algérie (IFA) depuis septembre dernier. Cette Franco-Tuniso-Algérienne a endossé plusieurs postes diplomatiques et politiques, notamment en 2018 en devenant la conseillère du président Macron pour la région Mena. Mue par un réel désir de changement et de réformes, Ahlem Gharbi entend bien se rapprocher davantage du peuple (public) algérien de par une démarche basée sur la proximité et l'échange. Elle nous dévoile, ici, ses ambitions et les objectifs qu'elle s'est assignés depuis le début de son mandat en Algérie...

L'Expression: Vous êtes à la tête du l'Institut français d'Algérie depuis le mois de septembre. Pourriez-vous nous faire part de la vision des choses avec laquelle vous travaillez en Algérie?
Ahlem Gharbi: Je suis venu effectivement avec l'ambition et la vision d'ancrer davantage l'Institut français dans le paysage algérien parce que pour moi, c'est vraiment important que l'Institut français d'Algérie soit connecté avec l'Algérie, la jeunesse algérienne et puis qu'elle soit aussi connectéE dans tout le territoire algérien. Nous avons des antennes dans cinq villes d' Algérie qui sont Alger, Tlemcen, Oran, Annaba et Constantine mais l'idée est de travailler aussi avec des partenaires un peu partout en Algérie. C'est important aussi que l'Institut français soit dans le Sud et dans toute l'Algérie parce que l'Algérie ce n'est pas que le Nord, ce n'est pas qu'une culture, c'est aussi une diversité de cultures.

Quels sont donc les axes sur lesquels vous travaillez justement?
Notre priorité numéro une c'est vraiment de répondre à l'attente du public. C'est l'état d'esprit dans lequel je travaille avec toute l'équipe de l'Institut français. Il s'agit de répondre aux envies et aux besoins, ce qu'attend la jeunesse algérienne aussi de l'Institut français et de sa programmation. C'est vrai que la population algérienne est jeune majoritairement et les jeunes ont des goûts différents et il faut savoir y répondre. C'est pour cela qu'on a ancré cette année une programmation tournée vers cette jeunesse algérienne. On a commencé d'abord par des cours de français. Ces deniers étaient donnés plutôt à des jeunes adultes et plus. Aujourd'hui on a souhaité avoir une offre pour les tout petits, dés 4 ans. Donner des cours de français dans des espaces agréables et ludiques, avec des espaces aménagés et des programmes ludiques. Après, il y a la programmation culturelle qui répond beaucoup plus aux attentes des jeunes d'aujourd'hui, notamment la musique et ce, dans toute sa diversité algérienne. Nous avons aussi des concours de slam, d'écriture qui sont destinés aux jeunes. Nous avons aussi un laboratoire de films documentaires, le Lab d'Algérie qui est ouvert aux jeunes. Nous avons une multitude d'actions qui répondent à leurs gouts. L'Institut français d'Algérie a pour ambition aussi d'être un tremplin pour les jeunes artistes créateurs algériens. C'est pour cela qu'on programme beaucoup de jeunes Algériens et qu'on leur donne leur chance, on les expose, on les invite aussi. Ceci est important. Il y a ce qu'on fait en Algérie et puis, ce qu'on fait en France. Ce qui compte est ce partage, une meilleure connaissance entre nos deux pays. Nous avons aussi l'ambition de renforcer les résidences d'artistes de par et d'autre de la Méditerranée. Il y a des résidences d'artistes en France. Historiquement, nous avons des résidences d'artistes offertes aux jeunes artistes algériens en France, notamment à la Cité des Arts, la Fémis, la Friche Belle de Mai etc. L'idée est de renforcer davantage ces résidences, de faire partir plus d'artistes algériens en France et à l'inverse, côté algérien, de ramener des artistes français mais pas que, car on est dans une logique européenne. L'idée est de ramener des artistes français et européens en Algérie dans le cadre d'un programme de résidence de l'Institut français d'Algérie et ce, dans plusieurs domaines d'activités, que ce soit la danse, la littérature, le patrimoine. Permettre donc à ces artistes européens de créer ici, de s'imprégner de la vie d'ici, de la culture algérienne, de s'inspirer aussi des algériens. C'est beaucoup plus intéressant comme travail que de juste faire venir des artistes, qui fassent un concert ou une conférence et qui repartent. L'idée avec ce programme de résidence d'artistes, est qu'ils restent plusieurs mois pour créer, tout en s'inspirant de ce qui se passe autour d'eux en ayant une meilleure connaissance de l'Algérie et des Algériens et je pense que ça ne fera que favoriser la meilleure connaissance entre les Algériens, français et les Européens, pour une meilleure imprégnation culturelle!

D'où l'intérêt aussi, on présume, d'harmoniser les antennes de l'Institut, en vue d'un programme plus homogène?
Tout à fait. L'idée est que toutes les antennes de l'Institut français d'Algérie, des cinq villes d'Algérie puissent réfléchir ensemble à une programmation commune et homogène, bien sûr, en s'appuyant sur les forces et les atouts de chaque antenne. À Oran, par exemple, on a un beau programme qui est celui des rencontres photographiques d'Oran qu'on a lancé il y a quelques année et il est très ancré dans le territoire oranais. Il y a aussi tout ce qui est musique électronique qui a été développé. Ce sont là des atouts. À Tlemcen il y a une spécificité qui a été développée autour du numérique et le patrimoine. L'idée est de prendre ce qui se fait de bien et d'harmoniser ça. Faire en sorte que toutes les antennes de l'Institut français puissent bénéficier du savoir- faire des uns et des autres pour qu'on ait une belle programmation harmonisée, qu'on aura construite ensemble. Cela ne veut pas dire que tout va être homogène, parce que l'idée est d'avoir une lisibilité et un vrai message, ensuite que chaque antenne puisse avoir aussi sa propre programmation qui va répondre aux besoins et envies de son public. C'est important de garder une spécificité locale pour chaque antenne de l'Institut.

Communiquer avec tout le monde est un des points cruciaux de l'Institut français d'Algérie et, notamment en s'exprimant aussi dans la langue de l'Autre, dont l'arabe...
Il s'agit effectivement d'ancrer l'Institut français en Algérie. Et mieux l'ancrer, c'est écouter ce qui se passe autour, écouter ce qui se fait et être complètement en harmonie avec ce qui se fait ici. L'Algérie est un pays qui parle arabe et pour moi, c'est important aussi qu'on puisse communiquer en arabe parce que c'est une des langues du pays et si on veut communiquer avec davantage de personnes, il faut utiliser l'arabe. Le français n'est pas parlé par tout le monde. En développant l'utilisation de l'arabe, le message que l'Institut français tend à véhiculer est que nous sommes ouverts à tout le monde, pas uniquement aux francophones, mais à tout le monde, à tous les Algériens qui parlent français, arabe et berbère. C'est important comme message. Je pense encore plus au dialecte, car c'est la langue utilisée par tout le monde. Davantage sur les réseaux sociaux. C'est important d'être au diapason avec son temps et de communiquer dans le mode d'expression des autres.

Quels seraient les objectifs de l'Institut français pour la rentrée ou ses prochains projets?
Nous sommes effectivement presque à la fin de la saison culturelle, mais on a quand même un mois de mai qui va être assez chargé.. Nous avons en juin aussi un atelier ciné-concert et une master class pour apprendre à faire du ciné-concert. L'idée est que quand les artistes viennent, ils restent plus longtemps pour assurer des formations. C'est l'exemple pour le ciné-concert. Il y aura des artistes qui vont venir pour un spectacle et vont rester pour animer une master class. L'idée est donc de faire venir moins d'artistes, mais qui resteront beaucoup plus longtemps pour donner, de sorte qu'il y ait un vrai dialogue entre le public algérien et les artistes français. Il y aura aussi la Fête de la musique. Cette année on va fêter la musique dans tous les Instituts français. Ça va être aussi l'occasion pour nous de faire de la programmation à l'extérieur de l'Institut français, c'est-à-dire, hors les murs, car il est important de ne pas se cloîtrer au niveau de l'Institut français. L'idée est d'ouvrir l'Institut et de travailler avec des partenaires en dehors de nos murs. Nous avons développé cet aspect davantage. Notre ambition pour la programmation de 2022-2023 est vraiment d'ancrer notre programmation en lien avec la programmation algérienne. C'est-à-dire, d'être en lien avec tout ce qui se fait en Algérie. Cela se traduira par une programmation qui se voudra très visible avec des temps forts.. Chaque mois, il y aura un temps fort spécifique qui sera connecté le plus possible avec la programmation algérienne. Je cite à titre d'exemple, le mois de la francophonie, un programme sur les cultures urbaines, un autre sur la gastronomie, un également sur le patrimoine et l'architecture etc. L'idée est d'avoir une vraie visibilité de notre programmation, que le public algérien sache que tel mois c'est telle programmation, qu'il puisse s' y intéresser et découvrir plus facilement peut-être ce programme qui, à mon avis, sera plus clair et qui se caractérisera par des temps forts et ce, à travers une programmation très transversale. Il s'agira de travailler avec nos partenaires algériens. C'est pourquoi, nous avons organisé «La Nuit des idées» dans plusieurs endroits dont Alpha Tango, Artissimo, l'Union européenne etc. Vous l'aurez remarqué, il y avait des conférences, des débats d'idées, des installations artistiques, des concerts, des ateliers pour enfants etc. Nous avons pensé ce programme en termes de transversalité des actions et de l'offre culturel. C'est vraiment la philosophie de tous nos temps forts à venir pour les prochaines saisons. L'idée c'est de travailler avec beaucoup plus de partenaires avec une programmation beaucoup plus transversale ce qui permettra de répondre à tous les goûts du public et d'avoir sur un seul événement, beaucoup de choses très différentes. On va développer davantage d'ateliers pour les enfants dans les médiathèques par exemple. Ateliers de toutes sortes, notamment de philosophie. C'est vraiment notre objectif: prendre le temps pour écouter le public algérien. Faire en sorte que les échanges soient beaucoup plus intenses, renforcer ces relations entre les artistes français/algériens et le public algérien. Le mot d'ordre est que c'est l'Institut français qui va vers les autres. 

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