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Les professionnels du cinéma interpellent le Premier ministre

«Ne supprimez pas le Fdatic!»

Le collectif fait part de sa grande appréhension quant à la suppression du Fonds d'aide aux techniques et industries cinématographiques, qui serait appelé à disparaître au 31 décembre 2021...

Alors que s'ouvrait cette semaine, à Alger, le premier forum dédié à l'économie culturelle, où tout un volet a été dédié à l'investissement dans l'industrie cinématographique, les professionnels du cinéma, tous corps confondus, ont signé une pétition, en l'envoyant en début de semaine au Premier ministre Abdelaziz Djerad qui, rappelons- le, avait inauguré samedi cet événement. Motif de cette lettre ? La suppression supposée du Fdatic (Fonds d'aide aux techniques et industries cinématographiques». Le collectif pour la sauvegarde du Fdatic, composé, entre autres d'auteurs, techniciens, comédiens, réalisateurs et producteurs, fait part en effet, dans cette lettre de sa grande inquiétude face au « projet de loi de finances 2021 visant la dissolution de 60 fonds dont le Fdatic, le Fonds d'Aide aux techniques et industries cinématographiques, qui serait appelé à disparaître au 31 décembre 2021.» peut-on lire. Et de se demander: «Comment a-t-il été possible d'amalgamer des fonds conjoncturels et temporaires avec le Fdatic, un fonds qui existe depuis 1967 et qui implique toute une profession?», soulignant être «sidérés par la confusion des genres», le collectif pour la sauvegarde du Fdatic fait savoir qu'il n'a pas été consulté pour prendre une telle décision, arguant ne pas pouvoir passer cette information sous silence. Et d'estimer: «Les aides sélectives, ou subventions d'Etat sur projet artistique et financier,
telles que pratiquées jusqu'à ce jour par le Fdatic en Algérie, ne peuvent disparaître. Pour tous les pays ayant à coeur la primauté de la culture et de la création artistique sur la logique du marché, c'est une question de survie et de souveraineté.
Pour l'artiste en premier lieu, mais également pour tous les acteurs économiques privés, (les producteurs, les studios, les prestataires). Il en va de la dynamique générale de la création. La dissolution du Fdatic est une réelle mise en danger pour le cinéma algérien.(...)»

Peur et amalgame
Et d'ajouter un peu plus loin: «Et le vrai chantier a démarré, s'il était nécessaire d'en ouvrir un, serait de repenser les conditions de l'exploitation culturelle et commerciale des oeuvres de cinéma, l'environnement commercial et fiscal et non de pénaliser la création en supprimant le Fdatic.» Et de se poser moult questions quant à la ligne budgétaire du fonds de cinéma si elle venait à être englobée au budget du ministère de la Culture en 2022. «Selon quelle estimation devrons-nous faire un prévisionnel? Quelle sera l'année de référence, pour estimer la ligne budgétaire de l'année 2022 et des années suivantes? Qui se chargera de défendre le budget du cinéma tous les ans au Conseil des ministres et à partir de quelles données?
À partir des films terminés? Des projets à l'étude? Des commandes de l'Etat? Des projets privés? Quoi et comment?»
Indiquant que le budget de la culture en Algérie ne représente que très peu dans le PIB de la nation (moins de 1%), de ce fait «la suppression du Fdatic qui existe depuis 1967, au même titre que les 59 autres, spéciaux et conjoncturels, est une aberration», fait savoir le collectif qui, en s'adressant au Premier ministre, souligne que «l'équivalent du Fdatic existe dans tous les pays, ceux dits développés et ceux dits moins développés...tel le Sénégal qui s'est doté d'un fonds de soutien du cinéma il y a 5 ans. Le collectif persiste et signe: «Les pays soucieux de leur cinéma et de leur culture additionnent les mécanismes aux mécanismes, les dispositifs aux dispositifs, les incitations aux incitations, mais n'amputent pas leur seul dispositif de financement existant; même sous couvert de restructuration. Car nous doutons qu'il s'agisse de réforme, auquel cas nous aurions été consultés en tant que professionnels du secteur.»

Un garant de la pérennité du 7ème art
Et de rappeler avec énergie: «Le Fdatic, est la seule garantie que, quel que soit l'état des lieux, il existera toujours en Algérie quelque chose qui s'appellera, le cinéma. Dissoudre ce fonds, nous en priver, reviendrait à euthanasier un secteur déjà famélique, et qui ne bénéficie d'aucune autre aide. Les sponsors n'ont pas d'incitations sérieuses applicables, les wilayas n'ont pas de fonds locaux et incitatifs. Quant à la Télévision nationale, elle n'a plus d'obligation depuis la séparation des ministères de la Culture et de la communication. Les opérateurs téléphoniques, les médias numériques, les régies publicitaires, les institutions fiscales n'y sont pas contraintes non plus. Bref c'est déjà un désert de financements alors pourquoi attaquer le seul mécanisme de financement existant?» Rappelant quelques exemples édifiants où l'Etat a permis de restructurer son pays, après des crises, notamment l'Angleterre durant les années 1980, ou encore le gouvernement italien qui a décidé d'augmenter le budget de la culture pour redonner le moral aux italiens, le collectif relève à nouveau que la suppression du Fdatic «est une tragédie pour les artistes vivants et à venir et pour le cinéma algérien dans son ensemble.».

Quel soutien et de quelle façon?
Interpellant le Premier ministre, le collectif rapporte les mots du président de la république, Abdelmadjid Tebboune, qui dans une déclaration en février 2020, «affirmait son soutien au secteur cinématographique et appelait à «orienter le cinéma commercial vers le rayonnement culturel de l'Algérie à l'échelle mondiale en tant que meilleur moyen face à l'invasion culturelle». Et de demander au Premier ministre: « Est-ce cela l'interprétation que le gouvernement fait de ses dires? La suppression du Fdatic ou une restructuration sans finalité concertée?». Enfin, le collectif de sauvegarde du Fdatic interpelle vivement le premier ministre en soulignant qu'il est de son «devoir et l'Histoire en est témoin, non seulement de sauvegarder ce fonds, qui, ne n'oublions pas, comprend aussi le théâtre, les lettres et les arts plastiques (depuis 2015), mais aussi d'en faire une entité sacrée et non une entité négli-geable à confondre avec 59 autres fonds conjoncturels ou spéciaux. Et si vous deviez restructurer ou réformer le secteur du cinéma, il faudrait créer d'autres fonds, d'autres caisses, et davantage encourager, par des mesures concrètes, des partenaires économiques pour faire émerger un marché.». Et de rappeler que «les lieux de diffusion possibles sont multiples» tout en citant les salles de cinéma, TV, plates-formes VOD et Svod, projections dans les hôtels et avions, sur les téléphones, en DVD et Blu Ray (sans piratage)».Et de renchérir: « Il conviendrait aussi d'inclure les wilayas, les Entreprises nationales qui ont des monopoles, les ministères ayant un lien avec les sujets des films, bref inventer.
Et enfin, nous, professionnels du cinéma, vous faisons cette lettre de bonne foi, avec l'unique souci de préserver les acquis de la création artistique en Algérie, pour les générations futures et notre existence en tant qu'histoire et culture algériennes.»

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