L'Expression

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Smaïl Grim, écrivain, à L'Expression

«Matoub Lounès fait partie du roman national»

Sociologue et écrivain, Smaïl Grim est l'auteur de deux livres consacrés au poète, chanteur et militant Matoub Lounès. Son premier livre sur Matoub Lounès, intitulé «L'assoiffé d'azur» a été édité en 2009. Et en 2018, il a publié «Matoub, un poète, une voix, un combat». Dans cette interview, qu'il nous a accordée à la veille de la commémoration du 22ème anniversaire de l'assassinat de Matoub Lounès, Smail Grim réussit à résumer tous les aspects saillants de la personnalité du Rebelle.

L'Expression: Il est évident que plusieurs critères peuvent plaider en faveur de Matoub Lounès et de son oeuvre pour l'écriture d'un livre. Mais parmi ces critères, lequel a pesé le plus pour vous dans votre choix d'opter pour le Rebelle?
Smaïl Grim: C'est Matoub Lounès qui, sans doute, a le mieux incarné la chanson poétique et engagée algérienne d'expression kabyle. Son amour et goût pour la patrie, la nature, ses postures orgueilleuses, son rôle dans le mouvement pour la reconnaissance de l'identité berbère, ses combats contre les injustices, pour la liberté et «une démocratie majeure», sa conception du poète-chanteur comme porte-étendard et phare pour les opprimés, tout cela fait du Rebelle l'un des poètes et l'une des voix les plus purs, authentiques et les plus puissants qui soient. Son oeuvre multiple, à la fois lyrique, épique et chronique, engagée, ainsi que sa voix «gouleyante comme le bon vin de Aïn-Bessem-Bouira», rythmée et chaloupée par une parfaite maîtrise de la musique châabie m'ont séduit et amené à approfondir mes connaissances sur l'homme et l'oeuvre.

Comment avez-vous découvert Matoub Lounès et plus particulièrement son oeuvre, quel en a été le déclic?
Grâce à ma regrettée mère La Zahra, une inconditionnelle du Rebelle, et à mon neveu Riad, j'ai eu la chance, lors de mon Service national, de découvrir l'oeuvre hugolienne de Matoub qui reste jusqu'à présent, pour moi, un roman inachevé. Je l'inscris dans l'universalité des «Poètes maudits» morts ou assassinés pour leurs oeuvres. D'où la nécessité de continuer son noble et digne combat en transmettant son message aux jeunes générations, même au-delà de nos frontières.

Après avoir écrit un premier livre sur Matoub, des années plus tard, vous êtes revenu avec un second livre consacré au même artiste-poète. Pourquoi un autre livre sur Matoub?
Source intarissable, la vie et l'oeuvre de Lounès font partie du Roman national qu'il faut sans cesse revisiter.

En tant qu'artiste, Matoub avait plusieurs atouts. Mais beaucoup pensent que c'est sa voix qui est le secret de sa réussite exceptionnelle. Etes-vous d'accord avec cette lecture ou bien pensez-vous que Matoub l'artiste est un tout: la voix, sa façon d'interpréter, ses textes poétiques, ses musiques, ses arrangements, etc.?
Il est indéniable et de toute évidence que la voix magistrale du Rebelle porte aux nues son chant profond, qu'elle est l'une des plus belles dans le genre chaâbi; cependant, Matoub c'est une osmose entre «Un Poète, une voix, un combat».

Les détracteurs de Matoub n'hésitent pas à imputer son immense succès uniquement à son militantisme et à son engagement, une lecture biaisée qui, bien entendu, est erronée et qui ne tient pas la route. Mais quels arguments pouvez-vous mettre en avant pour réfuter une telle ineptie?
Ceux qui limitent sa puissante créativité artistique à son combat identitaire ont, à mon sens, des oeillères et gagneraient à puiser dans sa poésie, à plonger dans cette «médecine de l'âme». Ils en sortiront apaisés et l'esprit léger.

Peut-on savoir quels sont vos projets concernant Matoub, mais aussi concernant d'autres sujets?
Je continue le devoir de mémoire, par un autre mode d'expression, le théâtre et l'art picturaux. J'ai commencé à monter avec des jeunes d'Azeffoun une pièce autour du «Cadavre encerclé» de Kateb Yacine dans les trois langues pour un hommage à nos antiques et illustres disparus dont un tableau honore la mémoire du Rebelle, accompagné d'une grande exposition que je lui consacre. Nous reprendrons notre ouvrage dès la fin de la pandémie.

Qu'en est-il de votre prochain livre?
Au point de vue livresque, je donne les dernières touches à un roman «La malédiction d'Azef ou un nain sur des épaules de géant» et dont un des personnages porte, par ensorcellement, le nom de Lounès. Ouvrage que je compte éditer en Algérie dès la fin de la crise sanitaire.

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