Fella Andaloussia, Écrivaine
Littérature et mouvement
Fella Andaloussia est une écrivaine qui aime joindre le bonheur de la littérature à celui du mouvement. Deux mots qui ne se remarquent pas d’ailleurs, que dans ses textes.

Par Lounes GHEZALI*
Sa vie quotidienne aussi prend tous les aspects de la mobilité. Elle s’en va crier le livre dans toutes les contrées du pays ; Alger, Oran, Chlef, Tlemcen, Tizi Ouzou, partout où la littérature l’appelle, Fella est présente. Partout et en tout temps. Le livre et lui seul, dicte le goût de ses voyages, le goût et le choix de ses déplacements. Pleine de verve, Fella ne passe cependant, dans les endroits visités où elle est invitée pour une rencontre littéraire, qu’un laps de temps très court. Parfois juste une halte avant de reprendre du chemin. Mais souvent ces quelques heures lui suffisent pour aller dans les profondeurs d’un roman lu ou discuter avec son auteur. Elle lit et écrit avec un souffle remarquable et constant. Pourtant, elle ne donne jamais l’impression de vivre dans un monde qui la déborde. Pleine d’énergie, de punch, elle semble à la mesure de tout ce qui s’impose à elle. Pour sa vie, et notamment sa vie de famille, et pour son écriture, en terme d’exigence d’ordre esthétique ou d’exigence d’attention pour ses lectures. Sa force vient peut-être du fait que Fella écrit, comme tous les poètes d’ailleurs, en buvant à sa propre source, dans l’intimité de son passé, de ses souvenirs. C’est là où elle se ravitaille pour nous donner tous les échos et la musique de ses textes, toute sa lucidité romanesque, toute cette matière psychologique à ses personnages.
Dans son premier roman intitulé Kamila, un volcan de sentiments», Fella raconte une jeune fille citadine, issue d’une famille de lettrés, plutôt aisée. Elle y décrit sa jeunesse avec ses enthousiasmes, ses petites crises, ses rêves. Un personnage confronté à des réalités simples, mais un personnage plein de rêves, de contemplations des choses de la vie. Sa famille, proche et lointaine, son imagination débordante nourrie à la lecture dès l’enfance, font penser à un récit d’une vie presque remplie de bonheur. La pluralité de voix de l’intérieur qui résonnent chez ce personnage marquant lui donne toutefois plein d’autres caractéristiques. Car les saisons, dans Alger des années quatre-vingt, rythment certes ce roman, mais ce dernier n’a guère que l’amour comme chute. Kamila connaîtra dans son cercle très sympathique le bonheur, mais il l’aidera aussi à élargir la sphère de désirs et de pensées. Dans ce livre, Fella Andaloussia raconte avec force détails, avec ce goûut proustien des souvenirs d’enfance, jusqu’aux petites choses que l’on vit quotidiennement. Les fêtes du Mouloud, la maison de campagne, les rencontres, avec cette multitude de petites choses féminines propres à cet âge-là. Et ces choses féminines ne tarderont justement pas à se préciser. Mais cela est consigné plutôt dans le deuxième volet du livre qui s’intitule Kamila, la voie de la renaissance. Dans ce deuxième volet qui prend des allures de feuilleton, des amours blessantes, des ruptures, des défis à relever, face aux difficultés multiples qui se rattachent à son entourage direct ou à l’Algérie, dont des événements particuliers allaient commencer. Fella Andaloussia écrit avec la plume acérée du poète. Elle relate avec ces accents d’innocences même quand il s’agit de décrire la complexité des thèmes abordés. Du moins cette innocence qu’exhibe le poète avec la limpidité de ses mots pour recréer la vie là où les épreuves tatouent les jours de leurs couleurs noires.
*Ecrivain