L'Expression

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Cherif Kheddam 1927-2012

Lezzayer Incallah ad tehlu : Mon Algérie toujour plus belle

Sa musique autant que ses paroles sont un combat à la fois pour l’affirmation de la culture algérienne et la culture berbère, et un moyen de sensibilisation autour des questions sociétales, la condition féminine notamment. Il a chanté l’amour, l’exil, la patrie…

Par Jugurtha ABBOU

Le fils de Bou Messaoud () a été un grand , un grand et intense . Mais avant tout, il a été un homme pétri de qualités ; son humilité, sa générosité et son travail rigoureux ont été loués par plus d’un parmi ceux qui l’ont fréquenté. Il a peut-être hérité ces qualités de sa formation coranique, lui qui a été, à l’âge de neuf ans, à la zaouïa de Boudjellil. Il a dû aussi son sérieux et sa rigueur au fait qu’il soit, dès son jeune âge, contraint à l’éloignement familial, ayant travaillé d’abord à Oued Smar, en 1942, puis à Saint-Denis et ensuite à Epinay. Les déchirements de l’exil n’ont pas empêché Cherif Kheddam de s’adonner à une passion, la musique. Après les heures de travail, il suivait des cours de solfège et de chant, c’est alors qu’on a découvert chez lui une voix de rossignol. Ainsi, lorsqu’il sortit ses premières chansons en 1956, il marqua tellement la scène culturelle que le prestigieux Pathé Marconi n’hésita pas à lui faire signer un contrat.
C’est à ce titre que beaucoup le considèrent comme l’un des pionniers de la musique kabyle. Cherif Kheddam ne chantait pas pour chanter. Sa musique autant que ses paroles sont un combat à la fois pour l’affirmation de la culture algérienne et la culture berbère, et un moyen de sensibilisation autour des questions sociétales, la condition féminine notamment.
Il a chanté l’amour, l’exil, la patrie… Àjuste titre, sa chanson Lezzayer Incallah ad tehlu – Que l’Algérie guérisse- demeure un chef-d’œuvre musical indétrônable. Comment ne pas citer Bgayet telha (Béjaïa est belle), tilawin, Nadia et tant d’autres succès à travers lesquels le maestro a associé une mélodie parfaite à des paroles merveilleuses. Que dire alors de la chanson évoquant les souvenirs d’une maman luttant contre la misère quotidienne sinon que sa composition relève tout simplement du génie ?
Son inspiration ? Il la retrouve auprès des siens, il la puise de leur vécu, de leurs souffrances, de leurs douleurs. A un journaliste l’interrogeant à ce sujet, il a répondu : «Je n’ai pas d’histoire propre, elle est identique à celle des miens, de mon peuple. Je chante mon peuple, je suis issu de lui, il est ma source et c’est à lui que je dédie mon œuvre. »
Il est utile de rappeler que c’est lui qui a signé la bande originale du film La colline oubliée premier film en tamazight réalisé par Abderrahmane Bouguermouh sur une adaptation du roman éponyme de Mouloud Mammeri.
Son apport à vulgariser la culture kabyle et à conserver l’identité berbère. Virtuose, il a excellé à la fois avec le luth qu’avec le piano ou le violon.
Au-delà de cet apport, Da Cherif ne s’est pas contenté de mettre en pratique ses connaissances, il a tenu à les transmettre.
À son retour au pays, au lendemain de l’indépendance, il a animé une émission radiophonique, consacrée à la découverte de jeunes talents.
Combien de futures stars ont fait leurs premiers pas dans cette émission intitulée Ighennayen Uzekka – Les chanteurs de demain- On citera entre autres Lounis Ait Menguellet. Sa prédisposition à aider les autres s’est affirmée plus d’une fois, en témoignent aussi bien les concerts qu’il a partagés avec d’autres chanteurs que les duos dans lesquels il s’est associé avec d’autres. On a beaucoup été subjugué par la voix étincelante de Nouara, on l’a été encore plus en l’écoutant chanter avec Kheddam.
Le long de ses soixante ans de carrière, Cherif Kheddam a été d’une rigueur irréprochable. Il disait aux jeunes qui le sollicitaient, qui pour un conseil, qui pour une orientation, que militer, c’est faire son travail de la manière la plus correcte.
En marge d’un hommage qui lui a été rendu à Béjaïa, il a déclaré qu’ayant tiré sa révérence, il souhaiterait voir son ami de toujours, Hassan Abbassi, reprendre le chant.
Comme lorsque se rencontrent les sages, l’échange fut bref mais plein de sens. Dda Cherif a dit son mot : « O Hassan, j’arrête. À toi de poursuivre le chemin. » À ces mots, Dda Hassan a répondu sagement : « À quoi bon ? ».
Les sages partent, mais leurs œuvres demeurent, quoique passent les temps, immortels.

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