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13E SALON INTERNATIONAL DU LIVRE D’ALGER

Les visiteurs se saignent aux quatre veines

En ces temps de crise tous azimuts, la volonté de s’offrir un livre est brisée par un pouvoir d’achat érodé.

Ceux qui disent que les Algériens s´intéressent de moins en moins au livre, risquent de se tromper. C´est cette réflexion qui vient à l´esprit en voyant la marée humaine impressionnante affluer ce jeudi au Salon international du livre d´Alger (Sila). Cette image pousse, en effet, à l´optimisme. Ce week-end, les Algériens se sont massivement rendu à la foire. Certains y vont pour faire leurs emplettes, d´autres s´y rendent dans l´espoir de trouver les livres qui ne figurent pas sur les étals des librairies. Une autre catégorie y va pour satisfaire sa curiosité. D´autant que les spots publicitaires consacrés à cette manifestation sont remarquables partout à Alger, ou ailleurs. Il faut dire que le temps radieux de ce jeudi n´a fait qu´inciter les Algériens à se rendre au Salon du livre.
A ce plan, d´aucuns tirent une satisfaction. «Je viens au Salon dans l´espoir de trouver des livres qui vont m´aider dans mes études» nous indique Mustapha, étudiant en 2e année sciences politiques à l´université de Tizi-Ouzou. «Pour le moment, je n´ai fait que quelques stands nationaux. J´ai trouvé quelques titres intéressants, mais je vais encore chercher dans les stands étrangers» ajoute-t-il. Au-delà de la disponibilité des titres qu´il cherche, Mustapha soulève le sempiternel problème de la cherté du livre.
La «denrée» est, en effet, trop chère pour qu´un étudiant puisse se la permettre. «En cherchant, j´ai pu ´´détecter´´ trois ou quatre livres sur les systèmes politiques et d´autres sur le roit constitutionnel, mais les prix sont d´autant plus élevés que je me sens frustré», avoue Mustapha qui repartira certainement comme rebuté par ce Salon. «J´ai évité de dépenser deux bourses (5400 DA, Ndlr), rien que pour acheter certains ouvrages que je n´ai pas trouvés dans la bibliothèque de l´université», affirme notre interlocuteur. Il faut dire qu´avec la cherté tous azimuts, rares sont les étudiants qui peuvent se permettre un livre. La bourse trimestrielle de 2700 DA qu´ils reçoivent est dérisoire devant les prix exorbitants des ouvrages spécialisés dont ils ont besoin. D´ailleurs, même les parlementaires se montrent hésitants pour défendre la cause des étudiants, relative à l´augmentation de la bourse d´études qui leur est accordée.
Le cas de Mustapha reflète celui de tous les étudiants algériens. Mais cette frange de la société n´est, apparemment, pas seule à pâtir de ce problème, puisque même les salariés, que nous avons croisés lors de ce Salon du livre, se disent incapables de s´offrir plus de deux livres. «Les prix trop élevés me brisent les rêves», note Yasmine, non sans regret. Cette enseignante de langue française dans un CEM de la banlieue algéroise se dit, elle aussi, frustrée par le fait qu´elle ne peut pas acheter tous les livres qu´elle aimerait lire. «J´ai préparé une liste d´une vingtaine de livres à acheter durant ce Sila, mais avec les prix trop élevés...je suis obligée d´endiguer ma soif avec huit livres seulement», confie notre interlocutrice. Passionnée de littérature française et de psychanalyse, Yasmine se limite ainsi à acheter quelques romans. Quant aux essais, «je laisserai ça pour l´année prochaine. Sinon, si j´ai un peu de temps, je passerai chez les bouquinistes, les livres se vendent à des prix abordables». Accompagné par ses moutards, âgés respectivement de 8 et 12 ans, Ahmed essaie tant bien que mal de répondre à la demande pressante de ses deux enfants. «On ne peut pas tout avoir. J´aimerais bien satisfaire leurs besoins, mais ce n´est pas toujours évident» indique-t-il. «La rentrée scolaire, suivie du mois de Ramadhan m´ont vraiment plumé. J´essaie de me dire que quand on a des enfants, il faut bien accomplir son devoir envers eux, dont celui de les instruire. Mais le devoir est dépassé par le pouvoir. J´aurais bien aimé acheter à mes enfants tous les livres qui leur plaisent, néanmoins, devant la cherté de la vie on tente de se consoler en se disant que dans la vie, il y a des priorités...». Ainsi donc, en ces temps de crise tous azimuts, la volonté de s´offrir un livre est brisée par un pouvoir d´achat érodé.

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