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Mouloud Mammeri nous a quittés il y a 32 ans

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Mouloud Mammeri a donné à la littérature francophone des romans d'une densité et d'une beauté littéraire indéniables desquels on a tiré des films devenus de vrais classiques...

Mouloud Mammeri est vraiment un cas atypique dans le monde littéraire algérien. Son parcours et la diversité des domaines auxquels il a été d'un apport immense, font de lui un intellectuel unique en son genre. D'abord romancier, Mouloud Mammeri a donné à la littérature francophone des romans d'une densité et d'une beauté littéraire indéniables. On en veut pour preuve le fait que deux des quatre romans qu'il a écrits ont été portés à l'écran. Les films qui en ont été tirés sont devenus des classiques et comptent parmi les meilleurs longs métrages produits par l'Algérie indépendante. Son roman L'opium et le bâton, adapté au cinéma par Ahmed Rachedi en 1969, est devenu un film culte sur la guerre d'Indépendance.
D'ailleurs, l'année écoulée, ce film a été doublé en langue amazighe par Samir Ait Belkacem et sa projection en avant-première devait avoir lieu en décembre dernier n'eut été la pandémie de la Covid-19. Mais ce n'est que partie remise.

La colline oubliée
Le second film tiré de l'oeuvre romanesque de Mouloud Mammeri est La colline oubliée qui est, faut-il le rappeler, le premier long métrage en langue amazighe. Son réalisateur n'est autre que le regretté Abderrahmane Bouguermouh. Ce long métrage est également considéré comme un film-culte. La conjugaison du génie littéraire de Mouloud Mammeri avec le professionnalisme et le savoir-faire de Abderrahmane Bouguermouh, ont abouti à un film devenu une référence dans le cinéma amazigh. Mouloud Mammeri, après avoir écrit ses quatre romans et après que son talent littéraire ait été reconnu à l'unanimité, a décidé de se tourner vers le domaine de la recherche de la langue et de la culture amazighes, en ayant pris conscience de la menace latente qui pesait sur sa langue maternelle qui est aussi celle de millions d'Algériens. Mouloud Mammeri se mit alors à mener des recherches sur le terrain pour regrouper et sauver de l'oubli un maximum de poèmes d'auteurs anciens. Son travail ne se limita pas à transcrire ces pièces poétiques menacées de disparition totale, mais il en fit des traductions en langue française afin de toucher un maximum de lecteurs. Mouloud Mammeri leur a également consacré des analyses de haute facture intellectuelle aussi bien en langue française qu'en langue amazighe, comme l'atteste la préface, en kabyle, du livre qu'il a consacré au poète Cheikh Mohand Ou Lhocine. Ce travail titanesque lui ayant nécessité des décennies, a abouti à l'édition de plusieurs
livres sur la poésie kabyle devenus des références en la matière. C'est ainsi que Mouloud Mammeri publia Poèmes kabyles anciens, Les isefra de Si Mohand Ou Mhand et Innayas Cheikh Mohand.

La linguistique berbère
Dans le même sillage inhérent à la préservation des textes kabyles qui sont restés pendant longtemps dans l'oralité, Mouloud Mammeri a aussi écrit Machaho, contes berbères de Kabylie et Tellem Chaho, contes berbères de Kabylie. Le troisième créneau dans lequel Mouloud Mammeri s'est investi beaucoup est celui de la linguistique berbère. En 1976, Mouloud Mammeri, après avoir mené des recherches intenses, publia La grammaire tamazight
(Tajerrumt n tmazigt, tantala taqbaylit), qui devint la référence incontournable et indispensable pour l'enseignement de la langue amazighe et pour tous les travaux qui en ont suivi. Dans le même sillage, Mouloud Mammeri a réalisé et édité Précis de grammaire berbère, Lexique français-touareg, Amawal français-tamazight et tamazight-français». De même qu'il a lancé la publication, Awal (cahier d'études berbères». Par ailleurs, il faut préciser que c'est suite à l'interdiction d'une conférence qu'il devait animer, en mars 1980, à l'université de Tizi Ouzou que le printemps berbère d'avril 80 avait éclaté. L'interdiction de cette conférence allait constituer la goutte qui allait faire déborder le vase de la colère et de la contestation légitime face à l'ostracisme qui frappait l'identité berbère. Aujourd'hui, l'université de Tizi Ouzou et la Maison de la culture de la même ville portent son nom. Il est aussi considéré comme un symbole de la langue et de la culture amazighes pour son apport immense à la promotion de l'amazighité, sous plusieurs facettes et aspects.

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