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PROJETS DE FILMS SUR LES PERSONNAGES HISTORIQUES (2EME PARTIE ET FIN)

L'Emir Abdelkader entre Mustapha Akkad et Charles Burnett

L'Algérie qui avait toujours privilégié les cinéastes algériens pour faire des films sur les héros de la Résistance algérienne, réfléchissait pour la première fois à recruter un cinéaste étranger pour faire le film sur l'Emir Abdelkader.

Le pari de l'écrivain et scénariste Boualem Bessaïeh réussi, il fallait donc préparer la prochaine étape pour réaliser un film sur l'Emir Abdelkader. Mais à la fin des années 1980, l'Algérie vit une grave crise économique, notamment après la chute du prix de baril de pétrole. L'Etat était poussé à stopper le projet de réalisation d'une super production sur cette figure emblématique de la résistance algérienne. Le président Chadli avait, à l'époque, d'autres priorités après les événements d'octobre 1988. Par ailleurs, les secteurs du cinéma et de l'audiovisuel ont subi de plein fouet la crise financière qui secoue le pays. La restructuration des entreprises cinématographiques et audiovisuelles n'a pas suffit pour sauver le secteur. L'Enpa et le Caaic, les deux principales entreprises publics dédié au cinéma et à l'audiovisuel créé au début des années 1990 seront finalement dissoutes par le ministre de la Culture et de la Communication de l'époque, Hamraoui Habib Chawki.
Sans ces entreprises, l'Etat était incapable de porter des grands projets cinématographiques comme le film sur l'émir Abdelkader. Le gouverneur du Grand-Alger Chérif Rahmani qui avait lancé en 1998 la manifestation du millénaire, finançant plusieurs projets cinématographiques, ne pouvait pas prendre en charge une telle entreprise. Le GGA à l'époque ne pouvait donner que 700 millions de centimes pour le financement des films, ce qui était insuffisant pour un projet aussi important que celui qui était consacré au bâtisseur de l'Etat algérien.

La fermeture du Caaic et l'Enpa a retardé le projet sur l'Emir
Avec la dissolution des entreprises cinématographiques étatiques, les cinéastes se sont transformés en producteurs privés. L'Etat, à travers le ministère de la Culture, finance les films cinéma à travers le Fdatic. Mais l'allocation accordée aux cinéastes algériens n'était pas suffisante, il fallait donc une enveloppe spéciale pour un film spécial. Pour sa part, Boualem Bessaïeh qui n'était plus ministre n'avait plus de possibilité d'imposer son scénario aux différents gouvernements. De son côté, Benamar Bakhti, le réalisateur heureux du film sur l'épopée de Bouamama, s'est converti à la comédie en tournant Le clandestin, avec le héros de Bouamama, Athmane Ariouet. Durant plus de 10 ans, personne n'évoqua le projet de film sur l'émir Abdelkader. Ce n'est qu'à l'arrivée du Président Bouteflika au pouvoir que le projet du film sur l'Emir fut relancé.
Le Président Bouteflika, qui s'est exprimé sur le projet, avait déclaré, lors d'un Conseil des ministres, que le Premier ministre devra donner les moyens pour réaliser un film à la hauteur du personnage historique de l'Emir Abdelkader. Depuis, tout le monde voulait accaparer la paternité de ce projet, à commencer par la fondation de l'Emir Abdelkader. Le ministère de la Culture était pourtant la seule institution habilitée à produire des films de cinéma. La fondation de l'Emir Abdelkader qui a un pouvoir politique non négligeable et qui organise souvent des expositions sur l'Emir Abdelkader dans le monde n'avait pas les moyens financiers pour produire un film sur le créateur de l'Etat moderne algérien.

Le gouvernement opte pour un réalisateur étranger pour faire le film
Le premier à exprimer le voeu de faire le film sur l'Emir était Mohamed Lakhdar Hamina. L'homme à la Palme d'or pour Chronique des années de braise est un perfectionniste et un artiste, il voyait d'un oeil différent la mise en image de l'Emir. De plus, Lakhdar Hamina qui connaissait très bien le Président Abdelaziz Bouteflika du temps où il était ministre des Affaires étrangères de Boumediene, partageait de nombreux points de vue sur le projet. Lakhdar Hamina qui avait vu le film de Mustapha Akkad, le Lion du Désert qui raconte le parcours du résistant libyen, Omar El Mokhtar, s'est même rapproché de Mouammar El Gueddafi pour l'associer sur le projet du film sur l'Emir. Mais le Président Bouteflika qui connaissait le projet et la vision de Lakhdar Hamina souhaitait tout de même entendre d'autres sons de cloche pour prendre une décision finale sur ce projet auquel il tenait tant. En voyant l'excellent film de Mustapha Akkad, sur Omar El Mokhtar, il était donc important pour les Algériens de faire mieux que ce film, qui mettait en vedette une star internationale Anthony Quin. Le challenge qui était de faire une superproduction algérienne s'est, petit à petit, transformé en une superproduction internationale.
L'Algérie qui avait toujours privilégié les cinéastes algériens pour faire des films sur les héros de la résistance algérienne, réfléchissait pour la première fois à recruter un cinéaste étranger pour faire le film sur l'Emir Abdelkader. Et d'ores et déjà, on avait exclu l'idée de faire le film avec un réalisateur français. Ces derniers ont tendance à penser que l'Emir était un ami de la France, mettant souvent sous silence les années de résistance contre le colonisateur. La vision donnée par un réalisateur français, François Luciani, dans une fiction L'Algérie des chimères, une mini-série historique de trois épisodes d'une durée de 4 h 20 qui a été diffusée sur Arte en 2001 n'a pas été du goût des Algériens. Cette adaptation du roman éponyme de Henri de Turenne et Robert Soulé, offrait une image puissante mais assez dure de l'Emir Abdelkader, le présentant plus comme un chef de guerre qu'un homme de paix. Et l'un des plus grands soucis du gouvernement algérien c'était justement l'image qui sera transmise au public et surtout aux étrangers de l'Emir Abdelkader. Plusieurs noms de grands réalisateurs étrangers ont été donc avancés, c'est le cas notamment de Mustapha Akkad qui avait gentiment décliné l'offre parce qu'il préparait une superproduction sur Salaheddine. Mais il n'avait pas fermé la porte des discussions. Le réalisateur américano-syrien a été tué malheureusement dans un attentat terroriste à Amman avant de voir son projet se réaliser. L'autre nom évoqué par la presse, était Ridley Scott, mais le réalisateur américain était trop occupé pour travailler sur ce projet. Enfin, le réalisateur franco-algérien, Rachid Bouchareb, avait également été approché pour faire ce film, mais son agenda américain trop chargé n'était pas adapté à la demande urgente du gouvernement de faire un premier grand film sur l'Emir avant la fin 2014. De par leur histoire et leur parcours, les auteurs étrangers ont une vision différente sur la vie de l'Emir Abdelkader. Plus de 35 ouvrages dont une quinzaine ont été écrits par des Français ont été consacrés à la vie de l'Emir Abdelkader, mais contrairement à Napoléon qui a vu plus d'une centaine de films réalisés sur sa vie, aucun film n'a été réalisé sur le parcours de ce chef de la résistance algérienne. Mais seuls deux auteurs ont retracé le parcours global et sans parti pris de l'Emir Abdelkader: Bruno Étienne et Winston Churchill.
C'est pourquoi le Président Bouteflika a chargé la ministre de la Culture, Khalida Toumi, de prospecter pour trouver d'abord un réalisateur de renom à la juste valeur de l'Emir et étudier plusieurs scénarios pour choisir le bon. Car en plus du scénario de Bessaieh, de Lakhdar Hamina, il y avait également d'autres tentatives d'écriture sur le projet en question. Le ministère de la Culture a préféré faire du film sur l'Emir un projet spécial. Aucun texte ou projet sur ce héros national n'a été inscrit dans la liste des projets sur Tlemcen 2012 ou du 50e anniversaire de l'Indépendance.
Le film avait un budget spécial soutenu directement par la présidence de la République.

Mustapha Akkad et Bouchareb étaient prêts pour faire le film
Plus qu'un film historique, le film sur l'Emir est devenu une affaire d'Etat. La Télévision nationale qui avait produit le film sur l'épopée de Bouamama, s'est retirée du projet et seul le ministère de la Culture est devenu le maître du projet. C'est ainsi, qu'après plusieurs années d'hésitation l'Etat algérien a validé le projet final sur le film. C'est finalement, le scénario de Zaïm Khenchelaoui, anthropologue algérien, qui a été retenu par le ministère pour porter l'image de l'Emir sur grand écran. A l'initiative du ministère algérien de la Culture, l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel, et la société américaine, Cinéma Libre Studio, basée à Los Angeles, a été signé un accord de coproduction pour un grand film épique sur le plus grand héros national algérien l'Emir Abdelkader. Le tournage débutera en Algérie dès novembre 2013 et se poursuivra en France et au Liban. Le film, construit en flash-back, retrace les principaux événements de la vie de l'Émir tout en commençant dans la Syrie de 1860, où Abdelkader mit sur pied une nouvelle armée, cette fois pour sauver plus de 12 000 chrétiens.
Cet acte salué par de nombreux présidents et dignitaires du monde entier offrit à l'Emir une reconnaissance universelle. A la surprise générale, c'est Charles Burnett, réalisateur américain engagé, très réfractaire à la machine hollywoodienne et qui est connu pour ses films politiques comme Killer of Sheeps, Namibia, la Lutte pour la Liberté, qui sera chargé de faire le film.

Oliver Stone participera à la production
Charles Burnett sera accompagné dans la production par le cinéaste Oliver Stone et Phillipe Diaz. Attendu depuis de nombreuses années, ce film sur la vie de l'Emir Abdelkader, ambitionne une vision corrigée de l'Histoire de la résistance algérienne contre la colonisation française et aussi à transmettre à un public international le message de cet homme de paix et de tolérance. L'équipe artistique et technique composée de certains des plus importants professionnels américains, européens et algériens, saisira l'occasion de cette production pour mener un programme de formation de jeunes artistes et techniciens algériens. Ce programme aura pour but de faire accéder ces jeunes générations aux techniques les plus sophistiquées du cinéma contemporain et de participer ainsi à la relance de l'industrie cinématographique nationale.

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