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Hommage au cameraman stevan labudovic au fica

Le plus Algérien des Serbes!

Il était au même titre qu’un Algérien,c’était un moujahid. Il avait une arme. Je ne faisais aucune distinction. C’était un des nôtres», nous confiera le moujahid Ferhat Berrahal.

Chose promise, chose due! Après la projection de son documentaire «Non Aligned, Scenes of the Labudovic's Reels», la réalisatrice serbe Mila Turajlic est revenue, dimanche au Palais de la culture Moufdi Zakaria pour y projeter ce qui peut être considéré comme le diptyque de son travail sur la mémoire entre l'Algérie et l'ex-Yougoslavie.
À noter que la production de Mila est tournée vers l'immense travail entrepris à l'époque par Stevan Labudovic, le caméraman du leader de l'ex-Yougoslavie, Josip Broz Tito. Steven Labudovic travaillait, en effet, pour le compte de l'agence yougoslave Filmske Novostiun, pour laquelle il a couvert les événements de la guerre d'Algérie sur le terrain. Il a fait partie des personnes qui ont immortalisé la Révolution algérienne. Aussi, dans son second documentaire intitulé «guérillas - Scènes of Labudo-Vic's Reels», Belgrade y est encore présente, mais toujours pour faire le parallèle avec l'Algérie où l'on découvre un Steven Labudovic plutôt fatigué, qui revient à nouveau sur les images qu'il avait filmées en Algérie et, notamment sur le documentaire «Djazaïrouna» qui porte sur l'armée algérienne dans le maquis. Des images ainsi relatives, comme nous l'affirmions hier, à la guerre d'Algérie sachant que Labudovic a joué un rôle déterminant en tant que communicant important auprès du FLN et de Houari Boumediène pendant la guerre d'Algérie, caméra toujours au poing au détriment de sa vie...
De la transmission à la nouvelle génération
En effet, en 1959, sur ordre de Tito, Stevan Labudovic part en Algérie et il y restera trois ans au cours desquels il a réalisé plusieurs films documentaires sur la lutte du peuple algérien, ce qui lui a valu le surnom de «le cameraman de la Révolution algérienne».
Pour mettre en relief le lien historique entre la Serbie et l'Algérie, et mettre l'accent sur l'oeuvre colossale du caméraman, la réalisatrice serbe Mila Turajlic se rendra en Algérie pour rencontrer divers protagonistes qui lui témoigneront de ce travail accompli durant la guerre d'Algérie. Elle visitera le Musée du moudjahid à Alger où plusieurs des oeuvres du cameraman de la Révolution sont exposées. Présent au Musée du moudjahid d'ailleurs, Mila saura capter ces moments fort d'émotion où des jeunes Algériens saluent le caméraman, découvrent ses photos et se prennent en photo à leur tour avec lui. Applaudissements dans la salle du Palais de la culture! Et la réalisatrice de se demander à la fin, quel impact ont eu, en effet, toutes les images de Stevan Labudovic sur la jeunesse algérienne, sachant que celles-ci sont l'apanage des instances officielles et ne circulent pas vraiment. Faisant ainsi illusion à la notion de transmission qui se doit être entreprise pour sceller les rapports entre l'ancienne génération et la nouvelle, Mila mettra l'accent sur l'intérêt de faire connaître davantage ce récit afin de consolider les brèches et autres stigmates identitaires et tracer ainsi de façon optimiste, la voie vers un avenir meilleur pour cette jeunesse qui saurait être fière de son passé pour mieux avancer...Dans le film documentaire, la réalisatrice interrogera aussi de nombreux protagonistes essentiels qui ont bien connu cette période coloniale et le caméraman serbe. On relèvera d'abord le nom du moujahid Ferhat Berrahal qui était capitaine au commissariat politique de l'ALN. Ce dernier nous confiera que son ami Labudovic «était au même titre qu'un Algérien, c'était un moujahid. Il avait une arme. Je ne faisais aucune distinction. C'était un des nôtres», indiquera t-il.
Elaine Mokhtefi ou l'Algérie au coeur
Autre témoin-clé dans ce film est l'Américaine Elaine Mokhtefi qui a soutenu la délégation des nons-alignés dans sa plaidoirie à l'ONU pour son indépendance, tout en dénonçant la politique de la France et ses tortures notamment. Déclaration sur la décolonisation que l'ONU adoptera un certain 14 décembre 1960. Présente lors de la projection, Elaine Mokhtefi, qui a publié cette année chez Barzakh, ses Mémoires sous l'intitulé «Alger, capitale de la Révolution» fera remarquer lors du débat que «le monde a beaucoup changé, mais on se rappellera toujours de la lutte algérienne pour la justice».
Pour rappel, Elaine Mokhtefi, militante, est née en 1928 à New York d'une famille de la classe ouvrière américaine. Elle est tôt engagée pour l'indépendance de l'Algérie où elle a travaillée comme journaliste et interprète. Elle compte à son actif un autre livre à savoir «Alger, capitale de la révolution, de Fanon aux Black Panthers», publié en 2019 chez Barzakh en co-édition avec La fabrique éditions. Elle restitue dans ce livre de nombreux faits marquants des grandes périodes qu'elle a vécues durant sa vie algérienne comme militante puis comme journaliste, interprète et organisatrice efficace, pour l'Algérie, d'évènements internationaux.
Rappelons qu'elle était marié à un moujahid Mokhtar Mokhtefi (ancien de l'ALN) qui a publié aussi chez Barzakh en 2016 ses Mémoires sous l'intitulé «J'étais Français-Musulman». Elaine a vécu 12 ans en Algérie et sa vie fut aussi pleine que riche, dévouée pour l'Algérie qu'elle n'a jamais pu abandonner.
Un film est d'ailleurs en train de se tourner sur sa vie par la réalisatrice Mila qui continue le schéma de sa démarche cinéphilique et engagée sur les portraits des résistants qui ont milité pour une Algérie libre et indépendante. Autre acteur clé dans le film documentaire «guérillas - Scènes of Labudo-Vic's Reels» de Mila Turajilic est incontestablement Lamine Bechichi qui était le premier directeur de la radio algérienne après l'indépendance, là où Myriam Makéba est venue enregistrer son album où figure le fameux titre emblématique «Ana hHoura fil Djazair» que Lamine Bechichi a composé musicalement. Ce grand homme de culture, était également à l'origine, avec quelques autres camarades, de la création à Tunis, dès 1956, du journal La Résistance algérienne, puis commentateur politique, aux côtés de Mohamed Aïssa Messaoudi, à la radio tunisienne de l'émission engagée «Sawt El-Djazaïr». Il est décédé rappelons-le à l'âge de 93 ans en 2020.
Les images de Labudovic étaient aussi la toile de fond pour compléter ce magnifique tableau qui glorifie la guerre d'Algérie. Il est bon, d'ailleurs, de rappeler qu'une exposition du photographe et cameraman Stevan Labudovic avait été organisée en 2015 au Palais des Raïs à Alger dans le cadre des Journées culturelles serbes. En 2014, un vibrant hommage lui avait été rendu par les organisateurs du 5e Festival international du cinéma d'Alger dédié au film engagé.
La bataille des archives
Stevan Labudovic a immortalisé la lutte des mouvements de libération dans ses oeuvres qui sont aujourd'hui préservées en Serbie. Ce n'est que justice que de lui rendre hommage et surtout, mettre en lumière son travail qui constitue aujourd'hui une manne d'archives inestimable. C'est aussi, dans ce même ordre d'idées qu'une rencontre a été animée, en matinée, lors du focus sur le 60e anniversaire de l'indépendance, en marge du 11e Festival international du film d'Alger (Fica). Cette rencontre a permis de souligner l'importance de la valorisation des «archives filmiques sur la Révolution algérienne», qui constituent un «fonds documentaire» et une «ressource inépuisable» pour l'écriture de l'histoire de l'Algérie, et ce, comme le fera remarquer l'historien Fouad Soufi. Et de relever: «Les films donnent une vision de l'histoire de la période coloniale de l'Algérie et contribuent à restituer une partie de notre mémoire», a explique le chercheur. Il citera en exemple le long métrage «La bataille d'Alger» qui a servi, selon lui, à restituer certains aspects historiques de cette période. Il évoquera aussi le film «Hassan Terro» de Mohamed-Lakhdar Hamina, qui donnera selon un aperçu sur la «réalité sociale et historique de l'Algérie durant la colonisation française à travers le personnage de Rouiched qui a pu surmonter sa peur pour devenir un héros».
Le réalisateur et producteur Ali Fateh Ayadi, a mis en exergue quant à lui l'importance de «revaloriser les archives filmiques consacrées à la restitution de faits et événements historiques phares de l'Algérie».
Auteur de plusieurs documentaires sur des figures historiques et acteurs révolutionnaires, Ali Fateh Ayadi a affirmé que ses nombreuses productions sur l'Histoire de l'Algérie méritaient d'être davantage exploitées par les chercheurs en histoire.
Enfin, en hommage au réalisateur disparu en février dernier, Djamel Bendedouche, il a été projeté un extrait de son documentaire sur le capitaine bulgare Vassil Valtchanov, qui a réussi en 1960 à transporter une cargaison d'armes, destinée aux combattants de l'ALN (Armée de Libération nationale), depuis son pays.
Un autre documentaire a été en outre, projeté dans l'après- midi du dimanche. Il s'agit de «Roberto Muniz, un Argentin dans la révolution algérienne» de Nestor Antonio Suleiman. Récemment décédé, Roberto Muniz a eu ses premiers contacts avec les émissaires du FLN à Bueno Aires en 1956. Secrétaire général du Parti ouvrier argentin, il rejoint les rangs de l'ALN où il s'occupe de l'aspect technique de la fabrication d'armes. Son engagement lui a valu le respect de ses compagnons et la reconnaissance de l'Algérie où il a choisi de vivre ensuite et d' y fonder sa famille. Présent lors du débat, son fils tiendra un très beau discours, affirmant: «Il faut profiter de ces gens entre guillemets tant qu'ils sont vivants. Il faut qu'on ait ces informations. Il faut transmette aux enfants, aux Agériens. Maintenant, pour ceux qui viennent. Qu'on sache que la révolution algérienne a attiré beaucoup de monde et les étrangers ont participé avec un petit maillon dans l'indépendance de l'Algérie. Mais cette dernière, ce sont les Algériens qui l'ont faite, ce ne sont pas les étrangers.» a-t-il conclu.

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