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Le cri d’alarme des cinéastes algériens au ministère de la Culture

«Le cinéma en danger de mort»

«Nous avons à cœur de faire rayonner le cinéma algérien sur la scène nationale et internationale. Nous comptons sur nos institutions gouvernementales pour nous soutenir »,souligne la lettre ouverte.

Une cinquantaine d'acteurs du milieu du 7eme art,entre acteurs, producteurs et réalisateurs,viennent encore une fois de signer une lettre ouverte à l'adresse du ministère de la Cuture et des Arts. L'appel lancé par le collectif de cinéastes algériens concerne la suppression du Fonds national pour le développement de l'art, de la technique et de l'industrie cinématographiques et de la promotion des arts et des lettres (Fndaticpal). «Nous, cinéastes algériennes et algériens, lançons un cri d'alarme sur l'avenir du cinéma algérien»,peut-on lire en préambule. Et de préciser avoir appris la nouvelle de la supression de ce fond «d'abord par rumeur en 2021, puis par voie de presse en avril 2022». Et d'arguer: «De fait, le dernier outil de financement public du cinéma algérien disparaît, sans communication officielle de nos institutions sur l'avenir de la politique cinématographiques de notre pays.». Sans ambages, dans cette lettre les signataires affirment: «La culture est une affaire d'État. La promouvoir pour qu'elle s'exprime librement relève également de son ressort. La décision unilatérale de la disparition du fonds public de financement du cinéma, sans concertation préalable avec les cinéastes, menace directement l'accès au public d'un cinéma algérien, libre et indépendant.».
Se raconter soi-même
Et d'ajouter un peu plus loin: «Le cinéma est une histoire de rêve, de désirs, d'imaginaire, d'émotions. À travers lui, nous existons en tant que peuple et notre pays tout entier rayonne. Le cinéma véhicule notre langue, notre culture, notre histoire, notre identité, notre esprit et nos luttes. Si nous ne pouvons plus raconter nous- mêmes notre histoire et mettre en scène nos univers, nous prenons le risque que d'autres le fassent à notre place; nous prenons le risque d'être dépendants de fonds étrangers uniquement et de ne plus pouvoir porter notre voix librement; nous prenons le risque que notre public ne se sente plus représenté.» La lettre rappelle aussi que ce fonds, qui n'existe désormais plus, a pourtant «contribué au financement d'oeuvres cinématographiques algériennes, en productions nationales et coproductions internationales, qui ont reçu Palme d'or, Lion d'or, qui ont été nommées et primées aux Oscar, aux César, qui ont été sélectionnées et primées dans nombre de festivals et d'ateliers en Algérie et aux quatre coins du monde, à Cannes, Oran, Venise, Saïda, Amman, El Gouna, Clermont-Ferrand, Béjaïa, Dubaï, Doha, Carthage, São Paulo, Le Caire, Namur, Locarno, Sydney, Miami, Sundance, Seattle, Londres, etc. Et d'estimer: «Notre création est riche, unique, reconnue par nos pairs dans le monde entier et appréciée de notre public. La suppression de ce fonds lui fauche l'herbe sous le pied.» Plus pragmatique, la lettre précise que «le cinéma est également un secteur d'activité qui, au-delà de sa mission artistique, identitaire et culturelle, fait travailler auteurs, techniciens et comédiens du secteur et fait vivre leurs familles.
En coupant soudainement tout ce secteur d'une partie de son financement, sont mis en péril non seulement les films algériens, mais également la survie de celles et ceux qui les conçoivent et les
fabriquent ainsi que de leurs familles.».
La lettre rappelle aussi que «dans les faits, la dernière commission du fonds public de financement du cinéma algérien, prévue le 15 septembre 2021, ne s'est pas tenue. La précédente commission n'a toujours pas été ratifiée par les services du ministère de la Culture.». Et d'indiquer qu' «à la suite de la suppression du fonds, des films, dont la production avait déjà débuté, n'ont pas touché les dernières tranches qui leur étaient allouées.
Une détresse tangible
Du jour au lendemain, les cinéastes ont dû interrompre leur tournage et chercher en urgence des financements étrangers pour mener, à bien, leur production et payer comédiens et techniciens engagés sur leur film.». Avec une pointe d'amertume caractérisée, la lettre fait savoir qu' «à ce jour, non seulement nous ne voyons pas d'avenir, mais les dossiers de dizaines de projets cinématographiques, déposés ces deux dernières années, restent en suspens, sans aucune information, ni perspective de résolution.». Un fait dramatique, en effet, et surtout un manque de respect, nous semble t-il, qu' au manque de communication qui entoure ce dossier «cinéma» sachant que la dernière ministre de la Culture s'est targuée avec satisfaction d'avoir réformé la loi sur le cinéma, sans préciser la nature des articles ou les nouveautés ayant été apportées. Il n'est pas normal, en effet, qu'au bout de plus d'un an, les cinéastes se retrouvent dans cet état de flou artistique des plus flagrants, que personne ne daigne répondre à leurs doléances et questionnements. «Nous avions déjà alerté, à ce sujet, Madame la Ministre de la Culture par un courrier officiel déposé au ministère le 23 octobre 2021. Ce courrier est, à ce jour, resté sans réponse.» On peut relever dans cette lettre qui se termine par un ultime appel désespéré, envoyé comme une bouteille à la mer, en guise de dernière bouée de sauvetage: «Madame la Ministre de la Culture, nous vous demandons, aujourd'hui et sans plus attendre, un état des lieux officiel et transparent de la situation: d'une part, sur l'avenir de la politique nationale de financement du cinéma algérien; d'autre part, sur le traitement spécifique des projets déposés au Fndaticpal qui restent, à ce jour, en suspens.» Et de clore la lettre avec force, émotion et détermination: «Aujourd'hui, le cinéma algérien est en danger de mort. Nous avons à coeur de le faire rayonner sur la scène nationale et internationale. Nous comptons sur nos institutions gouvernementales pour nous soutenir, nous promouvoir dans notre création et que cette création reste libre!».

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