L'Expression

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La Dévoilée de Kaddour M'Hamsadji

L'hymne éternel à la liberté de la femme

En ce 8 mars 2021, il est tout à fait opportun de méditer cette oeuvre prémonitoire, écrite par un écrivain de talent.

D'entrée, le lecteur et également le spectateur de la pièce, sont «pris au coeur». L'atmosphère dépeinte par l'auteur les met en condition. Un lit de mort, une pénombre, un choeur, une voix, une complainte, une musique de fond... Tous les éléments du drame sont réunis et l'on se prépare à lire ou voir (c'est selon) un drame total, lugubre et oppressant. Mais Kaddour M'Hamsadji, âgé à l'époque de l'écriture de l'oeuvre d'à peine 18 ans, déroute le lecteur ou le spectateur en proposant, pas seulement une voix, mais un personnage qu'il ressuscite. Un retour à la vie rythmé par une voix douce et tremblante qui dit apprécier la musique et engage un dialogue-monologue avec Dieu. Des phrases courtes, parfois contradictoires où Dieu est tantôt le salut, tantôt le châtiment. Le choeur, la voix donnent la réplique à la femme qui, seul personnage réel dans la pièce, conte sa vie, ses souffrances et se présente comme la dévoilée. Celle qui a assumé, sa vie durant, une différence que la société ne lui pardonne pas.
D'autres personnages, d'autres décors viennent enrichir un récit qui relate les difficulté sociales et familiales vécues par une jeune femme, Délinda, qui a pris la résolution de casser le code du voile et engager un bras de fer avec son entourage. Une femme qui assume pleinement sa féminité et refuse de céder aux faux apôtres qui mélangent à dessein, traditions rétrogrades et religion.
La pièce, écrite en 1951, diffusée le 7 octobre 1956 par radio Alger et présentée au Théâtre national algérien, le 30 juin 1965, sous la houlette de Mahieddine Bachtarzi est un véritable hymne à la femme. Et 70 ans plus tard, elle n'a pas pris une ride. Que ce soit au niveau du style d'écriture, de l'atmosphère, de la dramaturgie ou encore de sa dimension historique, en lisant La dévoilée de Kaddour M'Hamsadji on en arrive à se demander pourquoi elle n'est pas montée en 2021. L'auteur a véritablement écrit une oeuvre majeure qui transcende les époques et les sociétés. Il a mis le doigt là où ça fait mal dans une Algérie où la femme était sous la double domination coloniale et sociétale. Ecrire une pièce sur la condition de la femme algérienne en 1951, c'est avoir un temps d'avance sur sa société. La pièce de Kaddour M'Hamsadji est une oeuvre littéraire et théâtrale accomplie, au point de vue de sa valeur artistique, mais elle est également et surtout un traité politique sur la condition de la femme algérienne assujettie à plusieurs strates d'oppression que l'auteur a admirablement disséquées pour démontrer, à l'époque déjà, l'impérieuse nécessité d'une émancipation pour l'honneur d'une nation en gestation et contre l'instrumentalisation de la religion. Dans la pièce, Délinda, la femme rebelle, la dévoilée, meurt. Les contradicteurs, son père, sa soeur, son frère, sa marraine, se rendent compte trop tard de la puissance de son combat. Mais ils n'en font pas plus. En 1951, Kaddour M'Hamsadji avait fait le constat de l'oppression de la femme au nom de la religion... En ce 8 mars 2021, il est tout à fait opportun de méditer cette oeuvre prémonitoire écrite par un écrivain de talent. 

La Dévoilée
Drame en un prologue et trois actes
Préface par Emmanuel Roblès
Postface par Jean Pélégri
Réédition en septembre 2012
Edition Barkat

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