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Ahmed Bedjaoui, écrivain et critique cinéma, à L’Expression

«L’écriture de scénario est très importante»

Monsieur «Cinéma» est présent au Sila, via deux ouvrages, l’un en tant que traducteur d’un livre de Nabil Boudraâ qui se veut une analyse approfondie de la filmographie de Merzak Allouache, tout en étant le pendant de l’évolution de l’Algérie que ce soit sur le plan social, historique, politique, économique, linguistique, aussi bien que religieux, mais aussi de genres qui agitent la société algérienne et l’Autre. Son second livre, personnel cette fois, revient sur la machine hollywoodienne qui a broyé durant des décennies les scénaristes aux USA. Il nous en parle en détails dans cette passionnante interview…

L'Expression: Vous êtes présent au Sila à l'occasion de la sortie de deux livres, l'un, aux éditions Chihab et le second aux éditions Casbah. Les deux portant sur l'univers du 7eme art. Un mot là-dessus
Ahmed Bedjaoui: Oui, moi je ne m'occupe pas d'autre chose, je ne sors pas de ma sphère de compétence. Je connais le cinéma, on m'a demandé un jour de faire le JT à la télé, je leur ai dit que je vais faire des bêtises, éloignez-vous de moi! D'abord, je parlerai du livre de Nabil Boudraâ, qui s'apelle «LAlgérie dans le cinéma de Merzak Allouache». Il faut dire qu'il existe très peu de livres sur des auteurs cinématographiques. Allouache, c'est quand même une carrière sur le long terme. Il compte, à son actif, 45 longs métrages sur un demi-siècle de production. C'est un exemple de longévité parce que le cinéma algérien se caractérise très souvent par le film unique, le premier film, ou alors un bon film et les autres médiocres, autrement, du syndrome du film de la vie. Allouache, c'est le contraire. C'est quelqu'un qui a réalisé vraiment une vraie carrière de création et qui a décrit le cinéma et dans ce livre, Lamine Boudraâ, que j'ai traduit et préfacé, présente l'Algérie en miroir au cinéma de Merzak Allouache. C'est-à-dire qu'à partir d'Omar Gatlato, jusqu'à son dernier film, on voit l'évolution de l'Algérie. Le livre marque la topographie et la topologie de la société algérienne, son évolution, ses oeuvres et ses malheurs, sa jeunesse aussi. Car Allouache est un cinéaste de la jeunesse. La jeunesse d'Omar, de Bouelam, la jeunesse des autres et puis ça continue, avec beaucoup d'amertume, bien sûr, mais Allouache est quelqu'un qui est un témoin de son siècle. C'est un livre que j'ai beaucoup aimé et tenu à traduire parce qu'il était écrit en anglais. Il a été publié aux Etats- Unis.
Qu'en est -il de votre livre personnel?
Le livre que j'ai écrit est sur l'auteur américain F. Scott Fitzgerald et les auteurs américains de sa génération, face à Hollywood.
Je l'ai écrit pour montrer l'envers du décor.
C'est cette machine à fabriquer les rêves de tout le monde qui a aussi broyé des gens, broyé surtout des auteurs qu'ils ont amené, à qui ils ont demandé d'écrire des scénarios et qui ne signaient jamais, qui étaient malmenés, tragiquement traités.
j'ai raconté cette machine hollywoodienne aussi, ce qu'on appelle le most production system, c'est -à-dire comment demander à Scott Fitzgerald ou à Faulkner d'écrire dix pages, ensuite, on les donnait à un autre et dix autres personnes se succédaient et finalement Scott Fitzgerald ne s'est retrouvé qu'une seule fois sur 18 essais dans le générique.
C'est cette machine répressive que je décris, qui a produit bien sûr de belles et grandes oeuvres mais, qui a broyé aussi des gens, disons que moi je passe derrière le rideau.

Votre livre fait écho, d'autant plus, à l'actualité qui a secoué ces derniers mois, les Étas-Unis, avec la grève sans précédent des scénaristes qui a ébranlé Hollywwood...
Tout à fait, des scénaristes qui ont toujours été opprimés. Maintenant, ils sont en train d'inventer quelque chose, qui est l'intelligence artificielle, c'est-à-dire qu'ils demandent à des ordinateurs d'écrire des scénarios pour se passer des scénaristes!
Vous en pensez quoi?
Je pense que c'est une horreur absolue! Parce que la pâte humaine est irremplaçable. On a vu très bien, à Hollywood par exemple, que le cinéma d'auteur n'a jamais pri, aux États-Unis. Tout le monde n'est pas Kazan et même Kazan s'appuyait sur des scénaristes. Le scénariste est un passage obligé et incontournable. Quand vous écrivez mal un scénario, si vous êtes réalisateur et scénariste, vous allez approfondir les erreurs de l'écriture. Cela va donner des cafouillages épouvantables. Orson Wells disait qu'il existe trois conditions pour faire un très bon film: le scénario d'abord, et quand on lui demanda la deuxième, il leur répondra, le scénario et la troisième, le scénario! Et il finit par dire: «Après, il n'y a qu'à faire le film.» C'est un message aussi aux cinéastes algériens: le grand travail qui doit exister en amont, c'est sur le scénario. Si le scénario est bien élaboré, après, il n' y a plus de problème au tournage. Malheureusement, on s'aperçoit chez nous qu'il y a des replâtrages pendant le tournage, parce que le scénario a été négligé. Beaucoup négligent cette étape, mais il y a des jeunes en Algérie, comme Karim Moussaoui, etc. qui rentrent dans les ateliers, qui passent un an et demi à travailler sur leurs scénarios... je crois que cette jeunesse a pris conscience de l'importance du scénario, contrairement à l'ancienne génération qu'on a porté au pinacle, par ce qu'il fallait bien écrire le roman national algérien, mais je trouve que cette génération est plus intéressante que la précédente.

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