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«Au vent mauvais», roman de Kaouther Adimi

Il était une fois Leïla et Tarek

Un des livres de la rentrée littéraire qui va vous pousser à réfléchir sur le sens de la littérature est assurément celui-là.

Et si, par le hasard du destin et de ses aléas, l'on devient nous-mêmes un des personnages clés d'un roman, sans qu'on ait demandé notre avis? Quelle sera la réaction de chacun d'entre nous? Kaouther Adimi qui a signé cette année son tout dernier roman aux Éditions Barzakh, pose cette problématique-là. Intitulé «Au vent mauvais», ce roman, somme toute classique, dans la structure de sa narration, invitera le lecteur au fur et à mesure que l'on traverse cette histoire à une sorte de mise en abyme des plus étonnantes.
L'histoire prend acte dans un village de l'est de l'Algérie, appelé El Zahra. Nous sommes en 1922. Tarek est un jeune berger timide alors que son ami Saïd, est un enfant de nanti. Tout deux convoitent la jeune et belle Leïla à qui on imposera le mariage à un vieux du village.
Leïla décide un jour de quitter la maison avec son fils et part se refugier chez la vieille Saâdia qui sera d'un grand secours et jouera un rôle décisif tout au long du récit.
La Seconde Guerre mondiale arrive et les jeunes garçons sont enrôlés dans l'armée française. Tarek connaîtra les horreurs de la guerre tout en continuant à penser à Leïla. De retour de la guerre, il épouse cette dernière et adopte son enfant. Ils auront trois filles. Saïd, lui, ne reviendra plus au village, mais deviendra un grand homme de lettres à la plume réputée. Pour subvenir aux besoins de sa famille Tarek travaillera comme assistant chez Pontecorvo, sur le film culte «La bataille d'Alger». Ce dernier lui assure que s'il voulait un jour partir en Italie, il lui trouvera du travail. Mais Tarek décide d'aller travailler dans une usine en France et se morfondre dans la misère. Un jour il décide d'aller à Rome. Une promesse est une promesse et le voila devenu gardien de sécurité dans un palais où il devra prendre soin des statuettes de la maison où il règne un silence olympien. Tarek connaîtra la paix de l'âme comme nulle part ailleurs. Il aurait aimé rester là jusqu'à la fin des temps, si ce n'est une lettre de Saâdia qui le somme de rentrer en Algérie le plus tôt possible. Pendant l'absence de Tarek à l'étranger, Leïla apprend à lire et à écrire sans pour autant informer son mari...
Mise en abyme
En Algérie, le couple connaît de nouvelles aventures, ballotés qu'ils seront avec leur enfants entre drame et incertitudes du lendemain... Le livre de Kaouther Adimi nous plongera dans le triste destin de ces protagonistes qui évolueront en marge des pans clés de notre histoire, telle le 19 juin 1965, le faste souvenir des Black Panther en Algérie dans les années 1970, la guerre d'indépendance bien entendu juste avant et le basculement vers la décennie noire, quelques année plus tard, avec l'assassinat de Boudiaf, l'espoir qui déchante avec lui....le livre se clôt en 1992. Ironie du sort, Saïd mourra de maladie, sans avoir su qu'il aura provoqué à lui seul une certaine tragédie humaine, poussant Leila et Tarek à la fuite pour enfin retourner chez eux 20 ans plus tard....Kaouther Adimi distille dans son roman à la fois du lyrisme et de la mélancolie tout en s'interrogeant sur le pouvoir des mots et de leur force et ascendant sur la vie de l'homme...Leïla refusera de lire et faire entrer les journaux à la maison et Tarek d'écouter la télé et les informations après la mort de Boudiaf...Kaouther Adimi écrit une histoire plus ou moins simple avec des mots simples, mais qui laissent leur empreinte en émotion.
Le réel entre passé et fiction
La romancière éprouve de facto de la sympathie pour ses deux personnages et, notamment pour Leïla qu'elle dépeint comme une femme courage et de Tarek, homme qui résiste à tout par amour pour sa dulcinée, tel un arbre que l'on peut déraciner et qui refuse d'abdiquer face à la bourrasque d'un «vent mauvais». Pensionnaire à la villa Médicis à Rome, c'est là-bas que Kaouther Adimi travaillera sur son dernier roman, «Au vent mauvais», paru aux Éditions du Seuil, en France, tout comme les précédents.
En effet, Après deux premiers romans, «Des ballerines de papicha» (prix de la Vocation 2011) et «Des pierres dans ma poche» (2016), Kaouther Adimi connaîtra un important succès en 2017 avec «Nos richesses» (prix Renaudot des lycéens), où elle évoquera le légendaire libraire et éditeur Edmond Charlot. Son quatrième roman,
«Les Petits de décembre» (prix du Roman Métis des lycéens), sera publié en 2019. Et la revoilà avec ce nouveau roman où elle y laisse assurément quelques «plumes». Une belle écriture tout en finesse. Un roman que Kaouther Adimi dédie à ses grands-parents....

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