L'Expression

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Fateh Boumahdi, Écrivain, à L’Expression

«Écrire sur la dépression n’a pas été chose facile»

Jeune prodige de l'écriture, mais aussi journaliste-reporter à la radio algérienne, Alger chaîne 3, le jeune écrivain se distingue par son talent et son originalité. Rencontre avec un artiste peu conventionnel et un auteur inspirant...

L'Expression: À peine 23 ans et vous avez déjà à votre actif deux romans dont «Avec toi je perds mes repères» et le denier, «Chambre 36» qui nous plonge dans le monde de la psychiatrie. Cela vous fascine t-il?
Fateh Boumahdi: Effectivement, cela me fascine énormément. J'ai toujours été fasciné, je dirai même attiré par le monde de la psychologie et de la psychiatrie.
En somme, le raisonnement humain, la logique, l'illogique et les déviances que peut adopter inconsciemment ou involontairement le cerveau humain. Involontairement, c'est clair, on ne choisit pas de s'éloigner de la réalité. Même si on le désire, il y'aura toujours le vent de la raison pour nous caresser.
Par contre, inconsciemment, c'est beaucoup plus les aléas de la vie, des petits détails fâcheux peuvent nous marquer et déclencher en nous une tornade d'attitudes étranges et de pensées singulières et chamboulantes. Certains sont forts, et d'autres moins. Mais paradoxalement, comme le cerveau peut subir tout ça, il peut également s'en débarrasser. Vous voyez, c'est tout un monde.
Tout se repose sur le cerveau. Et moi, ce monde-là me fascinera toujours autant! Il y a énormément de choses à découvrir.
Et où avez-vous trouvé l'inspiration pour décrire tous ces personnages?
L'inspiration me prend assez souvent au dépourvu. Et je pense que c'est ce qui fait tout le charme et toute la différence. Comme je vous l'ai dit précédemment, ce monde là m'intrigue et du coup quand je croise parfois certaines personnes qui sont loin de la réalité (il y a une différence entre être loin de la réalité ou être atteint psychologiquement et être dans sa bulle), je me demande toujours ce qui a poussé cette personne-là à être dans cet état. Quelle tragédie a pu donc la secouer? Je me suis donc enfermé dans ma bulle et décidé à écrire sur ça en imaginant des personnages, des physiques différents et des vies différentes et tumultueuses. Écrire sur la dépression (et non pas la déprime) n'a pas été une chose facile. La dépression aussi. Et puis, nul n'est à l'abri! Je la surnomme «Le cancer de l'âme».

«Assil» est le personnage principal de votre roman. Son nom peut se confondre avec «asile» ou «assil» en arabe, qui veut dire authentique.. Etait-ce voulu ou inconscient de votre part?
Bien vu! (rires)...en fait, c'était inconscient de ma part. J'ai choisi le prénom «Assil» par rapport à l'authenticité en arabe. Et non pas «Asile».
L'authenticité, parce que j'estime que c'est l'une des plus belles qualités que l'être humain puisse avoir. Et qu'en étant original, authentique et en refusant de s'accommoder au raisonnement «imposé» par la société, c'est pour moi du courage et un des nombreux aspects du bonheur. Mettre en sourdine la voix intérieure qui nous guide et faire comme les autres est aussi une cause de la dépression! Voir très nocif, cancérigène... le cancer de l'âme!
Pourquoi ne pas accepter son originalité? Et puis que et comment serait le monde si tout le monde se ressemblait?

En tant que jeune écrivain, comment avez-vous vécu ces années de crise sanitaire, loin de votre public et des rencontres littéraires?
Bah écoutez, je ne vais pas vous mentir, c'était assez terrible. J'avais pris goût aux rencontres littéraires et aux ventes dédicaces. D'autant plus, que ma première participation au Sila était ma plus belle expérience cette année-là. Et puis, du jour au lendemain, tout a changé. Le monde entier vivait sous une psychose ingérable et infernale. Ces années de pandémie, étaient, pour ma part, étouffantes. Le vaccin nous semblait un rêve lointain, mais ce rêve-là s'est vite concrétisé. Continuons à faire attention et à vivre ce rêve. (rires)

Tout le monde s'accorde à dire que cette pandémie a provoqué une profonde anxiété chez les gens dont le stress s'est trouvé décuplé par ce passage à vide non assumé..Avez-vous connu ces moments sombres ou de détresse durant cette période?
Je suis quelqu'un qui vit avec une profonde et paralysante anxiété depuis presque mon jeune âge. Parfois c'est et d'autres fois non.
Durant ces années de crise sanitaire ça a empiré je ne vais pas vous mentir, avec le couvre-feu, la psychose, la routine...moi mon essence c'est l'aventure et la découverte. Le contact humain par contre, à petites doses...ça me perturbe.

Cette période vous a-t-elle au contraire inspiré un 3eme roman?
Personnellement, non, moi il faut que je me déplace et rencontre des gens, j'échange avec eux...admirer des scènes de vie, ça m'arrive même de prendre des photos de ces dernières. Ce n'est qu'après l'allègement des mesures sanitaires que j'ai commencé à flirter avec les mots, les idées ect.....

On parle ici et là du retour, cette année, du Sila. Qu'est-ce que cela provoque ou évoque en vous?
Tout simplement un pur plaisir, le Sila est un rendez-vous incontournable pour chaque lecteur, curieux, mais aussi auteur. Une simple discussion peut provoquer une avalanche d'idées. Tellement les idées fusent! Et les gens sont intéressants sans parler des livres et conférences...J'ai hâte!

Vous avez reçu cet été le prix Maâchi du jeune talent. Un mot là-dessus?
Sachez que ce dernier est un immense honneur pour moi. Non seulement parce qu'Ali Maâhi a donné sa vie pour l'art, la culture et l'Algérie et avoir eu ce prix qui porte son nom ne peut être que valorisant et bénéfique pour moi et mon avenir et d'un autre côté, parce que mon récit «Chambre 36» est un écrit auquel je tiens énormément, c'est une histoire assez complexe que j'entretiens avec mon livre en fait (rires) et les sujets que j'ai traités ont touché les membres du jury et cela est motivant. 

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