L'Expression

{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Rachid Mimouni 1945-1995/Le fleuve détourné et Tombeza

Deux romans... deux perles algériennes

Lire tous les romans importants écrits par des écrivains algériens en n’incluant pas Le fleuve détourné et Tombeza serait une injustice flagrante faite à un écrivain dont le talent n’a rien à envier à ceux qui ont fait briller notre littérature avant lui. Il s’agit de deux romans excellents et exceptionnels. Certes, Rachid Mimouni a écrit bien d’autres romans de haute facture littéraire, mais ces deux textes émergent du lot. L’œuvre de Mimouni se décline principalement sous forme de romans : Le printemps n’en sera que plus beau, Le fleuve détourné, Tombeza, Une paix à vivre, , L’honneur de la tribu et La malédiction. Il a aussi publié La pathétique, ecueil de nouvelles La ceinture de l’ogresse paru en 1990 et ayant été couronné par le prix de la nouvelle de l’Académie française. Au tout début de la tragédie nationale, Rachid Mimouni a publié un brûlot intitulé De la barbarie en général à l’intégrisme en particulier où, avec une plume acerbe et une vision perspicace, il analyse et met en garde contre les obscurantismes et les extrémismes. Mais ce sont ses deux romans Le fleuve détourné et Tombeza qui détiennent la palme en ce qui concerne les qualités littéraires et esthétiques de son écriture. DansLe fleuve détourné, Rachid Mimouni livre au lecteur un récit réaliste, mais avec un style propre à lui où l’on retrouve une richesse lexicale impressionnante et un style d’une violence inouïe qui sied parfaitement aux thèmes évoqués. La force d’écriture de Rachid Mimouni, dans Le fleuve détourné, c’est aussi sa manière originale et surprenante de faire des allers- retours entre passé et présent, sans lasser le lecteur ni rompre le rythme de sa fiction envoûtante. Le génie de Rachid Mimouni se décline aussi par une richesse et une variété thématique incroyable. C’est une véritable radiographie littéraire sociale et politique de l’Algérie post-indépendance. Nous sommes à la veille de l’indépendance quand Le fleuve détourné démarre. Il y est donc question de guerre et de bombardements de l’armée coloniale. Puis on assiste aux premières années de l’indépendance où différentes voix s’y expriment dont l’écrivain, Omar, Rachid, etc. L’écrivain décortique en profondeur la société algérienne et le système politique des premières années de l’indépendance. Il est difficile d’aller aussi loin dans l’analyse sociopolitique sans donner l’impression par moments que l’on est en train de lire un essai. Rachid Mimouni y réussit brillamment. À aucun instant, il ne perd «le fil littéraire» de son texte. Dans ce roman, tout comme dans Tombeza paru en 1984, Rachid Mimouni fait office de politologue, de sociologue et de psychologue, tout en ne se détachant à aucun moment de sa casquette de romancier. Et c’est là, entre autres, que réside l’un des génies littéraires de Rachid Mimouni. Un génie qu’on retrouve amplement dans son roman Tombeza. Tout en racontant des destins individuels, Rachid Mimouni ausculte avec un regard critique, mais clairvoyant la société algérienne. C’est le défi que se fixe Rachid Mimouni dans chacun de ses romans. La scène du roman s’ouvre dans un hôpital où le personnage principal est alité. Il se met à décrire les scènes intenables défilant sous ses yeux tout en se remémorant sa vie tourmentée en remontant jusqu’à son enfance traumatisée. Issu d’un viol, Tombeza connaîtra tout ce que la vie a de hideux et goûtera à tout ce que l’existence a d’amer. Sur son lit de mort, il ne reste de Tombeza que son cerveau qui se souvient de tout. Quant à son corps, il est complètement délabré. La lucidité de son cerveau resté intact permet à Tombeza de faire remonter le temps et de convoquer la mémoire sous toutes ses facettes. Tombeza qui est également impeccablement écrit, est une immersion littéraire dans l’âme humaine. C’est un roman sur la souffrance, sur l’injustice de la vie, sur la douleur, etc. Le style est d’égale maturité avec celui qu’on retrouve dans Le fleuve détourné. Un livre que nombre d’observateurs ont qualifié à sa parution du meilleur roman depuis l’indépendance. L’intellectuel et écrivain Mourad Bourboune, auteur du très raffiné roman Le mont des genêts, a écrit que Tombeza est «un grand livre nocturne, une arme chargée jusqu’à la gueule, où court pourtant l’amour d’un homme pour son pays».

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré

Les + Populaires

(*) Période 7 derniers jours