L'Expression

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«Art ou pas art...La transgression frivole»

De l'art contemporain: parlons-en!

Un passionnant livre qui se veut d'abord un «essai» écrit par l'artiste plasticien algérien Mustapha Nedjaï, en 2018 et achevé en 2019 au tout début du Hirak...

«J'ai décidé de ‘'commettre'' le présent essai, non pour satisfaire mon égo, mais surtout pour essayer de comprendre, d'abord ma situation d'artiste chez moi dans mon pays, puis mon absence dans l'autre monde», note en préambule Mustapha Nejdaï, 40 ans d'exercices au compteur dans le domaine des arts plastiques. Dans ce livre qui commence par une anecdote et s'achève par une autre, Mustapha Nedjai s'emploi à démontrer comment «l'art occidental a rompu son dernier lien avec la beauté et la vérité». Dans ce livre truffé d'images ayant traits à des oeuvres d'artistes dont il est questions dans ce livre, agrémenté de ses propres oeuvres, Mustapha Nedjai estime que dans un monde américanisé où priment les collectionneurs et les marchands qui se trouvent au centre du monde, «les artistes, eux, ont été évacués vers les périphéries» aujourd'hui. Et de souligner: « Ce sont les trusts marchands avec des galeries en réseaux qui décident de tout: c'est ce qu'on appelle le «soft power». Ce pouvoir invisible, mais tout-puissant qui décide du sort réservé à l'artiste et à ses oeuvres.
L'artiste est l'acteur le moins important dans le marché financier de l'art, il est à la merci de ces réseaux. Sa cote augmente ou chute selon qu'il cadre ou pas avec les desiderata de ces puissants «sponsors». Avec un franc-parler caractérisé et une langue claire et sans ambages, Mustapha Nedjaï décortique les travers de «l'art contemporain», à dissocier, explique t-il, de «l'art moderne».
L'auteur entame son livre par une anecdote donc liée à un artiste sculpteur africain anonyme et le clôt avec une « anecdote beaucoup moins exaltante» fait-il remarquer.

Une critique sans ambages
Il s'agit écrit-il d' «un fait unique dans l'histoire des ventes aux enchères, un buzz qui a fait scandale et qui est très révélateur de notre époque, voire porteur de certaines réponses à nos questionnements». Cette anecdote concerne l'artiste célèbre Bransky et «son coup médiatique, qui a choqué le monde, en déchiquetant sa toile Girl with balloon et nous donnera a réfléchir réellement sur le monde de l'art». Dans son introduction et avant de s'attaquer à la critique, d'ailleurs, du monde de l'art contemporain et ses travers, Mustapha Nedjaï fait d'abord un état des lieux dramatique de la situation des arts plastiques en Algérie, dominé par l'art officiel, ses instituions et ses galeries, mais aussi ses médias. Ces derniers, argue t-il, un peu plus loin, est aussi complice avec l'hégémonie mondiale dans la suprématie de l'art contemporain qui s'érige comme le maître absolu, aujourd'hui, dans le monde des arts plastiques.
Un art qui, estime Mustapha Nedjaï, repose beaucoup plus sur le «médium», le support artistique, le concept et le discours qui nous éloignent de «l'authenticité» de l'oeuvre. Mustapha Nedjaï relève quelques anomalies quant à l'art contemporain, en faisant le tour de l'histoire de l'art. Et d'estimer que la transgression est devenue elle-même une sorte de «conformisme» tant l'âme de certaines oeuvres est absente. Il en donne souvent comme exemple du summum du ridicule, le fameux urinoir de Marcel Deschamps qui sera érigé au début du siècle comme un modèle de l'art contemporain, par critiques en tant que tel...
Notons que ce précieux livre de Musptaha Nedjaï est compartimenté en plusieurs chapitres, tous appuyés par des citations d'artistes ou de philosophes célèbres autour de l'art...parmi ces chapitres, on citera «Chez nous... De la modernité»,» L'école des beaux-arts d'Alger», «Nihilisme DZ», «Les dégâts de l'inculture et l'esthétique du nihilisme DZ», «L'art transversal», «Sous influences», «Le concept du.... Concept!» etc. Autant d'arguments solides et d'analyses dans lesquels le passionné ou le simple néophyte pourra y plonger pleinement tant les informations sont intéressantes et sensées.

L'artiste à la périphérie
«Si l'art est effectivement intégré a la vie, c'est sous le seul mode de son insertion économique et mercantile, il s'est associé à la propagande culturelle du mode de vie imposé par la marchandise, dans lesquels l'artiste se définit comme un prestataire de service, réduit à n'être qu'un simple agent d'ambiance ou de divertissement, forcément impertinent, toujours subversif» et «critique»» note Mustapha Nedjaï qui indique avec acuité: «Toute opinion, contraire à l'alignement de circonstances avec les tenants du pouvoir fera de vous un «antinationaliste», «un réactionnaire», un «ennemi de la nation», exactement comme dans l'univers perverti de l'art contemporain, dés qu'il s'agit de porter un jugement sur l'art, l'activité créatrice ou ses oeuvres, nous nous retrouvons pris entre deux attitudes opposées, pour ou contre. Je ne suis ni dans l'un ni dans l'autre camp et cela, personne ne semble prêt à en admettre la légitimité, c'est même considéré comme très suspect, un comble, vous dis-je...» Et de souligner: «C'est cet insoutenable chantage entriste qui ma poussé a écrire ce livre, toutes ces tristes situations de vide émotionnel émanant d'un grand nombre de galeries, biennales et de rencontres internationales, et plus encore, l'artiste se place au centre de cette immense absence, de cet immense vide dans l'espoir de le combler, mais plus il se montre, plus le vide crève les yeux de notre conscience, un concept ne peut sauver l'absence d'oeuvre quel que soit son médium ou sa technique, et ça, c'est valable pour toute forme d'expression artistique.» Et de poursuivre un peu plus loin: « À l'heure où tout est art et où tout le monde est artiste, l'attachement à des valeurs simples et la reconnaissance du savoir-faire et du savoir-être restent pour moi ce qui est essentiel dans toute l'existence. Dire que tout est bon dans l'art contemporain serait tout aussi bête et naïf que de dire que tout y est mauvais, mais il y a plus de mauvais que de bon».

Médium imposant et absence d'émotion
Et de relever: «L'invasion des stéréotypes, l'artiste narcissique qui vise son autopromotion, la prolifération du prêt à l'emploi comme recettes de cuisine, des concepts et discours pour combler le vide émotionnel de leur «création» tout cela ne rend-il pas l'art contemporain hermétique, incompréhensible, réservé à un petit cercle d'initiés?» Mustapha Nedjaï estime aussi que le « marché de l'art mondial a profondément changé en une dizaine d'années avec un boom de collectionneurs stars, des nouveaux riches». Et de renchérir: «Tout n'est pas de l'art et toute oeuvre proclamée d'art n'en est pas forcément une et toute oeuvre dite aujourd'hui de l'art peut ne plus l'être demain.
L'art n'a donc pas n'importe quel contenu, il prend pour objectif ce qui émeut l'homme, ce qui le concerne intimement, ce qui renvoie aussi bien à des thèmes éternels que des préoccupations précises, liées à un contexte particulier.» Mustapha Nedjaï estimera aussi que «L'oeuvre d'art est une conquête de liberté, elle libère ses serviteurs, mais elle enchaîne à jamais les faussaires et consorts». Et d'observer:
« Si je devais chercher l'échelle d'émotion entre art, non- art, l'exemple serait de comparer deux choses complètement opposées, de l'émotion forte telle que voir la Terre depuis l'espace et l'émotion zéro comme celle de voir le Plug de l'artiste Mc Carthy à la place Vendôme. En l'absence d'émotions peut-on parler d'art? Jusqu'où ira ce nihilisme béant, cette destruction des valeurs?». Et de relever: « Si je parle tant de cette Afrique, c'est que je suis persuadé qu'elle possède indubitablement une ‘'âme artistique''» profonde sans les artifices que l'Occident attribue à l'art.» Aussi, pour Mustpaha Nedjaï, l'art contemporain est basé beaucoup plus sur la chosification qui est dénuée d'émotion selon lui, mais il continue, néanmoins, à croire en un riche potentiel africain!

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