L'Expression

{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

75e Festival de Cannes : Cronenberg, Jimenez

Crash ou pas crash?

«C’est un nouveau monde. Sommes-nous frappés d’obsolence?». Une question qui clignote à l’orange comme un sémaphore au milieu de l’autoroute.

On pensait que David Cronenberg avait, depuis le temps, épuisé sa réserve futuriste, mais l'auteur de «Crash» (1996), erreur fatalitas (!), devait avoir plus d'une malle dans son grenier. Cette fois il y a épuisé la matière de son dernier opus «Les Crimes du futur». Et de nouveau sa thématique de prédilection y est encore plus foisonnante et sa monstruosité d'origine s'en est trouvée d'autant plus nourrie qu'elle semble lui redonner une nouvelle vigueur créative, même si elle risque de restreindre le cercle de ses afficionados qui auront depuis, migré vers d'autres univers portés par d'autre générations de cinéastes dont la couche de substance grise située à la surface des hémisphères cérébraux se nourrit plutôt d'un imaginaire actuel et non du fruit d'un recyclage de Aldous Huxley, de H.G Wells etc.... Le Cronenberg appréhendant cela a tenté d'aller plus loin, sait-on jamais «La Mouche» qui l'avait rendu célèbre, pourrait peut-être produire des larves mutantes. «Dans une maison lépreuse au bord de l'océan, une mère se penche sur le corps de son petit garçon endormi et l'étouffe sous son oreiller. Pour elle, il est un «monstre». Comme de nombreux humains vivant dans ce futur indéterminé, il est frappé par de déconcertantes mutations physiques. Douleur et infections ont presque disparu. En contrepartie, des milliers d'hommes et de femmes voient de nouveaux organes se développer en eux, fleurs de chair échappant à toute classification. Vivant dans un monde de crasse et de rouille, ils explorent de nouvelles façons de manger, de dormir et de copuler...» ceci pour avoir une vague idée sur «Les Crimes du futur». Sinon, David Cronenberg est dans l'auto-citation totale, non assumée bien entendu: «Je sais que les gens qui connaissent mon travail vont voir des liens entre mes films, et bien sûr, rétrospectivement, je les vois aussi. Mais je ne pratique pas la citation de moi-même, je ne fais pas de clin d'oeil au spectateur.» Et pourtant, il ne s'agit que de (presque) ça dans ce film qui aura autant révulsé que suscité des malaises. admiratifs, lors de la projection officielle. Cela s'expliquerait par le fait que le scénario de vingt ans d'âge aura sans doute réveillé la nostalgie de ses premiers fans et laissé sur la touche les autres, avec un sac à vomi à portée. Se voulant une réflexion sur l'espèce humaine, «Les Crimes du futur», avec toutefois une question qui aura pu alerter: «C'est un nouveau monde. Sommes-nous frappés d'obsolence?». Une question qui clignote à l'orange comme un sémaphore au milieu de l'autoroute. On voudrait quand même avoir des nouvelles des deux protagonistes Vigo Mortensen et Lea Seydoux, rassurantes si possible.
Cédric Jimenez s'est- il scratché, une nuit de novembre?
Revenu à Cannes, après y avoir été avec «Bac Nord» que les mauvaises langues avaient par la suite qualifié de sortie de route, après la récupération du film par un syndicat de police d'extrême droite. De cela le cinéaste d'une gauche assumée, voire revendiquée ne peut-être tenu pour responsable. Par contre, de son film «Novembre» qui gravite autour de la nuit du 13 novembre 2015 et des quatre autres qui suivirent, le cinéaste français en est le seul responsable, sans être forcément coupable de quoi que ce soit. Sauf peut-être d'avoir zappé, un tant soit peu, la détresse humaine qui a envahi en premier lieu les victimes de ces attentats intégristes et de leur proche, passant du coup à côté d'un trauma qui perdure à ce jour. En Algérie, on le sait très bien, depuis Bentalha, pour ne citer que ce massacre parmi tant d'autres. Dans «Novembre» place est faite à l'enquête policière dans cette ambiance fourmilière familière des productions américaines des seventies. Jimenez aura, par contre, le souci de ne pas ignorer la méthode artisanale d'investigation, sans négliger de mettre bien en avant la technologie contemporaine, ce qui permettra à l'officier supérieur (Jean Dujardin) de rappeler à sa jeune capitaine qu'ici
«ce n'est pas le commissariat de Roubaix!». Il lui faudra être up to date! La sous-direction antiterroriste de la police judiciaire de Paris (Sdat) devient plus importante que les vraies scènes du crime et c'est normal, la police intervient pendant ou après un attentat pas forcément avant.
C'est un choix. Mais un choix qui fragilise encore plus l'humain encore en reconstruction et que l'actuel procès des auteurs des attentats n'a fait que raviver encore plus. À l'arrivée, la ligne Jimenez, bien droite, à fil tendu aura bel et bien prouvé son efficacité, on suit avec intérêt le déroulement de l'enquête policière, les autres nourris des éléments de l'enquête portée à l'écran dans «Novembre», iront voir l'excellent film de Alice Winocour «Retour de Paris» (Quinzaine de Réalisateurs) qui se consacré à l'autre versant, celui dans lequel se sont retrouvés les rescapés des fusillades parisiennes du 13 novembre 2015. En attendant d'autres films sur le même thème en cours de gestation. Verdict à la question d'ouverture: Cédric Jimenez a bien évité le crash, pour Cronenberg l'enquête, difficile poursuit son cours...

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré

Les + Populaires

(*) Période 7 derniers jours