L'Expression

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Elle nous a quittés en mars 2014

Chérifa: la pionnière des chanteuses kabyles

La regrettée Chérifa est la chanteuse kabyle ancienne la plus connue, la plus talentueuse et la plus prolifique. Il s'agit d'une icône et d'une école.

Que dire de cette immense artiste qui a tant donné à la chanson algérienne d'expression kabyle à une époque où chanter, même pour les hommes, était un grand tabou.
Chérifa n'a donc pas fait que chanter, mais elle a aussi brisé les tabous et bravé, en quelque sorte, les interdits qui bâillonnaient la parole, surtout aux femmes qui devaient subir et se taire. Grâce à une voix unique et un talent indéniable d'interprète, mais aussi à son don dans la composition,qu Chérifa a su dès ses premiers pas dans la chanson, conquérir les coeurs des mélomanes, qu'ils soient femmes ou même hommes. Certes, c'est dans les coeurs des femmes kabyles que les chansons de Chérifa ont le plus retenti et germé, mais elle a également été appréciée à sa juste valeur, par les hommes qui trouvaient qu'elle dépeignait avec talent et sincérité la vie à l'époque.
Chérifa qui nous a quittés en mars 2014 a marqué avec des lettres d'or la chanson kabyle. Ayant vu le jour le 9 janvier 1926 à El Main dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj, Ouardia Bouchemlal (c'est son véritable nom) n'a pas accédé au monde de l'art facilement. Il lui a fallu se battre et lutter inlassablement pour s'imposer. La vie de Chérifa est un vrai roman de la douleur et on regrettera que la tradition de l'écriture des biographies des grands artistes ne soit pas ancrée chez nous car raconter l'existence de Chérifa aurait été d'un très grand apport pour comprendre la condition de la femme kabyle à l'époque. Son enfance à elle seule aurait pu constituer un roman car émaillée de difficultés et de mal-vie. Mais ce sont ces épreuves de petite fille esseulée qui allait dans les champs pour faire paître le troupeau familial, qui allaient lui permettre de faire ses premières classes dans le chant. Tout en s'adonnant à ce devoir presque quotidien, elle fredonnait toute petite déjà toutes sortes d'airs tout en se découvrant une voix qui seyait parfaitement à cet exercice dont elle ignorait tous les tenants et aboutissants à l'époque. Elle était déjà à la quête de tout endroit où elle pouvait entendre un quelconque bruit qui pouvait ressembler à de la musique. Mais Chérifa devait d'abord subir les affres de la vie car elle était privée de son père mort et de sa mère remariée. Après une enfance et une adolescence ponctuées de misères et de privations multiples, Chérifa décide de quitter sa terre natale et partit dans la ville d'Akbou dans la wilaya de Béjaïa puis vers Alger, la capitale. Et c'est en cours de route qu'elle composa l'une de ses chansons les plus fétiches, à savoir, «Bqa aâla khir a y Akbou». Dès que le public entendit cette chanson pour la première fois, Chérifa sortit définitivement de l'anonymat. C'est au début des années quarante qu'elle rejoint la radio où elle a agrémenté les auditeurs de sa belle et unique voix. Contrairement à la majorité des chanteuses kabyles, Chérifa a composé elle-même une partie des chansons qu'elle a interprétées tout en puisant d'autres dans le patrimoine. Elle a chanté des centaines de chansons. On parle de plus de 500 chansons dont elle serait l'auteure. Les thématiques abordées par Chérifa sont très diverses bien que la condition féminine et les chants à thématiques sociales s'y taillent la part du lion.
Des chanteurs kabyles très célèbres ont repris à leur compte plusieurs de ses chansons qui ont contribué à amplifier leur aura pour la qualité musicale et textuelle de ces titres. Chérifa, en dépit de son succès phénoménal auprès des mélomanes et de sa production très riche, n'a tiré aucun profit de sa carrière puisqu'elle a vécu dans des conditions très difficiles durant toute sa vie. Ce n'est que durant les dernières années de sa vie qu'elle a commencé à être réhabilitée et reconnue à sa juste valeur. Pourtant, toutes les chanteuses, venues après elle, lui doivent beaucoup car c'est elle qui leur a frayé le chemin, un chemin très sinueux et parsemé d'embûches, surtout à l'époque. 

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