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Samir Guesmi, Acteur et Réalisateur Français, à L’Expression

«Ces pères, ces héros»

Agé de 55 ans, Samir Guesmi est acteur et réalisateur français d’origine algérienne. À son actif, de nombreux rôles au cinéma et principalement aux courts métrages. En 2008 il décide de réaliser son propre court métrage « C’est dimanche ! »à la suite duquel est né le long métrage « Ibrahim » qui ,lui, remportera un franc succès et lui imputera une vraie reconnaissance en tant que réalisateur. Aujourd’hui il est à l’affiche dans le tout dernier film de Rachid Bouchareb, « Nos frangins » où il campe le rôle d’Abdel Benyahia, ce jeune homme assassiné par un flic en 1986. Il nous parle ici de ce poignant rôle non sans nous confier son amour pour l’acting et son attachement pour l’Algérie.

L'Expression: Dans le nouveau film de Rachid Bouchareb, «Nos frangins', vous incarnez le rôle du père d'Abdel Benyahia, victime d'un assassinat par un flic en 1986 et dont le meurtre a été très peu médiatisé à l'époque. Tout d'abord comment avez-ous reçu le scénario, d'autant que c'est une histoire vraie et forte qui a existé?
Samir Guesmi: Oui, je ne la connaissais pas cette histoire. C'est Rachid qui m'a fait découvrir cette histoire d'Abdel Benyhaia qui a été assassiné par la police. Apres, on y va tout doucement. J'ai commencé à travailler avec Rachid qui m'a montré des images d'archives et la manière dont ça a été médiatisée à l'époque. Avec Rachid, nous avons surtout parlé de nos pères respectifs à nous. On s'est échangé les documents. Apres, on appréhende ça par le travail. Je me suis documenté certes, après, j'ai laissé libre cours à mon imaginaire. c'est-à-dire qu'il ne s'agissais pas non plus d'essayer de ressembler trait pour trait au papa Benyahia. C'est une interprétation de ma part. Je me suis approprié le personnage et on se l'est imaginé tel quel avec Rachid. C'est une interprétation qui n'est pas complètement fidèle... Je ne sais pas qui disait ça, mais derrière chaque traduction se cache la trahison.. C'est pareil pour le métier d'acteur. 0192A, un moment, il a beau avoir existé, on s'accapare de cette trajectoire tragique et on la fait sienne, c'est-à-dire qu'on s'accorde des libertés. Ce qui est important est le côté emblématique du père de cette génération-là. De ces gens qui étaient venus d'Algérie dans les années 1950, 1960 qui étaient des hommes très discrets. Ils rasaient les murs. Ils connaissaient octobre 1961, la guerre d'Algérie. Ils avaient un rapport à l'uniforme et à l'autorité française qui est en lien avec la colonisation. Ils avaient peur pour leurs enfants, qui étaient nés en France. Pour moi ces pères, ces hommes- là, c'étaient des héros;..Des héros qui élèvent leurs enfants dans leur ex-territoire ennemi j'ai envie de dire.

Ce film réhabilite leur visage et leur donne une voix donc?
Oui. Ce film leur donne un visage. On arrive à les incarner. À les rendre visibles. Tout d'un coup, on commence à les voir, au cinéma. Ils existent. On commence à raconter leur histoire
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C'était un vrai engagement pour vous de jouer dans ce film?
Bien sûr. Parce que ça raconte un pan de notre histoire commune. C'est une histoire française. C'est l'histoire de nos pères, de notre génération qui était sujette aussi au racisme éhonté. Les ratonnades étaient fréquentes à l'époque dans les années 1980. Malik Oussekine était le premier nom qu'on a reconnu comme victime. A partir de là, il y eut ces grandes manifestations dans la rue où les gens ont scandé: «Plus jamais ça!»Oui, donc c'était très important pour moi d'incarner ça.


Dans «Brahim», le film que vous avez réalisé, vous incarnez aussi le rôle du père. Ce n'est pas difficile d'être à la fois devant et derrière la caméra?
Au début, on se dit qu'on va être au four et au moulin.. De toute façon, tout film est une aventure difficile dans le sens où d'abord, on n'est pas tout seul, on est toute une équipe. Quand j' y pense, Il y a quoi de facile aujourd'hui dans notre existence?

Même question posée à Reda Kateb: quel est votre rapport aujourd'hui avec l'Algérie?
Mon rapport avec l'Algérie c'est de l'amour. C'est le pays de mes parents. À chaque fois que j'ai l'occasion de venir, je viens! Je ne rate pas l'occasion. C'est indéfinissable quand j' y suis. C'est un pays où je me sens bien en fait. C'est mon histoire. Il ya des choses indescriptibles comme ça...de l'ordre de l'indicible, en tout cas, quelque chose d'extrêmement positif. C'est plus que ça..Mon retour à la source.

Comment passe-t-on d'acteur à la réalisation?
Je voulais raconter l'histoire d'Ibrahim. J'avais commencé à la raconter avec un court métrage qui s'appelle «C'est dimanche». C'est l'histoire entre un père et un fils où la communication passe très mal. J'avais le désir de dire à quel point ils s'aimaient tout les deux. Par la force des choses, je me suis retrouvé à réaliser cette histoire. J'ai eu de l'argent pour tourner ce court métrage et j'y ai pris goût. Apres, j'ai eu envie de continuer l'aventure. J'ai poursuivi le scénario d' «Ibrahim» et je me suis retrouvé assez naturellement aux manettes de la mise en scène du film. J'ai envie de continuer en fait, à raconter d'autres histoires, à partager des moments. Travailler avec des acteurs, je trouve ça incroyable. Encore une chose indicible. Des choses comme ça qui font partie de ta route, c'est comme ça en fait...je sais ce qu'est être acteur sur un film ou sur une pièce de théâtre. Comme si ce que j'ai fait avec les acteurs de «C'est dimanche» ou «Ibrahim», était une façon de réparer ce qui m'avait manqué, moi, comme acteur..Ma manière à moi d'aider un acteur sur un film, ce que j'aurai aimé qu'on me fasse moi-même sur un film...

Aujourd'hui, quelles sont les histoires que vous avez envie de raconter?
Je n'ai pas envie de vous les raconter avant. Je préfère vous les donnez à voir. Des histoires d'amour et surtout des histoires de places à prendre, voila.

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