«Argu», nouveau film en tamazight

Etre différent dans une société ou dans un groupe conformiste qui impose ses lois de manière arbitraire peut occasionner de grands désagréments, voire même conduire la personne concernée à être tout simplement cataloguée de déséquilibrée ou de fou. C'est le cas du personnage principal du long métrage intitulé «Argu» (Tu peux rêver). Le film sera projeté demain, mercredi, à 17 h à la salle de cinéma «Le Djurdjura» du chef-lieu de wilaya de Tizi Ouzou. La projection entre dans le cadre d'une tournée nationale de ce film organisée sous l'égide de la ministre de la Culture et des Arts, Soraya Mouloudji. Elle s'inscrit dans le sillage de la célébration commémorant le 60ème anniversaire de l'indépendance et est organisée par le Centre Algérien de Développement du Cinéma (Cadc), le Centre Algérien de Cinématographie et la direction de la Culture et des Arts de la Wilaya de Tizi Ouzou. «Argu» est un long métrage réalisé par Omar Belkacemi. Lors de la projection en avant-première prévue demain, le public aura droit à un débat en présence du réalisateur et de l'équipe du film, apprend-on. Le film met en scène un personnage dénommé Koukou. Il a à peine 20 ans. Vivant en Kabylie en compagnie de ses parents et de sa soeur Djura, Koukou, ne semble pas être en odeur de sainteté dans son village. Il est comme une fausse note dans une partition plus que parfaite. Du moins, selon les conventions qui ont la peau dure. Au vu de sa façon d'agir qui ne répond pas aux normes établies ainsi qu'à sa façon de se vêtir, le jeune Koukou attire et subit les foudres du comité des sages du village. De son père aussi. En pleine réunion, le comité des sages décide d'interner Koukou dans un asile psychiatrique. Son père ne trouve aucune objection à cette «punition». Pis encore, il y adhère entièrement. Seul son frère, qui enseigne la philosophie dans un lycée à Béjaïa est révolté par la décision du comité des sages du village, lui-même ayant été désabusé par son histoire d'amour. En apprenant la nouvelle, il tombe des nues. Pendant son séjour au village, Mahmoud mène un combat quotidien pour convaincre son père et les sages du village de l'innocence de son frère. Mais face à la morale et l'ordre établi, Mahmoud ne peut rien faire. Désespéré, il finit par faire fuir son frère du village. Il faut noter que c'est le réalisateur lui-même, Omar Belkacemi en l'occurrence qui a écrit le scénario de ce film. Le dernier a été réalisé avec une équipe technique d'Algériens et d'étrangers comme Yann Seweryn, Edyta Koniarska, Caroline Beuret, Kamel Mekesser, Aïssa Molay, etc. Quant aux musiques, le réalisateur a opté pour la légendaire Taos Amrouche ainsi que pour Cheikh Sidi Bemol. Le film réalisé en langue amazighe est d'une durée de 99 minutes. Les rôles principaux y sont campés par les comédiens Mohamed Lefkir, Koceila Mafoud et Latifa Aïssat. Il faut préciser que le réalisateur et scénariste Omar Belkacemi est né en 1970, à Béjaïa, en Algérie. Il a fait ses études à l'Institut maghrébin de Cinéma à Tunis. Après avoir été stagiaire sur «Le Patient anglais» et «Le Tigre et la neige», il devient assistant réalisateur auprès de Belkacem Hadjadj et Tariq Teguia. Son premier produit cinématographique remonte à 2015, avec «La Vague», un court métrage diffusé dans plus de 70 pays à travers le monde. «Argu» est son premier long métrage de fiction présenté en avant-première mondiale au Cinemed 2021 où il a gagné le Prix des exploitants. En 2010, le même cinéaste a réalisé son premier court-métrage «Dihia». En 2015, il a obtenu le Tanit de bronze aux JCC avec son moyen métrage «Lmuja». Son premier long métrage, «Argu» (2021) a fait sa Première Mondiale aux JCC (Tunisie) où il a remporté le Prix Paulin Vieyra de la Critique africaine (Facc / Afcc) et reçu une Mention spéciale Fipresci (Prix de la Critique Internationale).