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Le sila 2023 inauguré sous le slogan «africains, unissons-nous !»

Alger à livre ouvert

«La pensée africaine et l’affirmation de soi au XXIe siècle » est le thème débattu avec passion par les auteurs lors de l’inauguration officielle de l’ « Espace afrique », sachant que le slogan du Sila 2023 est « L’Afrique écrit son avenir »…

C'est avec un appel puissant au retour du panafriciansme et à l'union des peuples africains, lancé, par les nombreux auteurs africains qu'a été inauguré «l'espace Afrique»au, couran de l'aprés-midi, de jeudi dernier, premier jour du Salon International du livre d'Alger dans sa 26eme édition. En effet, après l'ouverture officielle de salon qui s'est tenue, en matinée, dans une ambiance solennelle, marquée en outre, par le soutien indéfectible de l'Algérie à la Palestine, mais aussi par des hommages rendus à plusieurs personnalités intellectuelles et hommes de lettres algériens (Ali Bey, le responsable de la librairie du Tiers Monde, les auteurs, Ouassini Laredj, l'écrivain Djilali Khellas, l'éditeur Mouloud Achour, la romancière Maïssa Bey, le poète Athmane Loucif, l'écrivain et journaliste Hamid Nacer Khoudja, et la romancière Salima Rahal, Ndlr) la ministre de la Culture et des Arts, Madame Souraya Mouloudji a inauguré l'espace «Afrique» dont le continent noir est l'invité d'honneur du Salon international du livre d'Alger cette année. En présence de nombreux auteurs et de diplomates africains accrédités en Algérie, la rencontre a permis d'emblée de faire le point sur la pensée africaine qui dépasse les frontières de l'Afrique et de son impact sur le monde. Tous les auteurs étaient unanimes à faire entendre leur voix en appelant le continent à s'unir et combattre les violences d'où qu'elles viennent. Des moments de partage forts en émotion en été déroulés grâce aux diverses interventions qui ont évoqué tour à tour la spécificité littéraire, langagière et culturelle de chaque auteur. «Nous avons inauguré aujourdhui l'espace, avec un griot qui parle de la culture africaine et de l'importance de l'oralité, c'est l'équivalent chez nous du meddah. Il nous parlera de l'importance de la mémoire en Afrique, de la mémoire de la tribu et du village. La seconde rencontre porte sur la pensée africaine, et sa philosophie par rapport au colonialisme et à la manière dont on voit l'Afrique aujourdhui. Nous aurons des débats sur la femme africaine, la musique et la littérature, sur l'engagement des écrivains en littérature, aussi un hommage à Neslon Mandela dont c'est le dixième anniversaire de son décès. Le dernier jour, on projettera un documentaire sur Frantz Fanon, réalisé par Hassan Mezine, suite à cela se tiendra, le 02 novembre prochain une rencontre sur l'impact de Frantz Fanon, aujourd'hui. Tous les après-midis nous aurons des débats intéressants et riches, je demanderai donc aux Algériens de venir..» nous confiera, en aparté, le responsable de l'espace Afrique,. Lebdaie Benaouda qui faisait aussi partie du panel d'invités ayant débattu sur la question de «la pensée africaine et de l'affirmation de soi au XXIe siècle».
Diffusion de la culture africaine dans le monde
Ce dernier, fera remarquer à juste titre devant un parterre plein de monde que la culture africaine a été amenée et diffusée malgré l'esclavagisme, dans différents pays dans le monde, en ayant été transportée aux Usa, en Haiti, en Martinique, en Guadeloupe..». Et de renchérir: «En cachette, dans les plantations, le soir même très fatigués, ils récitaient et répandaient la culture africaine. C'est ça qui leur a donné la force pour continuer à se battre.» Et de souligner: «La pensée africaine est «naturelle» en Afrique, mais la meilleure preuve qui illustre que la pensée africaine a existé, est que les esclavisés l'ont transportée et elle existe toujours aujourd'hui parmi les Noirs américains, parmi les Brésiliens noirs, d'origine africaine etc. elle a été aussi transmise par l'oralité d'une génération à une autre. En Afrique du Sud, il y a eu la culture zoulou qui s'est transmise de génération en génération, jusqu'à aujourdhui.. La meilleure manière en Europe de se rendre compte que l'Afrique existe, c'est parce qu'on connaît mieux les Français ou les Anglais qu'eux ne connaissent les Africains. Tous les Africains sont au moins bilingues. Si ce n'est trilingues.Maintenant, c'est le discours effectivement qui fait la différence. La langue n'est qu'un outil. En tant qu'Algérien, quand je lis Maïssa Bey eh bien, je lis en français, mais dans ma tête, je songe au «wast eddar», aux femmes algériennes, ma grand-mère, mes tantes. J'ai l'impression de les entendre. La pensée africaine est présente. Il faut la défendre quelle que soit la langue.» Parmi les autres auteurs qui se distingueront par leur éloquence en évoquant avec passion le sujet est Mahougnon Kakpo, romancier béninois, qui rappellera l'importance de raconter ce que les aïeux ont vécu et dans la langue africaine pour que la culture africaine ne vienne pas à disparaître rappelant que c'est en s'affirmant soi-même dans sa langue quu'on pourra rayonner dans le monde. Aoua Bocar Ly-Tall, remerciera, quant à elle, d'emblée; l'Algérie «De tenir haut le flambeau de la résistance africaine, de la perpétuation du soi.». Et de souligner avec force: «On ne peut reprocher aux jeunes d'aller vers l'Europe, car les jeunes ne font que suivre les biens de l'Afrique qui ont été emportés par l'Europe.» Et d'évoquer encore l'Algérie qui a «été occupée pendant 130 ans mais qui a lutté vaillamment pour que cette colonisation cesse en mettant dehors le colonisateur qui a voulu emporter les richesses de l'Algérie tout comme d'autres pays». Et de citer le nom de Zohra, la mère de l'Émir Abdelkader qui a semé l'esprit de résistance à son enfant, mais aussi la vaillance de lala Fatma Nsoumer... «Cheikh Anta Diop vous dit justetment que le dominateur, il vous tue au niveau identitaire, avant de vous tuer physiquement...».
Se défendre par la langue et son patrimoine
L'oratrice fera remarquer que l'Afrique a précédé l'Europe dans sa charte pour le droit humain de la même façon que l‘Émir Abdelkader a été l'initiateur et l'unificateur de l'État algérien qui a instauré le droit des réfugiés».Évoquant son maître à penser, en la personne de Cheikh Anta Diop, l'ecrivaine sénégalaise appellera à la réunification africaine pour «sauvegarder les richesses de l'Afrique des mains du colonisateur qui vient toujours pour piller et massacrer..» Elle fera allusion aussi à la Palestine en affirmant que des femmes et enfants ne sont pas épargnés. Et de s'interroger avec fracas: «Ou est l'humanité?!»Elle dénoncera ainsi les forces et puissances mondiales qui s'érigent le droit de massacrer des populations entières. En s'adressant à la ministre de la Culture elle relèvera: «Le peuple palestinien vous est très reconnaissant! J'ai participé à des voyages pour la paix en Palestine et j'ai rencontré des Palestiniens..» Un peu plus loin, elle estimera que «ce n'est pas normal qu'un Algérien ne connaisse pas qui est cheikh Omar Anta diop et ce n'est pas normal non plus, qu'un jeune d'Afrique du Sud ne connaisse pas qui est l'Émir Abdelkader.» et de souligner: «Unissons-nous pour être une force. Il faut qu'on s'unisse pour ne plus dépendre des autres et instaurer notre humanité...» Pour sa part, Sansy Kaba Diakité, directeur de l'Harmattan Guinée qui dira représenter la nouvelle génération, estimera pour sa part, que ce qui manque, aujourdhui, en Afrique est l'action. «La pensée est là. Pour nous, jeunes Africains, l'action doit suivre et c'est ce que fait l'Algérie aujourd'hui.» Et d'arguer: «Ce n'est pas la première fois que l'Afrique est mise en valeur ici. En 1977, il y eut le festival d'Alger, tout le peuple africain était là, pour réaffirmer, par la culture, que nous étions une et indivisible. C'est ce qu'il faut continuer à faire.».
De la pensée à l'action!
Et de poursuivre: «Un grand auteur guinéen, présent dans cette salle, a dit que seul le livre sauvera le continent et je suis tout à fait d'accord avec lui. Le Sila est un espace extraordinaire, car il met le continent à l'honneur grâce à ces débats et c'est très important car ça fait en sorte que nos livres soient connus. Nous devons aussi faire en sorte que nos histoires soient enseignées dans les écoles..»Pour sa part, l'auteur camerounaise Calixthe Beyala, soulignera d'emblée que l'Afrique n'est pas un seul magma: «on parle de griot au Mali. Au Cameroun il n' y en a pas. Je pense que, quand on est invité dans des espaces, c'est pour travailler sur des socles communs. Sur ce qui va nous réunir et non des particularismes qui doivent, par ailleurs, exister et doivent être travaillés mais ils ne doivent jamais être au centre des débats. Le français a été pour moi un instrument. Je dis tout le temps que le français est francophone mais la francophonie n'est pas française parce que nous utilisons un autre français, personnellement, j y amène d'autres pensées, une autre culture, j'en fais une autre langue. Ne nous focalisons pas sur nos divisions mais sur ce qui nous construit car dans l'Afrique de demain, tel que nous avons conçu les États-Unis d'Afrique, il n y a pas ces particularismes. Il faut travailler sur tout ce qui va nous unir. Il faut travailler sur ce qui unit l'Algérie au Cameroun. Par exemple, nous avons une histoire commune. Nous sommes les deux pays, parmi les États francophones à avoir connu des guerres de décolonisation. Nous avons vécu les mêmes atrocités que les Algériens et nous n'avons pas accès jusqu'à aujourd'hui aux archives! J'ai écrit à maintes reprises au président Macron. Qu'est-ce qu'il a fait? Il nous a nommé des historiens européens et le seul Camerounais est... un rappeur!». Invité spéciale du Sila, rappelons que Calixthe Beyala est une romancière franco-camerounaise. Elle détient le Grand Prix du roman de l'Académie française en 1994 pour son roman 3Les Honneurs perdus3. En 2010, elle est faite Chevalier de la Légion d'honneur française et, en 2019, elle devient ambassadrice de la culture camerounaise par le gouvernement camerounais. Prenant la parole en fin de rencontre, la ministre de la Culture et des Arts, dira tout son enthousiasme d'avoir pris part à ce panel qui se veut,, dira t-elle «très riche par ses idées, sa thèse africaine. Je suis ravie de constater aujourdhui que la dimension africaine est consolidée et mise en valeur», tout en rassurant: «l'Afrique ne disparaîtra pas. L'Afrique continuera à écrire son avenir conjointement mutuel», concluera t-elle.

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