Le mur de l’intolérance
Critiquer Israël est dangereux, tel que l´apprit à ses dépens le journaliste français, Alain Ménargues, qui a subi un véritable lynchage médiatique pour avoir eu l´outrecuidance de traiter Israël d´Etat raciste. Après avoir été poussé à la démission de ses responsabilités à RFI, il a été privé de collaborer à cette radio. Pourquoi tout ce bruit et cette fureur? Journaliste professionnel - directeur général adjoint chargé de l´information de Radio France Internationale (RFI) et vice-président de RMC Moyen-Orient -, Alain Ménargues a écrit un livre sur l´Etat hébreu, intitulé Le mur de Sharon, dans lequel l´auteur remet les choses à l´endroit et dit clairement ce qu´est la nature réelle d´Israël. Lors de la promotion de son livre, Alain Ménargues a fait des déclarations sur Israël qui, à l´évidence, faisaient mal à entendre, surtout au moment où l´armée israélienne commet des forfaits affreux dans les camps de réfugiés de Gaza. En fait selon ses détracteurs, le journaliste a commis le crime d´avoir dit haut ce que d´aucuns pensent tout bas : qu´Israël est un Etat raciste qui ne respecte, par ailleurs, aucune loi. Au cours d´un débat sur LCI, M.Ménargues avait soutenu: «Vous dites qu´Israël est un Etat démocratique, permettez-moi de dire très rapidement, c´est aussi un Etat raciste. Si vous prenez les lois fondamentales, (sont) citoyens israéliens ceux qui ont la nationalité, mais la nationalité est divisée en termes de religion. (...)» Effectivement les juifs vivent en démocratie, mais cette démocratie n´est vraie ni pour les Arabes israéliens, hommes de seconde zone, et encore moins pour les Palestiniens, quasiment des sous-hommes. Or, le sionisme dont se réclament les Israéliens est fondé sur la race et la religion juives, et cela est connu du monde entier qui feint d´ignorer que ce principe contient le germe d´un racisme latent. Aussi, les propos du journaliste de RFI ont-ils suscité une levée de boucliers, quelque peu hypocrite, dans les médias et l´opinion publique française. De fait, Alain Ménargues fait face à un mur de l´intolérance. Le journaliste français, aujourd´hui cloué au pilori, énonce une vérité lorsqu´il affirme: «Encore une fois, les associations de protection d´Israël (...) pratiquent l´amalgame pour faire passer les commentaires sur la loi politique sioniste comme étant du racisme ou de l´antisémitisme», soulignant: «Je réaffirme publiquement tout ce que j´ai écrit dans mon livre Le mur de Sharon à ce sujet», «Israël est un pays comme les autres et comme les autres il doit être critiqué. Il n´y a aucune exception dans ma vision du monde, aucun pays n´est au dessus des lois internationales». Or, c´est là le fond du problème, tous les pays du monde sont critiquables et soumis aux lois internationales, tous, sauf Israël placé sur un curieux piédestal. On peut se gausser à longueur de colonnes de l´intégrisme wahhabite, mais pas de son pendant juif. Aussi, les récents propos de M. Ménargues sur les juifs et Israël avaient-ils provoqué de très vives réactions en France. Interrogé sur Le Mur de Sharon, M.Ménargues avait déclaré: «J´ai été très choqué par le Mur, j´ai été voir des gens, des rabbins, des hommes politiques, si vous regardez le Lévitique dans la Torah, qu´est-ce que c´est? La séparation du pur et de l´impur. Un juif, pour pouvoir prier doit être pur, tout ce qui vient contrarier cette pureté doit être séparé (...) Lisez le Lévitique, c´est écrit en toutes lettres». «Quel a été le premier ghetto au monde? Il était à Venise. Qui est-ce qui l´a créé? Ce sont les juifs mêmes pour se séparer du reste. Après, l´Europe les a mis dans des ghettos». Alors là, attribuer les ghettos aux juifs, c´est le tollé général, pourtant, le fait est là: ce sont les rescapés de l´holocauste qui (re)mettent des être humains, les Palestiniens, dans des ghettos que sont les camps de réfugiés. En fait, Sharon n´a jamais caché son intention d´empêcher par tous les moyens les Palestiniens de créer leur Etat. Qu´est-ce que c´est que le «mur» que construit Sharon en Cisjordanie, si ce n´est un mur de séparation. De fait, le mot «séparation» a été prononcé à plusieurs reprises par le chef du gouvernement israélien, et «séparer» juifs et Palestiniens est le rôle qu´est appelée à jouer la barrière que construit Israël. Américains, comme Européens, principaux soutiens d´Israël reconnaissent que l´occupation, l´implantation de colonies juives, le stationnement d´importantes unités militaires en territoires palestiniens rend l´érection d´un Etat palestinien problématique, et que, si jamais cela a lieu, cet Etat serait peu fiable car trop morcelé et donc sans unité territoriale. Pourtant cela ne les empêche pas de jouer la comédie du processus de paix dans le cadre du Quartette (USA, Russie, ONU, UE) alors que Sharon, avec la bénédiction du président américain, George W.Bush, mène la barque à sa guise et c´est Sharon, et seulement lui, avec son plan de retrait de Gaza, qui décide du moment de ce retrait, - si jamais ce retrait a lieu -, de son importance, de ce qu´il veut bien concéder aux Palestiniens. Alain Ménargues dit tout cela. En fait, Le mur de Sharon c´est l´histoire d´un déni de droit à l´encontre des Palestiniens spoliés de leurs terres et de leur droit à un Etat, alors que la communauté internationale impuissante ne veut pas consentir l´effort qui oblige l´Etat hébreu à appliquer les résolutions pertinentes de l´ONU afférentes à ce dossier. Rien qu´à ce niveau, Israël est un Etat hors les lois internationales lesquelles, manifestement, ne s´appliquent pas à l´Etat hébreu. Pour s´en convaincre il n´y a qu´à voir comment le Conseil de sécurité a sanctionné avec célérité la Syrie exigeant de Damas de se...retirer du Liban, au moment où, à ciel ouvert, Israël massacre les Palestiniens sans susciter autrement l´indignation de ce même Conseil qui reste aveugle aux crimes israéliens. Aussi, faire le constat de cette (triste) réalité est connoté au racisme par les défenseurs d´Israël. Alain Ménargues n´invente rien pourtant lorsqu´il témoigne de l´apartheid rampant qu´instaure Sharon qui fait que le racisme sous-jacent dont font montre les Israéliens, relativise leur démocratie à sens unique. Ce qui est vrai en revanche est le fait que les Israéliens ne veulent pas vivre aux côtés des Palestiniens. N´est-ce pas là une forme de racisme?