L'Expression

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Larmes chaudes

Quelle tristesse! A Bruxelles, devant les sièges du Conseil européen et de la Commission, le rond-point Schuman est le lieu traditionnel des rendez-vous pour les manifestations de solidarité avec les causes «justes». Syndicats, partis politiques, ONG, organisations nationales ou internationales, simples citoyens, tous se donnent rendez-vous sur le seuil des deux institutions suprêmes de la vie politique européenne pour exprimer leurs revendications. Mardi dernier, plusieurs associations de solidarité avec le peuple palestinien ont lancé un appel pour un rassemblement au rond-point Schuman pour exprimer leur soutien aux Palestiniens et leur colère face à l´offensive meurtrière de Ghaza qui avait fait plus de 100 morts en quatre jours. A 14h, à peine une «centaine» de présents. Des Européens, il y en avait. Quelques députés et le fidèle Pierre Galand, le président de l´Association belge de solidarité avec le peuple palestinien. «Nous allons remettre une lettre de protestation et de condamnation des crimes israéliens dans Ghaza à Mme Benita Waldner-Ferrero, Commissaire européenne, chargée des Relations extérieures...nous appelons à la suspension de l´Accord d´association UE -Israël...nous appelons au boycott des produits israéliens en Europe...» Pendant tout le temps qu´a duré le rassemblement, point de responsable palestinien.
Point de peuples arabes. La délégation palestinienne pour l´Europe a son siège en face du rond-point Schuman. Et comme une prémonition, le ciel clair quelques minutes avant, s´assombrit brusquement. Une pluie de grêle agressa le regroupement. Violente et froide. Le temps changea. Y a-t-il un temps pour la Palestine? «Enfants de l´immédiat, notre présent ne se résout ni à commencer, ni à finir», disait Mahmoud Darwich pour exprimer sa rage de vivre, exilé dans son propre pays, la Palestine. Pour hurler son déchirement. Ce fut un triste mardi.
Arabes, dites-vous? A ce jour, les pays arabes du Sud-Méditerranée n´ont pas été à l´origine d´une seule initiative ou quelconque offre sérieuse de partenariat aux pays européens. Toute l´architecture de la coopération euro-arabe est d´inspiration européenne. Bien. Que faisons-nous? Nous critiquons toute proposition venue du Nord. Sans contre-proposition.
C´est fou comme les Européens s´échinent à vouloir nous aider à sortir du stade d´hibernation dans lequel nous baignons. Cette semaine, la Foire internationale du tourisme de Berlin a consacré des stands et des journées entières à la promotion du tourisme dans les pays Sud-Méditerranée, dont le nôtre évidemment.
La Banque européenne d´investissement a parrainé la manifestation. Le président français, Nicolas Sarkozy, mène une bataille diplomatique pour convaincre les Européens de construire une «Union pour la Méditerranée», l´Union européenne insiste pour «vendre» sa Politique de voisinage...Au Sud, on se bat contre cette invasion d´offres, on critique, on dénonce puis...souvent on rallie le Nord. Au Sud, le rêve d´une Union du Maghreb a cédé la place au désespoir des peuples, et plus spécialement au cauchemar du peuple sahraoui, exilé, lui aussi, de sa terre. Au Sud, malgré une langue commune, on ne se parle pas. Au Nord, Euronews, la chaîne d´informations en continu, lance le 12 juillet prochain la chaîne en langue arabe.
Elle nous dira ce qui se passera chez nous. Et nous lui serons fidèles, puisqu´on la regarde et on l´écoute depuis, dans les langues du Nord, le français et l´anglais.
Et nos lamentations sur «l´impérialisme occidental» n´allègeront en rien notre sort. Il nous faut agir et proposer si l´on ne veut pas que s´écroule le dernier rempart ou ce qui nous reste d´identité. «Pleure comme une femme, toi qui n´as su défendre ton royaume comme un homme», disait la maman de Abdellah Mohamed ben Abi Hassan, appelé Boabdil, dernier roi de Grenade, alors qu´il fuyait les armées des rois catholiques d´Espagne. C´était le 2 janvier 1492. La fin de l´empire arabo-musulman.

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