Le voyeur en trois-pièces
Une femme vaquait à ses occupations, comme tous les trois jours. Elle marchait tranquillement, lorsqu'elle se planta net devant un marchand ambulant...
L.H. était une mère de famille qui faisait son marché comme elle le faisait souvent, à travers les artères de la belle ville, quand soudain, elle crut reconnaître une silhouette qui rappelait quelqu'un déjà vu! C'est le début d'un cauchemar qui ne disait pas son nom. Et cette pierre dans le jardin de la mère de famille tombait mal puisque le mois sacré de Ramadhan 1442 était aux portes...
L'affaire s'était déroulée dans une charmante localité du Titteri, nichée sur les hauteurs chatoyantes en ces moments de la saison, moment où la verdure est en pleine multiplication, en attendant le mois sacré et «sucré» de Ramadhan et ses multiples saveurs, sur tous les plans.
Malheureusement, Ramadhan a ce côté bête de gens qui se conduisent très mal pendant le recueillement de la saveur du jeûne, et de la piété que bon nombre de citoyens attendent avec beaucoup d'impatience. En ville, comme l'habitude l'a souvent emporté sur les valeurs et coutumes propres, un jeune gaillard en trois pièces, à la barbe bien taillée, était au volant d'une belle cylindrée.
Le jeune promeneur suivait visiblement, cette femme qui aurait pu être sa tante ou sa propre mère. Or, nous le saurons plus tard à la barre, la vieille dame marchait, en hidjeb bleu foncé, mais à visage découvert.
L'homme suivait la bonne dame mais sans lui adresser un seul mot, en la dévisageant bien comme il faut. «Il me suivait des yeux comme un faucon le faisait avec de la volaille.» l'avait-elle décrit devant les juge. Comme elle le dira dix fois encore, devant la composition correctionnelle de la cour, elle n'avait jamais vu ce garçon, auparavant, et était étonnée de le rencontrer.
J'ai de suite remarqué qu'il me suivait! Je ne voulais pas croire que ce jeune gaillard de un mètre quatre- vingt deux, malgré une barbe bien taillée et propre, me draguait, et donc me harcelait.» répètera-elle. Elle ne le connaissait pas.
Elle ne l'a jamais vu de sa vie et n'avait pas envie de faire sa connaissance. Ce qui est certain, c'est qu'il la suivait depuis un bon moment, et ce manège la travaillait; il la travaillait tant et si bien qu'elle a voulu crier au viol, au crime, au déshonneur, et à tout ce qui pouvait s'apparenter à un crime organisé! C'est comme cela qu'elle voyait les choses et pas autrement! «Je décidai alors de changer de côté: l'homme fit de même. Je montai sur le trottoir. Le jeune homme en fit de même. Il me talonnait presque semelle contre semelle. je redescendit du trottoir, il en fera de même.
C'en était trop!» Criera -elle presque. Elle décida alors d'en parler à son mari qui a accueilli la très mauvaise nouvelle avec beaucoup de sagesse et de raisonnement.
Il réfléchissait au moyen de le neutraliser, Le barbu était là, dans son carrosse, en train de zyeuter la vieille femme qui marchait tranquillement vers le marché de la cité.
Que s'est-il passé ensuite? Selon l'inculpé il aurait été agressé dans la rue: «je roulais dans ma voiture quand soudain des jeunes se sont précipités sur moi et m'agressaier.» Véritablement scandalisé par tant d'audace de la part de l'inculpé, calmement, l'avocat de la victime allait flétrir ce comportement condamnable à plus d'un titre.
Il n'en dira pas plus, puisque il faut le souligner, le conseil s'est aperçu que le juge, commençait à gigoter du fait que ce magistrat n' aime pas que l' on dévie de l'inculpation et cette dernière n' évoque point une quelconque rixe, mis à part la bagarre qui opposé le gus aux enfants de Mme, et qui ne regarde pas l' inculpation du jour. Le conseil a eu juste la présence d'esprit de s'accrocher au méfait, de le condamner moralement et de réclamer de justes dommages et intérêts, de quoi réparer le tord causé à cette femme de famille dont le seul tort aura été de sortir pour faire de nécessaires et utiles commissions puisque l'époux était pris par une affaire professionnelle.
Le juge annonça la date du verdict, à savoir le 28 du mois courant, et passa à l'affaire suivante. Ã la date prévue, le verdict est tombé, attirant l'attention de tous que nul n'est censé ignorer la loi: le play-boy -voyou est condamné à une peine d'emprisonnement de deux mois, assortie du sursis, le magistrat et ses deux conseillers ont préféré pour cette fois, fermer les yeux - Ramadhan oblige- pour lui montrer que la justice est souvent magnanime, mais pas souvent, mais éternellement!