Le divorce, ce venin !
Voilà un couple qui «marchait» bien, jusqu’au jour où l’indélicate curiosité de Mme, va causer l’irréparable au sein du couple.
Mansour le président de la section «affaires familiales» du tribunal de Sidi-M’hamed – Alger, était, ce mardi, comme « d’hab ». En grande forme. Il appela à la barre, dans un climat chaud et suffocant, à travers le monde fou, qui noyait la salle, les justiciable Sâad. Z. Et. Saliha. R. Le jovial magistrat regarda bien les deux gus, aux visages livides, blancs, sans expression aucune, comme au jour de leurs funérailles, avant de s’exclamer : «Oh, là là. Quelle tête vous faites, à 11 heures ? Que se passe-t-il donc ? C’est à croire que vous venez de perdre un être cher. Vous êtes ici pour nous expliquer les raisons objectives qui vous ont poussés à rompre. Je vous fais toutefois remarquer que vous n’êtes pas obligés de le faire.
À propos, avez – vous des gosses ? Et combien ? Même si cela vous déplait, le tribunal voudrait vous entretenir, côte à côte, s’il vous plait. Mme, rapprochez – vous de votre mari, et nous aurons ainsi un couple à qui nous adresser.»
La dame, les traits, franchement défaits, sans maquillage aucun, contrairement à d’autres justiciables, convoqués par la justice. La bonne femme s’exécute illico pesto, et s’avance d’un mètre et demi de son époux. Ce dernier a une drôle et bizarre bougeotte, qui en dit long sur son état d’esprit actuel.
Mansour le juge dit, entre ses dents : «Voilà, le moment est venu pour vous, de vider vos tripes, et de nous dire pourquoi ce divorce, d’un commun accord. Seulement nous attirons votre aimable attention que vous devriez parler sans haine, ni passion. Mme, nous vous écoutons. Ne dites surtout que ce qui intéresse le tribunal.» Le président avait pris toutes les précautions pour éviter tout malentendu. Saliha. R. la cinquantaine à peine entamée, leva la tête en direction de son mari, avant de relever ses manches comme si elle allait se battre, et débuta son «mini-réquisitoire» par évoquer ses défunts parents qui lui avaient proposé, il y a de cela, dix-sept ans, ce M, qui s’était présenté comme préposé aux douanes, en quelque sorte.
La demande en mariage, fut effectuée le 5 mars 2008, les fiançailles le 20, et le mariage, le 31. Le tout fut expédié en vingt-six jours. Il était âgé de trente- trois ans. J’en avais 24. Je saurais plus tard, qu’il se débrouillait, pour subvenir à nos besoins. Il n’était pas ce qu’il avait prétendu être, à mon défunt papa. Il était cachotier, et ne me racontait absolument rien.
Je me considérai come prisonnière «bien traitée» ! Les jours, semaines, mois et années passèrent machinalement. L’arrivée de deux très beaux enfants égayèrent cependant le triste foyer. Mais ma curiosité, devenue maladive, me poussa à espionner mon mari. Lorsqu’il s’endormait lourdement les weekends, il m’arrivait de prendre son mobile pout y trouver ce qui me rongeait. En vain ! Il avait pris la précaution de le sceller.
Et comme je n’avais pas le code- «sésame», le cœur serré, j’abandonnais mon projet de découverte de ce qu’il m’a toujours caché. J’étais certaine de mes soupçons. Un jour, en fouillant les poches de on pantalon, avant de l’enfouir dans le bac à laver, je tombais sur une double-feuille. Ô rage ! Ô déception ! Après avoir lu une vingtaine de lignes, j’eus soudain, envie de rendre. Il y était écrit, en français, je la cite : «Mon chéri Saâd, je ne suis pas contente de toi.
Tu m’as toujours menti et raconté des choses horribles ! Comme par exemple, tes lâches propositions de sorties, en tête-à- tête, avec ma cousine maternelle, Yasmine !» Mansour, le juge stoppa la dame et dit, en direction de l’épouse écrasée par sa dernière déclaration : «Voilà ! Vous venez d’éclairer le tribunal, tout en lui permettant de se passer de la version, de votre époux. Vous avez crevé un très gros abcès. dit le magistrat, sans même entendre le mari. Revenez donc dans quinze jours, pour nous faire part de votre décision ! »