L'Expression

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La juge et le pauvre «bougre»

Assister à des procès en correctionnelle, donne de bizarres situations, parfois comiques, à la limite du grotesque!

Foudhil D. est un très jeune inculpé de non-paiement de pension alimentaire, fait prévu et puni par l'article 330 du Code pénal. Le jeune homme qui a comparu en qualité de détenu aspirant à une rapide liberté provisoire, a surtout protesté véhémentement contre son arrestation musclée!
Debout à la barre en qualité de détenu, il n'a cessé de crier, contre sa fâcheuse position de mari malmené, privé de sa fillette de 2 ans et demi, qu'il n'avait plus revue depuis 3 mois. «Je voudrai me plaindre d'abord contre le fait que tout a été monté par mon beau-frère, qui a de bonnes connaissances partout dans la région, et donc, a le bras très long! J'ai été interpellé pour avoir demandé pourquoi la police est venue frapper à ma porte de bon matin, comme on le ferait pour un assassin, ou un trafiquant de came! Mon épouse, qui est très jeune, a eu des sueurs froides, lorsqu'elle a entendu les coups donnés à la porte par les flics, de si bonne heure, et a failli voir son pancréas éclater, tant la trouille l'avait tenaillée!»
La juge, elle, fait semblant de n'avoir rien entendu de ce que vient de débiter le pauvre bougre. Elle veut aborder l'abandon de famille, un point, c'est tout! «Si vous aviez d'autres problèmes d'un autre ordre, ce serait alors une autre affaire!», clame la magistrate qui était entrée dans la salle d'audience, les yeux rivés sur l'ordonnance de renvoi sous ses yeux, Foudhil D. dit Foufou, pour les intimes et le voisinage, la vingtaine largement dépassée, est devant la présidente de la section pénale pour «abandon de famille». Il a une fille de
30 mois. Inculpé pour avoir négligé sa famille, durant plus d'une année, n'a pas justifié son abandon, un abandon de famille et, pis encore, il n'a pas trouvé mieux que de raconter une histoire à dormir debout: «J'étais au Sud en vue d'y chercher du boulot» a-t-il précisé au procureur qui l'entendait après le dépôt de plainte de Chahra D.
l'épouse, harassée de courir et de chercher après lui! Oui, la présidente était ce jour, curieusement tolérante, quant au respect dû entre adversaires, mais qui a vite saisi que cette famille ne règle ses différends qu'à coups d'insultes et de diffamations. La juge se ressaisit tout de même: «Restons sur l'inculpation, voulez-vous?».
L'inculpé rappelle que madame travaille, alors que lui, ne fait absolument rien. Chahra. G. s'écrie «qu'il possédait 400 mètres carrés sous forme d'héritage, qu'il courait derrière sa maîtresse, qui a l'âge de ma... mère!» Offusqué, l'époux conteste ces propos et informe même la juge que sa fille n'a jamais manqué de rien et je dirai même, sans crainte d'être contredit, qu'elle vit plus que royalement!»
La présidente lui donne un coup de main: «Le tribunal pense que c'est à elle, la petite qui «vit royalement», de vous verser une pension alimentaire s'il est prouvé qu'elle ne manque de rien. Mais la loi veut absolument que vous casquiez au bon moment, la pension alimentaire»! Il retient un fou rire, alors l'inculpé sourit, d'un de ces sourires qui vous agacent. La dame grimace. D'ailleurs, Shahra ne fait que grimacer depuis qu'elle a vu un agent de police, accompagner son mari du box des accusés à la barre.
La juge pose alors la bonne question: «Quel est le montant de la pension alimentaire»
- huit cent quarante mille dinars, répond à haute voix, l'inculpé qui a droit à une autre question dont la réponse - propriétaire foncier - fait siffloter quelqu'un parmi l'assistance: Le jeune procureur désire poser une question mais, au lieu d'aller vers son souhait, il fait un dur commentaire: «Vous êtes incapable de fonder un foyer, malgré votre position sociale et je...». Le détenu l'interrompt sans l'autorisation de la juge toujours aussi bizarrement tolérante: «Nous sommes venus divorcer; ça n'a pas marché. Je ne suis pas venu entendre des reproches autour de ma position sociale!». Madame marmonne. Elle lance des demi-mots. Visiblement, elle a quelque chose à dire et le montre au tribunal. Le président l'aide: «Qu'y a-t-il, Madame?» dit, le visage éclairé, la magistrate qui ne veut pas s'étaler sur le sujet. Pour mettre tout ce beau monde sur la même longueur d'ondes, la magistrate invite le fougueux jeune représentant du ministère public à effectuer ses demandes. Il se lève et entame un court réquisitoire au cours duquel il a affirmé que l'inculpé joue la mauvaise foi. Il savait qu'elle a déposé plainte. La bonne dame a demandé 215 millions de centimes à titre de dommages et intérêts. «C'est insuffisant. Qui va payer les dettes que la maman doit aux braves voisines qui l'ont aidée?», souffle une femme qui attend de passer au cours de l'audience en qualité de victime d'escroquerie. Excédée, la jeune juge saute carrément de son volumineux fauteuil et remet illico presto, de l'ordre et fait taire la bonne dame.
Le procureur demande à la juge de remettre à sa place, le malheureux inculpé, pour ce qui est de la pseudo-hogra, dont il aurait fait l'objet: «Personnellement, je m'attendais à ce que vous vous excusiez auprès de votre épouse. Mais, non! «Vous avez pris le risque de faire un enfant! Mais alors, qui va la faire vivre?
L'Etat? Erreur! C'est votre fille! C'est à vous seul de vous en occuper!»
Après le fameux dernier mot que la loi accorde à l'inculpé, la juge décide sur le siège, de transcrire le dispositif puis lit à haute voix, la sentence: Rami F. écope d'une peine d'emprisonnement ferme de 18 mois et 20000 da d'amende...

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