L'Expression

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L’an ferme, c’est du cash

Abdel-Illeh. S. est un jeune époux qui doit rendre compte de son abject comportement vis-à-vis de la mère de ses quatre gosses, dont des jumeaux.

La juge s'était royalement installée derrière son spacieux siège, comme pour montrer sa puissance, sans souffler un mot. Elle appelle à la barre, d'emblée, le paradoxalement jeune père de famille, poursuivi pour «coups et blessures volontaires» sur sa moitié, alors qu'elle se trouvait chez son oncle maternel, en congé de «mécontente» depuis trois, maintenant, semaines. Il s'avança lentement vers le lieu, où on ne fait que répondre aux questions du tribunal, et où on ne crache que la vérité.
La magistrate regarda longuement la tête de l'inculpé avant de lui poser une question, normale, mais que le détenu trouvera, ô comble d'ironie, outrageante! «De quoi, de quoi» lâcha sans s'énerver, la juge qui reprit la réponse de l'inculpé: «Vous trouvez la question ‘'outrageante''! En quoi donc, l'outrage est présent dans notre question?» Abdel-Illeh voit sa face, rougir, pâlir, puis rougir pour devenir violette! Il n'avait pas de réponse prête, car il comprit que c'était l'heure de vérité. Oui, c'était le moment de se mettre à la table, car il savait très bien qu'outre, la présence dans le dossier, de l'éloquent certificat médical qui contenait un arrêt de travail de vingt-deux jours, sauf complications, une récidive vieille de dix- huit mois, car en juin 2022, déjà, Abdel-Illeh.S. avait comparu devant la même juge pour «coups et blessures ayant entrainé une cessation de travail de douze jours, et s'en était tiré avec une peine d'emprisonnement d'une année, assortie du sursis. Appelée à témoigner, la victime s'approcha du pupitre, complètement voilée d'un ample djelbab.
La présidente de la section pénale pria Hadia. F. la victime de son mari, de baisser le voile qui recouvrait entièrement la tête: «Mme! Vous allez déposer devant le tribunal qui tient à avoir votre identité, sans aucun doute, merci.» marmonna la magistrate, qui a vu sa demande être exaucée, sans histoire, car il faut bien reconnaître que bien des femmes se trouvant dans le même cas refusent obstinément d'ôter le voile sous la fallacieuse excuse de la sérieuse recommandation des «lois divines». Et pourtant, cette dame était présente pour se plaindre du mauvais traitement de son époux, qui, aujourd'hui, se faisait très petit car il connaissait sûrement les conséquences de l'article de loi qui punissait les auteurs de ce délit.
En effet, l'article 264 du code pénal dispose dans son alinéa1,: «Quiconque, volontairement, fait des blessures ou porte des coups à autrui ou commet toute autre violence ou voie de fait, et s'il résulte de ces sortes de violence une maladie ou une incapacité totale de travail pendant plus de quinze jours, est puni d'un emprisonnement d'un (1) an à cinq (5) ans et d'une amende de cent mille (100 000) DA à cinq cent mille (500 000) DA...» Ce sera bien entendu, le procureur de la République, qui annoncera plus tard les termes glaçants du redouté article 264 du code pénal.
La femme a saisi le sens de sa présence à la barre. Elle a vite compris que dans cette vaste salle d'audience, on ne devait parler que si on était interrogé!
«Mme, veuillez nous raconter, sans haine, ni exagération, ce qui s'était passé dans la nuit de jeudi à vendredi de ce mois», chuchota presque la juge, dans un silence «assourdissant», qui voyait l'assistance accrochée à ce qu'allait débiter la victime: «Voilà, Mme la présidente! Il était l'heure de la prière d'El Icha. Alors que les parents d'adoption, s'étaient attablés pour le diner, de gros coups à la porte, déchirèrent l'air. Entre-temps, j'avais fini les dernières génuflexions, et je me suis dirigée vers la porte d'entrée. Au moment où j'ai ouvert, je reçus un coup de poing en plein visage, qui m'a fait vaciller. Je vis rouge, avant de me trouver parterre, à la merci de mon mari qui m'a carrément prise par le collet, avant de me massacrer. Et ‘' massacrer''est un mot pas très fort.
La preuve? Vous avez le certificat médical qui fait foi! il m'a piétinée en me menaçant qu'il allait m'égorger...Et il...
-- Dites donc, cc'est la mère de vos quatre bambins; elle n'a pas intérêt à mentir, pour vous envoyer en prison! Quelle désagréable,cette manière de traiter vos épouses pour rien.
À ropos, inculpé, pourquoi cette raclée? Répondez! --Elle est partie pour dix jours. Elle est restée vingt, après avoir bloqué son mobilee! Le doute m'a pénétré au plus profond des entrailles. Je ne comprenais pas ce silence...
-Quoii? C'est bizarre comme réponse. Illuminez, svp encore mieux, et sérieusement, le tribunal. Qu'est-ce que le doute vient faire ici?» demanda, mi-perplexe, mi - au bord de l'explosion, la juge.
-- Oui, avant de répondre à votre question, laissez-moi vous dire ll'énorme poids d'amertume que crée l'indifférence! Mme la présidente, dans le doute, ou devant le doute, on palabre intérieurement, on jase, on ne réfléchir plus et en avant les bêtises.
-- CC'est bon, c'est bon. On a compris!» coupa la magistrate qui demanda au procureur de requérir: «Nous laissons le soin à l'honorable tribunal de trancher sur le siège.» Effectivement, la juge allait griffonner quelques lignes et lança: «Les regrets étalés ici, en public, vaudront-ils ici, un gros sursis? Donc? Vous êtes condamné à une peine d'emprisonnement d'un an. Cela fera peut-être atténué, vos ardeurs!» dit sentencieusement la juge. Puis, elle passa sans repos, à l'affaire suivante: «Coups et blessures à l'aide d'une arme blanche!» Evidemment!!!».

De Quoi j'me Mêle

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