L'Expression

{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Il me prend pour un mec

Yousra, K. 42 ans, deux filles, est dans la salle des pas perdus au moment où la juge l’appelle pour son procès contre Abdelhafidh R. Son époux, détenu pour coups et blessures volontaires par arme blanche.

Hier, au tribunal, qui grouillait de monde, à cause d'un rôle qui dépassait l'entendement, il y avait toutes sortes de délits. Cela allait des vols à l'arrache, aux coups et blessures volontaires et même, réciproques, en passant par le trafic de came, les agressions sur ascendants, le non-paiement de la pension alimentaire l'homicide et les blessures involontaires, droit de garde bafoué, fausse monnaie, immigration clandestine, chèques en bois, etc.
Il est vrai que la semaine précédente, le lundi était férié et donc, ce jour comportait deux longues listes de noms à entendre. Ce sont les aléas de la vie judiciaire. Son avocate accourut prévenir la victime, alors que la juge passait aux inculpés-détenus suivants, afin de ne pas perdre de temps, au détriment de l'audience.
Il est vrai qu'il s'agit d'une affaire de coups et blessures et que la victime n'était autre que l'épouse, qui s'était présentée très tôt au tribunal, plus décidée que jamais à pousser la juge à appliquer la loi issue de l'article 264 du Code pénal, qui dispose que «quiconque, volontairement, occasionne des blessures ou porte des coups à autrui ou commet toute autre violence ou voie de fait; et s'il résulte de ces actes de violence une maladie ou une incapacité totale de travail pendant plus de 15 jours, est puni d'un emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 100 000 à 500 000 DA.
Le coupable peut, en outre, être privé des droits mentionnés à l'article 14 de la présente loi pendant un an au moins et cinq ans au plus. Quand les violences ci-dessus exprimées ont été suivies de mutilation ou de privation de l'usage d'un membre, cécité, perte d'un oeil ou autres infirmités permanentes, le coupable est puni de la réclusion à temps, de cinq à 10 ans. Si les coups portés ou les blessures causées volontairement mais sans intention de donner la mort l'ont pourtant occasionnée, le coupable est puni de la peine de réclusion à temps, de 10 à 20 ans».
En entendant la dramatique déposition de la victime, on avait l'impression d'avoir assisté à la séquence d'un film de Jackie Chan: des coups, de gros coups, de puissants coups! Écoutons plutôt Yousra raconter par exemple, une nuit «bleue»: «Le monsieur ne pouvait s'empêcher de me battre à mort.
Il me frappait si fort que je cessais à un moment de la scène, de respirer. Il me tapait dessus comme s'il balançait des gnons sur un mec» avait précisé la victime devant une salle restée bouche bée. Seul le président de la section correctionnelle du tribunal de Sidi M'hamed suivait, en prenant de temps à autre des notes pour la prochaine mise en examen. Ce fut au tour de l'époux de prendre, en autant de temps, la parole pour se défendre des contrevérités de l'épouse plaignante, dont l'émouvante déposition fut tout simplement, désastreuse.
Or, dans ces cas d'espèce, l'exagération des parties en présence fait que le juge doit nécessairement faire preuve d'impartialité, d'objectivité et surtout de vigilance. Avec les juges du siège, tout comme pour les juges d'instruction, «tout ce qui brille n'est pas or!» Écouter un couple se plaindre du comportement de l'un et de l'autre, n'est pas du tout aisé pour un magistrat qui refuse les profondes lamentations d'un ménage en pleine «guerre des nerfs», qui ne mènent à rien! Tous les magistrats ont ceci de particulier: ils savent à quel moment un gus qui a la parole dit la vérité, exagère ou carrément, ment. Une femme malmenée, battue, humiliée ne peut en cas être crédible à 100%. C'est ce moment que choisira le juge pour intervenir et poser les bonnes questions.
Or, toutes les réponses laissent un goût d'inachevé. Oui, chaque partie voulant garder les secrets de famille. C'est pourquoi il y a, durant les audiences, énormément de «non-dits» relevés au cours de l'audience.
L'épouse, craignant d'être derrière l'enfermement du père de ses enfants. Des réponses à l'emporte-pièce, des mots qui vont plus loin que la pensée, et des expressions que le juge préfère n'avoir pas entendus!

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré

Les + Populaires

(*) Période 7 derniers jours