Foi de pêche, contre le… péché
Assister de nos jours à des procès du pénal, n’est pas toujours réjouissant, ni encore moins réconfortant. L’important, c’est de suivre et de raisonner!
La manière de faire de certains jeunes nouveaux magistrats, pour la plupart voulant faire mieux que les ainés. Ce n'est que légitime, car leur manière de rendre justice, n'avait rien à voir avec celle des aînés, dont plusieurs sont encore en exercice à la Cour suprême où semble-t-il, les choses sont désormais prises en main en vue de la renaissance, et donc de la bonne marche du secteur, ou au Conseil d'Etat qui commence lui aussi à carburer, le temps du round d'observation étant épuisé depuis un bon bout de temps déjà.
Parmi le lot de magistrats qui émergent, nous notons avec plaisir Karima Mégari que la chambre correctionnelle d'Alger a vraiment perdue.
Une immense magistrate à l'envergure démesurée. Elle fait actuellement le bonheur des finances, où elle exerce depuis un bon bout de temps, rappelle bien d'agréables souvenirs comme le jugement d'Amar. D. Un prévenu de quarante6 trois piges condamné en 1ère instance, pour le vol, fait prévu et puni par l'article 350 du code pénal.
Le pauvre inculpé a beau se défendre face au juge du tribunal, rien n'y fit! Il coula, au fond de l'abime, et même sombra corps et âme Il ne put sortir «la tête de l'eau». Avec ses dix-huit mois d'emprisonnement dont six fermes, il ne lui restait que l'appel pour en finir avec, ce qu'il a appelé, une «hogra ».
Surtout qu'il s'était entêté à comparaitre devant le tribunal sans l'assistance d'un conseil, considérant qu'il était sûr de lui, et de son innocence...Devant la chambre pénale, ce fut une autre paire de manches. Au moins, il s'est défendu comme il l'avait souhaité!
Face à Mme Karima Mégari et à ses conseillers, il put à loisir, se défendre et alla jusqu'à prouver son innocence, en détruisant les faux témoignages des gus qui s'étaient amusés à raconter des bobards, que le juge unique du tribunal, avala sans coup férir. Mais la composition correctionnelle n'effleura même pas du fait que ces témoins n'ont jamais répondu aux convocations de la justice. Malgré cela, la juge tenta de coincer le malheureux Amar. D.
-- «Pourquoi donc la victime vous a désigné comme étant le voleur? » dit, sans ponctuation, la présidente décidée à en finir avec ce dossier, car le rôle était monstrueux..
-Quu' Allah m'assène sur le champ un coup de foudre qui me fera fondre devant vous, si je mentais!
-Un coup de foudre?» répond la juge visiblement amusée car le prévenu qui avait dit en langue française cette dernière phrase..
- Un coup de foudre, façon de parler car un innocent dans mon cas, perdrait son...latin! Pour revenir à mon affaire, je vous répète que je suis innocent, oui innocent! Et puis vous savez très bien que les victimes ont tendance à grossir les faits. En quoi ces bribes revendues peuvent - elles m'enrichir?
Un filet, cordage et du nécessaire de pêche, c'est combien tout cela, à supposer que je sois le voleur, Mme la présidente, je vous le demande... et je...
-CC'est moi qui pose les questions. La cour n'a pas à répondre aux prévenus. C'est la loi qui le précise, pas moi! Restons dans l'essentiel, et nous gagnerons du temps, voulez-vous?»coupe la juge à dessein afin de ne pas tomber dans des dérapages qui sont, pour les débats, inutiles.
Le prévenu cessa pendant un bon moment de marmonner des trucs que lui seul, comprenait. Puis il reprit sa défense au moment où Karima Mégari, la juge, aborda le pointilleux passage des témoins à la barre.
Là, ce fut franchement un moment de lucidité du prévenu, car il réussit à capter l'attention du trio de magistrats, mais surtout celle du représentant du ministère public qui, jusque-là n'avait pas ouvert les lèvres. Evitant de s'écrier, le prévenu, en entendant la magistrate évoquer l'absence des deux témoins, lança en direction de la salle d'audience comme pour prendre à témoin les présents sur ce qu'il allait dire: « Mme la présidente, vous parlez de témoins? Où sont-ils? Ils ne se sont jamais manifestS, ni devant le magistrat-instructeur, ni devant le tribunal qui a pourtant renvoyé à deux reprises le procès, ni même ici devant vous, et après deux renvois.
C'est triste comme situation; je ne peux plus fermer l'oeil car mon épouse, et mes trois enfants me manquent sincèrement. Mme!
Libérez-moi! Svp!». Ce furent là, les derniers mots d'Omar, dont l'avocat préféra être court, car son client avait pratiquement, tout dit. La mise en examen du dossier fut courte.
Le verdict fut si bien apprécié qu'Amar. D. dégagea un vibrant cri de ravissement: «Vive la juge Mme Megari, et vive la justice!»