Elle récidive avec sa mère
Sarah D, une couturière de trente ans, va-t-elle s’en tirer comme ça, après avoir agressé, deux fois en six mois, sa mère de 81 ans?
Un procès sensible, qui a fait battre très fort, les coeurs de l'assistance, s'est récemment tenu dans un petit tribunal de centre du pays, a soulevé l'indignation des gens qui ont eu la «malchance» d'assister à un spectacle déchirant, surtout lorsque la victime avait eu l'occasion de vider sa gibecière, face à des magistrats qui ont pourtant, au cours de leur courte carrière, entendu des vertes et des pas mûres! Pas de chance, pour Sarah. D. l'inculpée, présumée coupable de «coups sur ascendant», en l'occurrence sa mère. Les faits étaient très graves, et les personnes sensibles avaient quitté très tôt le tribunal, car les propos de la pauvre maman, étaient vraiment insupportables. La présidence de l'audience avait pour juge, un jeune magistrat qui venait de perdre sa maman, il y a un mois, de cela. C'est dire l'émotion et la «rage» qui devaient ronger le juge. Mais, et c'est connu, un magistrat en colère ou sous l'émotion, ne doit, en aucun cas, étudier ce sensible dossier, et donc peut se désister pour cette journée, cela, pour le bien de tous. C'est sa consoeur qui prit la responsabilité de conduire cette audience. Et elle le fera si bien, que les présents, heureux de la bonne marche de l'audience, firent un truc qui n'existe pas ailleurs: ils applaudirent à tout rompre à la fin du procès qui vit l'inculpée -muette- durant la quasi_-totalité des débats, écoper d'un an d'emprisonnement ferme pour coups et blessures sur ascendant. Le grave délit de «coups sur ascendants», est un fait prévu et puni par l' article 267 du code pénal qui dispose (Ordonnance N°75-47 du 17 Juin1975) dans ses alinéas 1 et 2 que, «qe quiconque, volontairement, fait des blessures ou porte des coups à ses père ou mère légitimes, ou autres ascendants légitimes, est puni ainsi qu' il suit: 1°) de l'emprisonnement à temps de cinq à dix ans si les blessures si les blessures ou les coups n'ont occasionné aucune maladie ou incapacité totale de travail de l'espèce mentionnée à l'article 264; 2°) du maximum de l'emprisonnement de cinq à dix ans s'il y a eu une incapacité totale pendant plus de quinze jours du...» La présidente de la section correctionnelle du tribunal appela Sarah. D. qui s'avança, vers la barre, doucement, nous allions écrire un pas devant, deux derrière, donnant l'impression de ne vouloir jamais arriver jusqu'à la magistrate. Elle avançait presque à- plat- ventre, lentement, la «queue» entre les jambes, le regard serein, car ceux des présents, avaient plutôt le regard mobile et parfois, fuyant. Ce regard nous fait penser au fameux adage qui souligne à jute titre que «les yeux sont le reflet de l'âme»! Oui, les yeux sont trop souvent éloquents, et ceux de Sarah, le sont, et fort bien. Lorsque cette femme lança un regard de demande d'indulgence, la juge lui rétorqua sèchement: «Vous auriez dû avoir ce doux regard envers votre maman. Non, Mme a eu autre chose derrière la tête, et vous voilà coincée entre la rigoureuse application de la loi, et l'indulgence des magistrats, appelés seulement à appliquer les textes, et non à broder dessus. Sarah avait su dès le départ qu'elle n'avait aucune chance d'échapper à la loi. Ceci est d'autant plus sûr que le remords qui avait étranglé Sarah, à un moment de l'audience, avait été mélangé à une subite crise de nerfs, née de multiples amers regrets, qui n'apporteront aucun secours à l'inculpée. Son visage était blême, une forte migraine l'avait rapidement mises out, jusqu'à ce que la magistrate, s'étant aperçue de son état, ne l'invite à s'assoir sur le banc des avocats, ant trois minutes. La reprise fut plus difficile, la migraine ne voulant plus s'en aller. Les questions posées par le tribunal étaient plutôt gênantes, que libératrices de l'angoisse «Inculpée, voulez - vous un report des débats jusqu'à ce que vous alliez beaucoup mieux?» proposa innocemment, la juge, qui tendait ainsi la main à une femme qui, visiblement venait probablement de s'apercevoir, un peu tard, de sa grosse «bêtise». Et lorsque la présidente prononça sir le siège la sentence attendue par tous, l'inculpée pleura à chaudes larmes. Trop tard, Mme, le mal étant là dans la salle.