L'Expression

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Duels d'avocats

Les parents divorcent tous les jours de l'année et les magistrats dans les feutrées salles du «huis clos», des tribunaux, suivent, sauf durant les week-ends et en période de Ramadhan, les débats houleux, très souvent. Donc, dans exactement trois semaines, il n'y aura plus d'audience consacrée aux divorces.

L'affaire du jour concerne la non-représentation de mineurs au père, fait prévu et puni par l'article 327 du Code pénal. C'est ce même article de loi qui peut envoyer les auteurs de ce grave délit pour une peine allant de deux ans à cinq ans ferme. Pis encore! Quand les relations s'enveniment entre les ex-époux, c'est que le conjoint qui a eu la garde des gosses-mineurs, refuse obstinément de laisser l'autre conjoint exercer le droit de visite!
La résistance est tellement rugueuse que le duel entre les avocats tourne au vinaigre, voire au «pugilat» oral. Le juge est souvent dépassé et il devra alors sortir l'«artillerie lourde», i.e.
La menace directe de suspendre les hostilités jusqu'au rétablissement de la «paix».
Les parties en présence n'ont alors, qu'à bien se tenir. Tout doit se dérouler dans le respect des uns et des autres.
La mère prétend que ce sont les trois enfants qui refusent de sortir les week-ends, et les jours fériés avec le papa, évidemment -parce qu'il s'était remarié, en laissant «maman» sur le bas côté de la route.
Une occasion est alors offerte au père pour tenter de se venger. Blessé dans son orgueil, et surtout convaincu que l'ex - épouse est derrière ces refus, il dépose plainte auprès du représentant du ministère public, pour non représentation d'enfants.
L'affaire est enrôlée, et programmée pour le 11 du mois courant. Mais, devant le brouhaha des parents qui soutiennent exactement le contraire, de ce que l'autre raconte. «Je vous assure que, je n'y suis pour rien. Ce sont mes enfants qui refusent obstinément de voir leur père. Je vous le jure et...» À cette inadmissible excuse, le président demande à la femme de ramener les enfants afin que le tribunal les entende en personne. Elle est ravie d'expliquer que «les enfants ne veulent plus voir ce papa qui a eu l'audace de se remarier. J'ai tout entrepris pour leur faire comprendre qu'ils devaient sortir avec leur père, rien n'y fit.
À chaque visite, ils s'habillent, se parfument et au moment où le papa vient frapper à la porte, ils se cachent pour signifier leur refus de sortir avec leur père.»
Tout cela est bien; n'empêche que les enfants sont sous votre autorité. Et puisque vous êtes incapable d'avoir de l'influence auprès de vos enfants, je vous demande de les ramener lors de la prochaine audience. Ils seront invités par le juge de dire leur refus devant nous, monsieur le procureur de la République et même publiquement.
La semaine suivante, les parents et les enfants sont dans la salle d'audiences qui leur parait immense.
Le juge a décidé de ne pas instaurer le huis-clos, au père. C'est la loi et la bonne dame va devoir s'y faire.
Le jour «J», les cinq gus sont debout devant le juge qui sourit largement aux gosses qui ne lui rendent pas ce signe de politesse.
Le président va alors user de ses pouvoirs que lui confère la loi et va, ainsi, effectuer une sortie peu vécue dans les enceintes des juridictions, dans ce genre d'affaires! Il se frotte les mains comme s'il allait procéder à une opération chirurgicale et lance en direction de la salle ébahie. «Nous allons instaurer un huis-clos, et ceux qui vont être priés de sortir, ne seront pas cette fois-ci les mineurs, mais les deux adultes, en l'occurrence, le père et la mère des enfants avec qui le tribunal va discuter, en tête à tête, et ainsi prendre leurs avis, car ils sont seuls concernés par ce drame!»
Les parents quittent momentanément la salle d'audience et laissent les enfants seuls avec le juge, le procureur et la greffière.
Un silence pèse de tout son poids sur la salle aux trois -quarts vide.
Le dialogue s'instaure et va vite. Nous ne saurons vous dire ce que se disent les enfants et les magistrats.
De toutes les manières, le juge est satisfait et il le fera savoir aux parents rappelés par le flic de service qui se trouvait devant la porte de la salle. Ils s'avancent de la barre, alors que les gosses sont conduits dans la salle des «pas perdus».

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