Trump gagne la bataille médiatique grâce à Musk
L'élection présentielle américaine est un modèle de
traitement médiatique. Contrairement aux années précédentes, la campagne était centrée sur des médias alternatifs: les réseaux sociaux et les vidéogrammes. Ainsi Kamala Harris est restée fidèle aux médias traditionnels. Elle est notamment apparue dans Call Her Daddy, destiné aux femmes d'âge moyen, afin de parler à cette portion de l'électorat. Elle a aussi participé à All The Smoke, animé par d'ex-stars de la NBA, qui s'adresse davantage aux jeunes hommes noirs, une partie de l'électorat qu'elle doit convaincre de voter pour elle. Elle multiplie ses apparitions pour toucher le plus grand nombre de publics différents. Pendant ce temps-là, Trump a, lui aussi, accordé de nombreuses interviews à des podcasts. Cependant, sa stratégie n'est pas de toucher de nouveaux publics, mais de s'adresser avant tout aux hommes blancs. Certains de ces programmes sont connus pour leurs penchants masculinistes et xénophobes. La campagne de 2016 a révélé à quel point le poids des usines ou fermes à troll était important sur Facebook. Leur influence était indéniable. Les risques de manipulation et d'ingérence étrangère sont clairement identifiés. Les femmes et hommes politiques, mais aussi l'opinion publique, font preuve d'une certaine maturité à ce sujet. L'innocence s'est évaporée, c'est une bonne chose. «Un génie», selon Donald Trump, qui s'est avéré être un véritable colistier. Outre plus de
110 millions de dollars investis de sa fortune personnelle, Elon Musk a «trumpisé» son réseau social X et a même organisé une loterie très polémique pro-Trump. Les messages de celui qui cumule 203,4 millions d'abonnés sur son compte X concernant les élections ont été vus plus d'1,2 milliard de fois! Et un tiers de ses messages postés entre mai et septembre contenait de fausses informations d'après une enquête du Wall Street Journal.
Depuis qu'il a racheté l'ancien Twitter, celui qui se répète fervent défenseur de la liberté d'expression y a quasiment banni la modération et une modification des algorithmes a permis une profusion de contenus pro-Trump. Le dirigeant de Tesla devant désormais hériter d'un audit du gouvernement fédéral en vue de réformes draconiennes. Elon Musk a été absolument central à partir de cet été, à dater du 13 juillet 2024 et la tentative d'assassinat de Donald Trump. Elon Musk s'est alors mis réellement en avant. Et il a adopté une posture, un rôle pratiquement de colistier, plus que James David Vance. Ensuite, il y a eu bien évidemment le rôle de X - Twitter, le fameux réseau social, comme caisse de résonance extraordinaire des théories Maga (Make America Great Again, ndlr), de l'idéologie trumpiste, mais aussi de complotisme, de fake news, de deep fake, de théories et de stratégies de déstabilisation du camp démocrate avec une sur-visibilisation des propos pro-Trump et une sous-visibilisation de comptes, de propos ou de relais en faveur de Kamala Harris. Cette stratégie a été payante pour Trump qui a remporté l'élection sans le soutien du New York Times ou du Washington Post.
