Les tempêtes, film français sur la décennie noire algérienne
La décennie noire est un fonds de commerce qui fait recette, actuellement, en France. Après la littérature, c'est au tour du cinéma d'exploiter le filon avec des cinéastes et des comédiens algériens qui ont vécu cette période. Ainsi, après Houris de Kamel Daoud, une autre oeuvre de fiction vient cette fois d'être adaptée à l'écran.
En effet, le 20 novembre dernier est sorti dans les salles françaises le film Les Tempêtes de la réalisatrice algéro-française Dania Reymond-Boughenou, avec un casting algérien et français à l'image de Khaled Benaissa, Camélia Jordana, Shirine Boutella et Mehdi Ramadani.
Le film revient sur la décennie noire dans un registre de fiction, mais réaliste. Alors que des phénomènes surnaturels comme des tempêtes de poussière jaune sont de plus en plus fréquentes, un journaliste (campé par Khaled Benaissa) se retrouve confronté à de nombreux évènements inexpliqués. «D'étranges tempêtes de poussière jaune s'abattent sur la ville. Nacer, journaliste, couvre le phénomène pour son journal. Alors que les évènements inexpliqués se multiplient, sa femme Fajar réapparaît. Face à des vents de plus en plus menaçants et tandis que la ville semble sombrer dans la folie, Nacer devra dénouer un passé qui le hante.» C'est la deuxième fois que Khaled Benaissa campe le rôle d'un journaliste. Son premier rôle dans un long-métrage remonte à 2004, dans El Manara de Belkacem Hadjadj, sur les prémices de la guerre civile des années 1990. Pour revenir à la source du traumatisme, de le conjurer en faisant revenir les morts dans une tourmente de nuée jaune, de vents qui se lèvent et de trombes d'eau, les tempêtes choisissent de commencer par la fin, par la vie sauve. Pour la critique française, le film est décousu et tumultueux, a les qualités dépenaillées de ses défauts, de son grand désordre intérieur, et s'ouvre sur une grande scène de décompensation: le renoncement du héros, Nacer, à sa vengeance, tandis qu'il a à sa merci l'assassin de son épouse, Fajar, tuée d'une balle dans la tête à un barrage militaire, il y a vingt ans, en pleine guerre civile. Journaliste dans un pays en ébullition, où bientôt réapparaissent les ombres errantes des disparus, Nacer revisite le passé et rentre en ville.
Le pays n'est pas nommé. Dania Reymond a dû filmer et regarder ailleurs puisque le film a été tourné au Maroc, son premier long-métrage vise pourtant l'Algérie, pays natal quitté en 1994 (elle avait 11 ans).
Reste que le film, ne sera pas présenté à Alger pour des raisons qu'on connaît. Après le thème de la guerre d'Algérie, les Français exploitent les sujets de la décennie noire comme pour remuer le couteau dans la plaie.