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L'enjeu majeur du développement local

Relever le défi du développement local a été sans cesse dans notre pays le dénominateur commun de l'État et des collectivités territoriales. Leur interventionnisme illustre le caractère factice du principe d'abstention cher à la doctrine libérale. Dès l'indépendance, c'est en effet le principe d'action qui a prévalu. Mais celle-ci a été endiguée par une triple série de contraintes:
1- contraintes léguées par le colonisateur;
2- contraintes émanant de la société traditionnelle;
3-contraintes d'ordre financier, bureaucratique, méthodologique...
Ces entraves compliquent une tâche bien redoutable orientée dans un triple sens:
1- tarir les sources psychologiques, culturelles et sociales du sous-développement;
2- substituer aux liens communautaires tissés par la tradition des liens de solidarité nationale et territoriale fondés sur la citoyenneté autour de l'État;
3- stimuler les capacités de production du pays, rationaliser la gestion de ses affaires et répondre aux multiples besoins de sa population. C'est dans cette optique que s'est manifestée la politique du développement local. Ses principes de base ont été posés par les lois de 1967 et 1969 faisant de la commune et de la wilaya les pivots de la décentralisation. Celle-ci était conçue en tant que mode de gestion destiné à mettre en mouvement à l'échelon local les ressources d'inventaire des possibilités, ainsi que les capacités d'initiative, de créativité et d'organisation de l'action.
Elle avait pour fondement «une répartition judicieuse des compétences et des tâches qui correspond à une division rationnelle de la responsabilité dans le cadre de l'unité de l'État; aux communes et aux wilayas la solution des problèmes qui leur sont propres; au pouvoir central les problèmes d'importance nationale» (Charte nationale, 1976). Mais les crises internes des années 1980-1990 ont sensiblement altéré cette doctrine.
D'où le devoir de l'État de mettre aujourd'hui la collectivité territoriale en capacité de retrouver ses repères et de passer de son rôle actuel de simple relais des appareils ministériels à un rôle d'acteur à part entière du développement, apte à initier, à décider et à assumer pleinement ses responsabilités devant la population et devant le pouvoir central dont elle reçoit ses moyens d'action. En réalisant une telle mutation, la commune et la wilaya s'insèreront dans la logique d'attractivité et de compétitivité mise en avant par le Snat (Schéma national d'aménagement du territoire).
Il en résultera nécessairement des stratégies de mise en concurrence des territoires via des infrastructures et des mesures séduisantes pour les investisseurs. Chacune d'entre elles s'émancipera de la routine, se réconciliera avec l'audace et sortira des sentiers battus. L'esprit d'entreprise se répandra inéluctablement sur les régions qui prendront chacune une part active à la revigoration et au développement global du pays. Par voie de conséquence, la commune et la wilaya se transformeront en foyers d'initiative et de savoir-faire où une multitude de petites et moyennes unités artisanales et industrielles essaimeront graduellement, portées par des dynamiques autonomes en cohérence avec une dynamique nationale impulsée à la fois par l'État inspirateur et par le libre jeu des initiatives privées. Le lecteur peut légitimement se demander s'il ne s'agit pas là d'une vision théorique sans fondement concret.
Aucunement puisque l'Histoire montre qu'«à l'origine, les effets de proximité et la propagation des savoir-faire ont été déterminants» en matière de développement (cf. B. Pecqueur, 2000).
C'est en tout cas sous cet angle qu'a débuté dans l'Europe moderne la révolution industrielle où la volonté et les initiatives privées ont été décisives avant que l'État régulateur n'entre à son tour en lice. S'agissant de notre pays, c'est pour lui le bon moment de prendre à bras le corps la problématique de la décentralisation qui est bel et bien un instrument essentiel pour l'organisation du développement local et national. De fait, elle prend part aussi bien à la promotion sociale (emploi, éducation, formation, santé, logement...) qu'au progrès matériel (promotion de l'artisanat, industrialisation, infrastructures, équipements socio-éducatifs...), tout en éveillant l'intérêt pour la planification et l'anticipation dont aucun pays éveillé ne peut se passer.
L'Algérie y arrivera si elle en fait un critère de performance de sa démarche et si, de surcroît, les électeurs optent le 7 septembre 2024 pour le principe de persévérance dans l'action. Pourquoi cette option est-elle de circonstance? Pour cinq raisons objectives:
1- elle permet de prendre du recul pour inventorier et corriger les erreurs, tout en ouvrant des perspectives à la mise en avant de l'intérêt supérieur de l'État au désavantage des intérêts envahissants des individus et des groupes;
2- le candidat favori des principaux partis et associations connaît bien ce dossier qu'il a eu déjà à gérer voilà fort longtemps;
3- le pays ne peut pas courir le risque de remettre les compteurs à zéro sans s'y être préparé ni s'être entièrement remis de ses traumatismes;
4- le facteur temps est essentiel pour faire aboutir des réformes;
5- l'instabilité signifie l'incertitude qui répugne aux investisseurs. 

*Membre du Conseil de la nation

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