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Élection présidentielle 2024 le pari de la stabilité et du réalisme

Choisir un président de la République va être pour les Algériens une décision qui ne relève pas de la science où l'entente se fait facilement, mais de la politique qui regorge de divergences. Car ce ne sont pas l'observation et l'expérience en laboratoire qui y guident les individus et les groupes, mais les idées, les opinions, les sentiments, les passions, les émotions, les haines ou les sympathies. Autant dire que l'ambiance n'est pas à la rationalité, la cohérence et la logique. Cependant ni la société algérienne ni aucune autre société humaine ne peuvent se passer d'un dirigeant politique. Il leur sert à contenir la violence des comportements destructeurs en leur sein, à établir la stabilité et, au final, à organiser la vie en commun avec des moyens et selon des règles, des structures, et des procédés qui forment un système. Ce système repose sur des conceptions qui évoluent au gré des circonstances. C'est le cas pour notre pays où une partie de ces conceptions s'est désagrégée en raison des crises de croissance qui ont pesé lourdement sur la société, sur l'économie et même sur la vie des individus. Les conséquences de ces crises ne cessent de se manifester par divers phénomènes qui contrarient le bon fonctionnement de l'État et compromettent sa stabilité. Or, celle-ci est vitale parce que, sans elle, l'Algérie patinera dans ses contradictions pendant que son armature sociale se fragilisera et que l'intelligence collective concentrée au sein de la jeunesse continuera à se disperser aux quatre coins du village planétaire. Dans le même temps, ce qui fait lien et sens s'estompera au détriment de la force du pays et de son image dans le monde. Ce qu'on observe sur la scène mondiale en fournit la preuve éclatante: seules les nations stables qui font de leur cohésion et de leur progrès économique et social une priorité majeure ont réussi à trouver le chemin de l'émergence. Dans cet ordre d'idées, depuis la fin de la guerre froide (1989) et la diffusion du consensus de Washington inventé par J. Williamson (1990), la démocratie libérale et le marché tendent à s'imposer comme unique alternative aux nations sous-développées. Aussi, une controverse s'est-elle installée dans divers milieux au sujet de la compatibilité entre le sous-développement et la démocratie. Cette controverse est loin d'être close, et les conséquences du «Printemps arabe» fournissent sur le sujet des indications bonnes à méditer. Quoi qu'il en soit, tout laisse penser que l'épanouissement du système démocratique est difficilement envisageable en l'absence de conditions adéquates, tout comme le développement pose de son côté des exigences manifestes pour s'accomplir. Dans un cas comme dans l'autre, l'expérience historique montre en l'occurrence que rien ne s'improvise, que tout se prépare. Et que l'ignorance de cette loi de l'histoire de l'évolution des sociétés humaines est la pire des menaces qui pèse sur leur devenir. D'où l'immense difficulté pour des pays comme l'Algérie de mener simultanément à bien deux entreprises titanesques - le développement et la construction de la démocratie libérale- en l'absence, notamment d'un environnement stable et stabilisateur que le leader sorti des urnes aura la redoutable tâche de créer avec, dans son agenda, une priorité à la croissance économique dont dépend tout le reste. Pourquoi est-ce une affaire de leadership? Parce que, comme évoqué dans une précédente contribution (cf. L'Expression Nr 7229), «sans leadership, les institutions vont à la dérive et les nations risquent de courir à la catastrophe» (H. Kissinger, 2023). Mais de quel leadership s'agit-il en l'occurrence? Il s'agit d'un leadership aguerri, c'est-à-dire un leadership dont «la dimension équivaut au couronnement d'une longue carrière de gestionnaire dans les structures de l'État». C'est pourquoi la candidature du président sortant apparaît dans la phase actuelle comme la mieux indiquée. Sans diminuer en aucune façon du mérite de ses concurrents, il est tout à fait clair que les Algériens ne sauraient «confier leur sort au hasard de l'inexpérience». Appuyer cette candidature, c'est donc faire le pari du bon sens, de la stabilité et du réalisme indispensables au bon pilotage d'un pays ébranlé par ses crises récurrentes. Mais «le Pouvoir n'est pas une fin en soi. Il est régulateur d'antagonismes et rationalisateur de la vie sociale. Dès lors, ceux qui cherchent à le contrôler devront s'efforcer de prendre en charge certaines attentes afin de leur donner une réponse propre à conforter leur audience; ils auront aussi à formuler des objectifs suffisamment séduisants pour souder autour d'eux la cohésion sociale» (Ph. Braud, 1992). C'est dire que Abdelmadjid Tebboune est le mieux qualifié à agir dans ce sens. Aussi devra-t- il avoir présents à l'esprit six facteurs de succès:
1-tirer les leçons de son premier mandat;
2-prendre garde à l'influence des émotions sur l'exercice du pouvoir;
3-mettre l'Algérie à l'abri du fléchissement de ses élites dont dépend au bout du compte sa prospérité;
4- rassembler et remobiliser la société;
5- concentrer l'attention sur des dossiers et des thèmes phares;
6- faire de la séquence 2024-2029 celle de la débureaucratisation, de la croissance et du développement, sans oublier de préparer le pays à un emploi serein des procédures démocratiques.

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