Une narration pour le couscous
L'Histoire du couscous est installée dans une narration identitaire, agricole et civilisationnelle aussi unique que fascinante. Il est d'abord le plat du partage, de la participation et du voyage, on ne mange jamais le couscous seul, mais toujours en groupe, en famille, assis autour d'une maïda!
Musique des cuillères!
Le couscous est le plat de la concorde et de l'hospitalité amazighe généreuse. Il est le plat du pauvre et du riche en même temps, consommé en hiver comme en été. Avec une sauce chaude ou froide, rouge ou blanche, peu importe. Le plat des quatre saisons, succulent pour les jours glaciaux, savoureux pour les jours caniculaires. Le plat préféré des rois et de leurs sujets, également, des citadins et des campagnards. Il est le plat du bonheur à l'heure des fêtes et le plat du chagrin à l'heure des funérailles!
Le couscous est une sorte de légende amazighe
Depuis la nuit des temps, sa narration historique s'entremêle avec celle du peuple amazigh, dans une géographie tantôt constante tantôt variable, la terre bénie d'Afrique du Nord. Le couscous est le miroir qui nous renvoie à nous-mêmes, à une partie de notre Histoire ancestrale, complexe, mal écrite, mal enseignée et souvent falsifiée. Lire ou relire l'Histoire de notre pays à travers l'histoire du couscous n'est pas une démarche facile, mais crédible
Le couscous est notre mémoire commune
Il cache une autre histoire importante, celle de l'agriculture, du blé, de l'orge, du maïs et du riz. Il est le livre vivant d'une longue Histoire de notre art culinaire, la culture de la table. Il est le répertoire sacré de l'histoire de toutes les fêtes amazighes; religieuses, séculières et nationales. Il est le témoin de l'Histoire de l'hospitalité nord-africaine.
Depuis longtemps, le couscous voyage dans le monde et invite les citoyens des quatre coins du monde à venir à sa table basse noble.
Le couscous détient une place appétissante dans la littérature universelle.
Bien décrit, on le retrouve dans les oeuvres littéraires les plus célèbres du monde, les plus lues par les peuples de la terre à travers toute l'Histoire humaine; chez Cervantès, Rabelais, Alexandre Dumas, Georges Sand, Alphonse Daudet, Ibn Khaldoun, Ibn Rochd, Ibn Tofayl, Ibn Zaydoune, Ibn Battuta, El Bakri, Léon l'Africain, Mouloud Feraoun, Mohamed Dib, Mouloud Mammeri, Nabile Farès, Abdelhamid Ben Hadouga, Réda Houhou, Ibrahim Al-Koni,... «Pour Rabelais (coscosson et coscoton) pour Cervantes (cuzcuz) pour Dumas père (coussou-coussou) pour Alphonse Daudet kousskouss et pour Georges Sand (kouss-kouss)»... On le retrouve dans le cinéma algérien et maghrébin, dans les films de Slim Riad, de Lakhdar-Hamina, de Amar Laskri, de Merzak Alouache, de Ahmed Rachedi, de Mohamed Chouikh, de Benamar Bakhti, de Belkacem Hadjadj, de Saïd Ould khelifa... dans le théâtre chez Bachtarzi, Ksentini, Allalou, Kaki, Alloula, Benguettaf, Bouguermouh, Ziani Cherif Ayad, Adar... dans la peinture algérienne et universelle, chez Baya, Aïcha Haddad, Issiakhem, Picasso, Renoir, Monet, Dinet, Delacroix, Matisse, Koreichi, Mesli...
Les écrits sur et autour du couscous
constituent une bibliothèque unique et complète; poésie, roman, théâtre, nouvelle, critique, anthropologie, sociologie, chant et musique. Le couscous est célébré dans toutes les langues du monde ou presque; en tamazight, en arabe classique, en daridja, en latin, en français, en anglais, en espagnol, en italien, en turc, en hébreu.
Le petit grain magique!
Le couscous représente une partie de notre identité et de notre fierté. Il change de matières premières, mais ne change jamais son origine, ne trahit jamais le lieu de sa genèse l'Algérie où le ciel bleu couvre les mains qui le roulent majestueusement.
Même si nos femmes ne sont pas des rouleuses du couscous, une fois face au grain magique, elles deviennent imaginatives!Mais ma mère avait des mains magiques qui la plaçaient au-dessus de toutes. Toutes les mamans sont créatives.
Chaque femme garde son secret dans la préparation de son couscous; ses légumes et ses épices! Aujourd'hui, les hommes aussi ont leur secret. Le couscous est comme l'amour, chacun et chacune le pratiquent à leurs manières respectives
Jadis on mangeait le couscous, presque, tous les jours. Aujourd'hui,ils l'ont en vendredi!
Trois éléments font notre exception culturelle et identitaire, à savoir le couscous, le burnous et le Barbe. Et ces trois éléments, parmi d'autres, sont le socle pour une unité solide et durable des pays de l'Afrique du Nord.
Enfin, pas trop tard, en 2020, le couscous a été inscrit sur la liste du patrimoine de l'humanité de l'Unesco.