Le Sila, ce dernier refuge livresque
La lecture est le sel de la vie. Elle moralise et désinfecte le discours politique extrémiste quelle que soit son affiliation. Le livre est, par excellence, le prince de la culture, et il le restera pour toujours. La lecture créative est le chemin qui mène vers la liberté individuelle et collective. Lire la bonne littérature c'est se libérer soi-même et libérer ceux qui nous entourent.La lecture est une deuxième vie. Chaque bon livre lu est une nouvelle vie offerte à son lecteur. La lecture est aussi un bonheur, un plaisir, mais avant tout elle est porteuse de questions gênantes qui creusent dans l'esprit,démantèlent les pseudo-constantes et démontent les tabous. La lecture dérange tout ce qui est figé en nous. Quand l'état du livre est en bonne santé, les autres arts le sont aussi; le cinéma, le théâtre, la musique, la peinture, l'architecture...
Le livre ramène la paix et combat la violence dans la société
Quand le livre est respecté la citoyennetél'est aussi.La cause de nos défaites c'est tnotre manque d'intérêt pour la culture en général et le livre en particulier. Et nos rares victoires se reposent sur notre lien perturbé avec le livre. Une nation qui lit ne sera jamais vaincue.
Et la société qui célèbre le livre est épargnée de toute médiocrité politique, morale ou civilisationnelle. En Algérie; nous avons des milliers de bibliothèques à travers le pays:des bibliothèques communales, des bibliothèques principales de lecture publique de wilaya, des bibliothèques universitaires, chaque université à une grande bibliothèque, chaque faculté possède sa bibliothèque et chaque département a la sienne.
On a une Bibliothèque nationale dont la capacité est de onze millions de livres! Et on a des milliers de centres culturels et une centaine de maisons de la culture et des quelques théâtres avec des bibliothèques. Mais, malheureusement, toutes ces infrastructures livresques sont sans âme et sans vie! Elles vivent dans l'âge de pierre, déconnectées du monde d'aujourd'hui. Il faut toute une révolution culturelle pour faire bouger ces murs!Une révolution pas à la manière stalinienne!
À ces infrastructures importantes où l'Etat a dépensé des fortunes,il manque dee savoir-faire. Illur manque le savoir-lire, lire l'Histoire et l'être humain!
Pour défendre le livre, il faut l'aimer
Toute personne exerçant comme bibliothécaire doit être habitée par l'amour du livre, un militant pour un projet culturel Le nombre,quel que soit élevé, des établissements paralysés ne produit pas de la vraie culture. Le rôle de l'État c'est l'orientation et la subvention de la culture et non pas la gestion de cette dernière. La culture est faite par le génie du citoyen et pour le citoyen.
Le numérique ne fait pas peur au livre
Il ne constitue pas une menace, bien au contraire il est son soutien et une fenêtre grand-ouverte sur le nouveau monde. Rien ne peut remplacer le livre. Rien ne remplace le numérique, ils font deux mondes qui se complètent. Certes nous avançons vers une ère du virtuel et du numérique,cela est la logique du jeu de l'Histoire humaine, mais le livre en tant qu'objet magique a encore devant lui deslongues années de rayonnement et d'influence.
Au Japon, le pays le plus numérisé, le plus digitalisé et le plus robotisé, le citoyen n'a pas perdu sa relation avec le livre et la lecture dite classique. Dans ce pays du soleil levant, dès l'annonce de la sortie d'un nouveau roman de Haruki Murakami, de bon matin, les lecteurs se bousculent, dans des longues files, devant les librairies afin de se procurer leurs exemplaires.
La technologie n'a jamais été l'ennemie du livre. Mais la consommation sous-développée est l'ennemie de la technologie, de la raison, de la culture et du livre éveilleur.
En Algérie, le Sila est l'évènement culturel le plus important
Il est sans doute la seule et la dernière manifestation culturelle sérieuse dans notre pays. Dix jours de culture dans 365 jours de désert ou de manifestations carnavalesques et sans effets durables!
Le Sila, à mes yeux, est le seul rescapé de la culture algérienne. Le seul évènement culturel en Algérie qui garde encore quelques lueurs d'espoir culturel national. Ce qui nous manque, et il faut le dire avec courage, c'est la libération de la culture de toute démagogie politiste exercée par des pseudos décideurs.
Les libraires ont besoin d'un accompagnement sérieux et concret. Le vendeur du livre n'est pas un vendeur de pizza, avec tout le respect dû aux pizzaiolos. Les éditeurs ont besoin d'un autre regard de la part desdécideurs.
Celui qui fabrique les livres ne ressemble pas à celui qui fabrique les gobelets, avec tout le respect dû aux fabricants de gobelets. Notre culture a besoin d'innovation et de modernité. La monotonie et la gestion des années soixante-dix et le tape à l'oeil tuent le livre et la culture en général. Libérez le livre du folklorisme culturel et politiste.