Djermouna
Les martyrs de retour
Les commémorations sont omniprésentes, tant cette région a donné à la libération du pays du joug colonial. Les habitants de Djermouna, un village martyr, n'ont pas oublié leurs 14 chouhada tombés au champ d'honneur les armes à la main, le 20 janvier 1957 au niveau de leur village. Avant-hier, c'était le 66e anniversaire de leur disparition, à la périphérie de la ville de Kherrata. Les habitants et la famille révolutionnaire ont commémoré cet anniversaire, organisé par le Musée du moudjahid de Béjaïa. Des moudjahidine, des proches des martyrs, notamment leurs enfants, et des historiens, ont pris part à cette commémoration.
Une occasion d'apporter leurs témoignages sur cette journée funeste du 20 janvier 1957. Ce jour-là, l'armée coloniale avait attaqué par surprise le village de Djermouna, tuant une trentaine de personnes dont des enfants et des vieillards. L'attaque s'est soldée également par la destruction et l'incendie de plusieurs maisons. Parmi les victimes, figuraient 14 combattants de l'Armée de Libération nationale (l'ALN) qui se trouvaient dans quatre maisonnettes, qui pour se soigner, qui pour se reposer après de long périples dans la montagne. Tous avaient péri après avoir farouchement résisté à cette offensive,
qui avait mobilisé de grands moyens, notamment l'artillerie et l'aviation, selon les témoignages des moudjahidine encore vivants. L'un d'entre eux qualifiera l'opération de «criminelle». Elle avait été menée en représailles contre une embuscade tendue par les moudjahidine quelques jours plus tôt, contre un détachement militaire dans la région et qui a coûté la vie à de nombreux soldats français. La réaction de l'armée coloniale ne s'était pas fait attendre. Aveuglément, les militaires ont tiré avec «haine etacharnement» tant sur les civils que sur les combattants de l'ALN, rapportent des intervenants.
