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Prêt-à- porter et chaussures

Peut-on être chic en «made in bladi»?

Une petite virée dans des boutiques de la capitale nous fait découvrir des produits qui allient qualité et prix. Le tout dans un design des plus modernes. Néanmoins, le chemin est encore long pour consommer 100% algérien…

«Je suis habillé de la tête au pied en made in Algeria». Une phrase qui fera sourire plus d'un étant donné la mauvaise image qui colle à la peau de tout ce qui est fabriqué localement. Pourtant, Riyadh n'est pas du genre a plaisanté et encore mois à dénigrer son pays. Très élégant, tiré à quatre épingles, ce trentenaire ne plaisante pas. «Je vous jure qu'aucun vêtement que je porte, n'est d'importation», assure t-il avec un large sourire. Il insiste pour nous présenter son «outfit» «made in bladi». Il commence par sa plus grande fierté que sont ses bottines. Une belle paire de chaussures «Derby» en cuir avec un design moderne et élégant. «Cela fait des années que toutes mes chaussures de ville ou classiques sont algériennes», assure t-il.
« C'est du vrai cuir, solide et confortable. J'ai payé ce modèle 3500 dinars alors que le même en importation vous ne le trouverez pas moins de 8000 dinars», assure ce jeune homme. Il passe ensuite à son beau jean. «Ce n'est pas un Celio ou un Zara, mais un PM de chez PMG. Je l'ai acheté, il y a presque un an, à 3400 dinars. Faites le constat de vous-même, il n'a presque pas bougé», précise t-il avec la même fierté. Il passe ensuite vers le haut. Une petite chemise très classe, accompagnée d'un beau pull en laine et d'un manteau trois quarts.
« Ça c'est du Jacket Club. J'ai acheté le tout dans les magasins de cette marque publique. Je ne me souviens pas exactement du prix, mais je sais que le tout était à moins de 10 000 dinars. Ce qui n'est même pas le prix d'un manteau d'une telle qualité», Riyadh assure ne pas cesser de«harceler» ses amis par ses belles trouvailles «made in bladi».
Cet employé d'une banque privée avoue qu'il lui arrive de «succomber» à du prêt- à- porter qui n'est pas algérien. «Mais j'essaye au maximum d'éviter les produits importés afin d'encourager la production locale», rétorquet-il.
La douche froide...
Pour lui, l'essentiel c'est que l'on peut réellement être chic en étant habillé par des mains algériennes. Cette rencontre fortuite avec notre ami nous pousse à aller faire un tour du côté des commerces pour voir la réalité du textile algérien. On commence bien évidemment par faire un tour aux nombreuses boutiques Jacket Club du groupe public Getex. En entrant dans celle de la rue Didouche Mourad, on est un peu dessus. On fait directement face à des modèles passés de mode. C'est la douche froide. Pourtant, en «fouinant» un peu on tombe sur de petites perles. À l'image du sweatshirt à la fois chic et sportif et surtout une collection de chemises classiques qui sont affichées à 2000 dinars. Une très bonne affaire au vu de la qualité du produit et de son design. On découvre également des vestes et de beaux manteaux qui n'ont rien à envier à ceux que l'on trouve dans les grandes boutiques de prêt-à-porter. Le seul bémol réside dans le fait que ces «merveilles» sont mal -présentées, voire noyées par des modèles qui devaient être retirés depuis bien longtemps. On continue notre petite tournée en allant à la recherche de chaussures fabriquées avec le fameux cuir algérien. Notre première escale est à Rouiba (banlieue est d'Alger). Plus exactement chez Districh, la légendaire entreprise de distribution de chaussures et maroquinerie, dont on pensait qu'il ne restait que des ruines. On arrive à cette adresse que nous donne un ami «réputé» pour ses bon plans. Au-delà de l'aspect délétère de la boutique, les modèles exposés feraient croire que nous avions atterri chez un grand maroquinier italien. On découvre de magnifiques mocassins à glands, divers modèles de boots, des chaussures pour femmes et enfants, des porte-documents en cuir...Bref, une vraie caverne de cuir.
L'étonnement chez Districh
Les prix vous laissent bouche-bée. Le modèle le plus cher ne dépasse pas les 4500 dinars. «C'est du vrai cuir garanti», soutient le vendeur en retournant la chaussure de tous les côtés. Voyant notre étonnement devant la qualité de ces produits, le vendeur réplique avec un grand sourire. «Ce n'est rien comparé à ce qui se fait sur le marché. Il y a de nouvelles collections que nous n'avons pas encore reçues», assure t-il.
Chose que confirme un client que nous avons croisé sur place. «Allez voir sur les réseaux sociaux ou dans les boutiques qui se sont spécialisées dans les chaussures locales, vous n'allez pas en croire vos yeux», rapporte-t-il avant de tirer son smartphone de sa poche. Sur Marketplace de facebook, Ouedkniss ou même TikTok, des vendeurs se sont spécialisés dans la vente de chaussures «100% algériennes». Dans le monde virtuel des réseaux sociaux, le «made in Algeria» est une référence, voire une garantie de qualité. Les vendeurs en ligne font la promotion de ces produits en comparant avec des modèles importés, beaucoup plus chers et parfois de moindre qualité. Ils expliquent aux internautes comment reconnaître le bon du mauvais produit. Mieux encore, des fabricants de ces chaussures algériennes utilisent même les réseaux sociaux afin de faire la promotion de leurs produits. Ils vont jusqu'à faire des visites virtuelles de leurs ateliers. On y découvre du matériel dernier cri et des équipes qui travaillent à la chaîne. Ils montrent aussi leur matière première qui est véritablement du cuir de bonne qualité. Il y a même des équipes de recherche et développement qui s'occupent de désigner les modèles afin de les adapter aux dernières modes. Ces gros fabricants ne sont pas les seuls à occuper le marché. Toujours sur les réseaux sociaux, on découvre de jeunes entrepreneurs qui se sont lancés dans la fabrication de chaussures. Il s'agit plus de modèles de sport, destinés aux jeunes, et pas trop difficiles à faire. Cela n'empêche qu'ils sont magnifiques et séduisent de plus en plus les jeunes. D'ailleurs, sur TikTok des défis ont même été lancés pour présenter la meilleure chaussure de ces créateurs algériens. Les «ados» s'en donnent à coeur joie. Ils n'hésitent pas à les customiser pour leur donner un plus beau look.
Quoi qu'il en soit, les chaussures algériennes semblent avoir de plus en plus la cote. Cela même si certains clichés ont la peau dure. Comme nous l'affirme Salim, un vendeur ayant une boutique physique à Alger. «Je vends des chaussures locales et d'importation. Quand je présente les modèles algériens à mes clients, ils font la grimace, critiquent sans les avoir essayés», raconte t-il. Notre ami soutient qu'il finit par convaincre des clients de les essayer. «Les modèles, je les propose rapidement. Le prix est un argument de plus», témoigne t-il avant de faire un petit tour de sa boutique. Il assure que les critiques qu'il reçoit sur les produits algériens sont dans la plupart des cas infondés. «On vient me dire que j'ai déjà essayé mais qu'ils se déchirent rapidement, font mal au pied ou finissent par sentir mauvais très vite», rapporte t-il. «J'ai croisé des insatisfaits, mais je leur demande combien ils ont payé? Ils répondent 1500, 2000 dinars.
La mode sur les réseaux sociaux
On ne peut pas espérer avoir de la qualité à ce prix», poursuit-il. Salim résume la situation par une petite phrase: «Aujourd'hui, les fabricants en Algérie sont comme les Chinois. Ils te font des produits à tous les prix, selon ton budget». En fin connaisseur du marché, il estime qu'avec 4000 dinars ou un peu plus on peut s'offrir des chaussures de très très bonne qualité.Un constat que nous avons pu faire durant tout ce petit reportage. On peut l'affirmer donc sans avoir peur du ridicule, on peut bien s'habiller avec des produits «made in bladi». Est-il temps de bloquer les importations de ces produits afin de favoriser le local? On n'en est pas encore là. Les spécialistes estiment que même si la qualité est au rendez-vous, l'offre est loin de répondre à la demande. On estime à moins de 10% la part du produit algérien dans les marchés du prêt-à-porter local. Pis encore, certains produits, à l'instar des baskets sont encore à l'état embryonnaire. D'ailleurs, partout dans le monde, ils sont l'apanage de grands mastodontes. Le «made in Algérie» n'est donc pas une utopie, mais le chemin est encore long pour consommer 100% algérien... 

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