L'Expression

{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

49 Condamnations à mort pour l'assassinat de Djamel Bensmaïl

Les leçons d'un verdict

Manipulés ou agissant en toute connaissance de cause, les criminels ont commis l'innommable.

La justice a été rendue dans le procès de l'assassinat de Djamel Bensmaïl. Tout au long du procès qui a resitué les faits, établi les responsabilités des uns et des autres et pointé les manoeuvres politiciennes visant à provoquer une cassure entre la Kabylie et le reste du pays. Bien avant le procès, les Algériens ont assisté, par réseaux sociaux interposés, au martyre de Djamel Bensmaïl. Il l'ont entendu crier à l'un de ses tortionnaires: «Tu te trompes mon frère.» Ils ont vu le coup de couteau et l'horrible bûcher. Ils ont également assisté à des comportements inhumains: des propos barbares «tranche-lui la gorge, brûle-le». À travers ces mêmes réseaux sociaux, il ont exprimé leur colère devant des selfies, devenus viraux, où l'on voit des monstres sourire devant la dépouille de Djamel en train de brûler. Toutes ces images révoltantes ne sortent pas de l'imagination des policiers qui ont procédé aux arrestations, ni de celle du juge qui a instruit cette affaire.
Réduire ce crime à un simple fait divers ne rend pas justice à un homme qui a tenté de raisonner ses assassins. Manipulés ou agissant en toute connaissance de cause, ces derniers ont commis l'innommable. La justice a tranché sur leur responsabilité dans ce crime abject. Beaucoup, parmi les prévenus, ont été innocentés. La justice les a blanchis. D'autres ont écopé de lourdes peines. Mais le dossier, sur son fond politique, n'est pas fermé pour autant. Et pour cause, aujourd'hui encore, à Larbaâ Nath Irathen, ailleurs en Kabylie et plus globalement à travers tout le territoire national, les Algériens évoquent cet épisode tragique, non pas sous l'angle du fait divers, mais parlent de complot contre l'unité du pays. Dans le village même où s'est déroulé l'assassinat, Mohamed, fonctionnaire de son état souligne le caractère barbare de l'acte. «En scénarisant leur acte, les assassins ont tout fait pour donner de la Kabylie, l'image d'une région inhospitalière, intolérante et aux instincts criminels», affirme Mohamed, non sans souligner l'échec de cette malheureuse stratégie. «Malgré l'horreur de ce crime, les Algériens n'ont pas cessé leur soutien et leur solidarité. Preuve qu'ils ont compris le but des assassins. Ils ont même redoublé d'efforts pour panser les blessures de la Kabylie», note-t-il. Tous les citoyens de la région tiennent les mêmes propos et tous, au même titre, d'ailleurs, que l'ensemble de la communauté nationale, soulignent le patriotisme et la maturité d'une société qui sait l'importance de l'unité en pareilles circonstances.
Les Algériens ont surtout reconnu en l'attitude du père de Djamel Bensmaïl, le summum de l'amour de la patrie. L'homme a vu le complot et au lieu de réclamer vengeance contre les assassins de son fils, il a eu le geste qui a sauvé le pays d'une descente aux enfers. Avant même de quitter la ville de Miliana, il a su prononcer les mots qui ont déjoué le complot. «Les gens de la Kabylie sont nos frères. Nous ne cherchons pas la fitna. Que Dieu nous donne du courage. Mon fils est un chahid. Il est mort en héros», disait le père du martyr. Tout Algérien s'est retrouvé dans la grande sagesse d'un père éploré. Chaque patriote de ce grand pays, abreuvé au sang des martyrs, a compris le sens de cette déclaration. Le père a d'abord pensé à la sauvegarde de la nation avant de pleurer son fils. «Soyez fiers de Djamel. Mon fils est un héros. Vous avez un héros. Après Ali la pointe, on a Djamel Bensmaïl», disait-il en s'adressant aux citoyens de Miliana. Ces derniers ont saisi le message, au même titre que les habitants de Larbaâ Nath Irathen, de la Kabylie et de l'Algérie entière. Le sang de Djamel n'a pas été gaspillé. Il a servi de ciment pour un peuple, conscient des dangers qui le guettent. Plus de trois ans après ce drame absolu, les Algériens retiennent encore la fougue et l'héroïsme de Djamel, la belle réaction de son père et l'élan national d'empathie envers sa famille. Après le passage de la justice, la nation se doit de garder des traces de cet épisode, exceptionnel de patriotisme, dont a fait montre le peuple algérien.

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré