L'Expression

{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Enjeux de pouvoir et fondement du développement pour 2022

La lutte contre le terrorisme bureaucratique

Le système financier algérien est actuellement dans l'incapacité d'autonomiser la sphère financière de la sphère publique.

Enjeu énorme de pouvoir, afin qu'il ne soit plus un acteur passif de la redistribution de la rente des hydrocarbures dans le sillage des sphères de clientèles, le grand défi, pour la relance économique en 2022, est la réforme système financier de simples guichets administratifs (lieu de distribution de la rente), selon les propos du président de la République et ce, dans toute sa composante où une oligarchie rentière a utilisé, le système douanier pour des surfacturations faute d'absence d'un tableau de la valeur relié au réseaux internationaux, (prix, poids coûts/qualité); le système domanial non numérisé favorisant la dilapidation du foncier; le système fiscal non numérisé favorisant la fraude fiscale, le système bancaire public avec des crédits faramineux octroyés sans de véritables garanties, en plus des bonifications de taux d'intérêt, avec des complicités, sans corrélation avec les impacts en matière de création de richesses. Force est de reconnaître qu'en ce mois de janvier 2022, l' économie algérienne est de nature publique avec une gestion administrée centralisée...
La totalité des activités quelle que soit leur nature, se nourrit de flux budgétaires, c'est-à-dire l'essence même du financement lié à la capacité réelle ou supposée du Trésor...
La persistance des déficits publics à travers l'assainissement de leurs dettes et l'appui à l'investissement), le manque de rigueur dans la gestion dont les lois de finances prévoient toujours des montants pour les réévaluations des coûts des projets publics en cours de réalisation, a produit un système d'éviction sur l'investissement productif, notamment du secteur privé.
On peut considérer que les conduits d'irrigation, les banques commerciales et d'investissement en Algérie opèrent non plus à partir d'une épargne puisée du marché, éventuellement un reliquat du travail mais par les avances récurrentes (tirage: réescompte) auprès de la banque d'Algérie pour les entreprises publiques qui sont ensuite refinancées par le Trésor public sous la forme d'assainissement: rachat des engagements financiers des EPE auprès de la banque d'Algérie, un montant faramineux durant les 30 dernières années, 250 milliards de dollars, selon les données du Premier ministère, alors que plus de 80% de ces entreprises sont revenues à la case de départ et montrant plus de 65 milliards de dollars de réévaluation, faute de maîtrise des projets, durant les 10 dernières années (source APS) que ce n'est pas une question de capital argent.

Liquidités «oisives»
Le système financier algérien est actuellement dans l'incapacité d'autonomiser la sphère financière de la sphère publique, cette dernière étant totalement articulée à la sphère publique, le marché bancaire algérien étant totalement dominé par les banques publiques, les banques privées malgré leur nombre, étant marginales en volume de transaction, avec au niveau public, la dominance de la BEA, communément appelée la banque de la Sonatrach. Paradoxe, si par le passé, les disponibilités financières dans les banques algériennes étaient importantes, les banques publiques croulant sous les liquidités oisives, ce n'est plus le cas, aujourd'hui, avec la crise de liquidités. L'aisance financière artificielle grâce aux hydrocarbures par le passé a permis d'éponger une fraction importante de la dette publique intérieure et extérieure, artificiellement, par la rente des hydrocarbures. Aussi, d'autres modes de financement pour dynamiser le tissu productif sont nécessaires. Il y a lieu de lever la rigidité de la gestion, les banques privilégiant l'importation au détriment des producteurs de richesses.

Le crédit bail
Les financements bancaires à long terme habituels sont généralement inaccessibles pour les PME, faute de garanties, ce qui rend les actifs mobiliers peu sûrs pour l'accès au crédit. Cette situation, ajoutée au niveau élevé des coûts de transaction liés à l'obligation de vigilance, amène les banques commerciales à continuer de privilégier les prêts aux marges, les entreprises bien établies. Dès lors, le crédit bail pourrait être un complément comme moyen de financement pour certains biens d'équipements en particulier pour les entreprises plus petites qui n'ont pas une tradition de crédit ou qui ne disposent pas de garanties requises pour avoir accès aux formes habituelles de financement. Il faut éviter ce mythe que la finance islamique soit la solution idoine qui a représenté en 2020 moins de 1% des crédits globaux de l'économie mondiale (en cours d'environ 2800 milliards de dollars) et pour l'Algérie, malgré des tapages publicitaires n'a pas permis de drainer une partie du capital-argent au niveau de la sphère informelle dont le montant dépasse les 6100 milliards de dinars fin 2020. Selon la banque d'Algérie et selon le ministre des Finances en date du 16 septembre 2021, je le cite «le montant depuis le lancement des produits de la finance islamique s'est élevé à 10 milliards de dinars», soit 0,1% du montant de la sphère informelle et depuis aucun bilan.
La bourse d'Alger, création administrative en 1996 est en léthargie, les plus grandes sociétés algériennes comme Sonatrach et Sonelgaz et plusieurs grands groupes privés n'étant pas cotées en bourse. Selon les données officielles du registre du commerce en 2020, plus de 95% des entreprises sont des sociétés unipersonnelles ou de petites Sarl peu innovantes et à gestion familiale. L'important pour une bourse fiable est le nombre d'acteurs fiables au niveau de ce marché pour l'instant limité. Imaginez-vous un très beau stade de football pouvant accueillir plus de 100 000 spectateurs sans équipe pour disputer la partie. Les autorités algériennes se sont donc contentées de construire le stade, mais sans joueurs. La léthargie de la Bourse d'Alger renvoie principalement à un environnement des affaires contraignant, lui-même lié au mode de gouvernance, expliquant le peu d'entreprises productives cotées et donc cette léthargie... Car pour avoir une cotation significative, l'ensemble des titres de capital de la Bourse d'Alger doit représenter une part significative du produit intérieur brut, les volumes de transactions observés étant actuellement insuffisants. Les opérateurs privés susceptibles de se lancer dans cette activité ne pourront le faire que lorsque le nombre de sociétés et le volume traité seront suffisants pour seulement couvrir leurs frais.
Sur le plan technique, en l'état actuel de leurs comptes, très peu d'entreprises connaissent exactement l'évaluation de leurs actifs, selon les normes du marché. Excepté une minorité, il se trouve que les comptes des entreprises publiques et privées sont dans un état qui ne passerait pas la diligence des audits les plus élémentaires. Sonatrach, par exemple, livre des comptes consolidés de peu de signification, alors qu' il s'agit de distinguer le surplus engrangé par une bonne gestion interne et celui, dû à l'évolution du prix au niveau international. Aussi, il ne faut pas chercher cette défaillance dans l'appareil technique et réglementaire (Cosob Sgvb Algérie Clearing) mais dans le cadre macroéconomique et macrosocial dans la mesure où son efficacité doit s'inscrire au sein d'une vision stratégique claire du développement.
En résumé, le XXIe siècle sera dominé par l'émergence de réseaux décentralisés, qui remplaceront les relations personnalisées d'État à État dans le domaine des relations économiques et de l'intelligence artificielle (le primat de la connaissance) qui révolutionne tout le système économique mondial- Les responsables algériens s'adapteront -ils à ce nouveau monde dynamique en perpétuel mouvement, où n'existe pas de modèle statique, ou vivront t- ils toujours sur des schémas mécaniques dépassés des années 1970 -1980 conduisant le pays à l'impasse? La transition d'une économie de rente à une économie hors hydrocarbures, dans le cadre de la mondialisation, suppose donc un profond réaménagement des structures du pouvoir assis sur la rente à un pouvoir se fondant sur les couches productives et le savoir et surtout, le grand défi en 2022 pour l'Algérie est la lutte contre le terrorisme bureaucratique, afin de libérer les énergies créatrices, au lieu des relations de clientèles et le régionalisme et de redonner sa place aux compétences réelles et donc au savoir et d'autonomiser la sphère financière, afin qu'elle ne soit plus un acteur passif de la redistribution de la rente des hydrocarbures au profit de clientèles non créatrices de richesses comme en témoignent les nombreux scandales financiers. Car, le bureaucrate au niveau central mais également au niveau local, amène avec lui, le carcan, les lenteurs, les petitesses en oubliant la conscience et l'efficacité.

Première conséquence
Le but du bureaucrate est de donner l'illusion d'un gouvernement même si l'administration fonctionne à vide, en fait de gouverner une population infime en ignorant la société majoritaire. Nous aurons ainsi une triple conséquence:
1ère conséquence: une centralisation pour régenter la vie politique, sociale et économique du pays;
2e conséquence: l'élimination de tout pouvoir rival au nom du pouvoir bureaucratique;
3e conséquence: la bureaucratie bâtit au nom de l'État des plans dont l'efficacité, sinon l'imagination se révèle bien faible. Aussi la réussite de la relance économique pour 2022-2025, est souhaitable afin d'éviter les tensions sociales et sécuritaires, créant un lien dialectique entre sécurité et développement, partant d'un bilan objectif, sans complaisance, doit s'attaquer aux fondamentaux du blocage et trouver des réponses réelles sur tout le territoire national et qui répondent en priorité aux aspirations de la population algérienne en redonnant un espoir, ce qui renvoie à la confiance État-citoyens afin qu'ils s'impliquent dans les réalisations présentes et futures. Cela renvoie à la responsabilité citoyenne et à la démocratie participative. En s'adaptant aux nouvelles mutations mondiales, avec le renouveau de la gouvernance, et la valorisation du savoir, l'Algérie, forte de ses importantes potentialités, peut devenir un pays pivot et être facteur de stabilité de la région méditerranéenne et africaine. L'enjeu du développement de l'Algérie dépasse le cadre national, car toute déstabilisation, comme je le soulignais dans deux interviews (2016/2017), l'une aux USA, à l'American Herald Tribune et l'autre en France à la Tribune.FR, aurait des répercussions géostratégiques sur toute la région.

*Professeur des universités, expert international

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré