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Avec le gazoduc transsaharien, ils imposent une nouvelle donne énergétique

Algérie- Nigeria: les maîtres du jeu

L'apport du gaz nigérian dans le pipeline, transitant par l'Algérie, propulsera l'Afrique sur la scène régionale en tant qu'acteur de premier plan.

Le gazoduc Trans-saharan Gas-Pipeline (Tsgp), qui relie l'Algérie au Nigeria via le Niger, est non seulement rentable, mais constitue l'ouvrage du siècle. Pour l'Algérie d'abord, puisque le pays s'ouvre à des réserves gazières exceptionnelles. Ce qui éloignera pour très longtemps le spectre d'une «panne de gaz» au cas où les réserves algériennes venaient à décliner. C'est une sécurité supplémentaire qui vient appuyer l'ambitieux projet d'électricité solaire, censée se substituer au gaz naturel. Le gazoduc est également une aubaine historique pour le Nigeria qui pourra exporter son gaz en Europe, sans avoir à le liquéfier. Une substantielle économie en perspective pour un pays, dont les immenses capacités de production pourront alimenter sur une longue période les pays méditerranéens.
L'apport du gaz nigérian dans le pipeline propulsera l'Afrique sur la scène régionale. Non pas en tant que vecteur passif du développement de l'Europe, mais en tant qu'acteur de premier plan disposant d'une arme de «dissuasion énergétique». La nouvelle donne stratégique, consécutive à la réalisation du Tsgp, élèvera l'Afrique au niveau de partenaire incontournable du Vieux Continent. Et pour cause, le deal afro-européen reposera sur un produit d'une importance capitale. La clientèle du tandem algéro-nigérian a irrémédiablement perdu son fournisseur russe et achète le GNL qatari et américain à prix d'or. Ce dernier ne tardera pas à atteindre son pic historique de production. Le seul espoir de l'Europe est dans le gaz africain. L'Italie, l'Espagne, la France et le Portugal consomment déjà le gaz algérien. Mais ils en connaissent les limites. Un apport supplémentaire en une énergie peu chère, comparativement au GNL, constituerait pour ces pays, une garantie de compétitivité économique.
Cet immense chantier structurel sur lequel s'adosse la route de l'unité africaine et la dorsale de la fibre optique, négocié en 2001 et dont la faisabilité a été établie en 2006, est revenu au-devant de la scène euro-africaine et traduit la volonté exprimée par Alger et Abuja d'en faire une réalité. Ça le sera dans les quelques années à venir. Le gazoduc Trans-saharan Gas-Pipeline viendra renforcer l'offre africaine que l'Algérie entend déjà tripler en associant l'électricité d'origine solaire, l'ammoniaque et l'hydrogène vert dans le futur gazoduc la reliant à l'Italie.
Les perspectives économiques ne peuvent pas être mieux tracées, et le Nigeria a annoncé la couleur. Ce pays a déjà entamé les travaux du pipeline sur son territoire. Cet empressement de voir ce projet aboutir est, somme toute, compréhensible, sachant que ce pays ambitionne de fournir pas moins de 30 milliards de m3 de gaz par an à l'Europe. Le Nigeria ne cache pas son enthousiasme et prolonge son ambition au- delà du Vieux Continent. Les responsables nigérians espèrent voir leur compagnie profiter des installations algériennes de liquéfaction d'une partie de son gaz naturel pour exporter le GNL vers d'autres destinations, via la Méditerranée. Le décor ainsi planté met les deux pays africains en pole position des fournisseurs de gaz aux pays européens. L'Algérie et le Nigeria concluent ainsi un marché gagnant-gagnant au plan bilatéral, mais dont l'impact à l'échelle africain est très important, au sens que ce mégaprojet intégrateur aura pour finalité d'amarrer l'Afrique à l'Europe et l'inscrire dans une dynamique de croissance économique générée par deux grands pays africains, qui seront la locomotive du continent. La «victime collatérale» de cette nouvelle énergétique afro-européenne est manifestement le Maroc. Rabat a tenté, en 2019, de détourner le projet à son bénéfice. Il a lamentablement échoué dans son entreprise. Ainsi après avoir perdu le bénéfice du gaz algérien, le Maroc enterre ses espoirs de voir le pipeline nigérian traverser son territoire.

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