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Poignardé vendredi dans l’État de New York

Salman Rushdie sous respirateur

Salman Rushdie avait déclenché la colère d’une partie du monde musulman avec la publication des Versets sataniques, de sorte que l’ayatollah Rouhollah Khomeiny a émis contre lui une fatwa en 1989 exigeant sa mise à mort.

Salman Rushdie, l'auteur des Versets sataniques qui lui ont valu, voici 30 ans, une fatwa de l'ayatollah Khomeïni, se trouve sous respirateur après l'agression dont il a été victime vendredi lors d'une conférence qu'il donnait à New York, dans l'amphithéâtre d'un centre culturel à Chautauqua. L'homme qui lui a porté des coups de couteau au cou et à l'abdomen a été arrêté et mis en détention. Pour son entourage, «les nouvelles ne sont pas bonnes», car l'écrivain pourrait «perdre un oeil» et il a le foie perforé, ce qui a conduit les autorités sanitaires à diagnostiquer un état stationnaire nécessitant la mise sous respirateur artificiel. Salman Rushdie a été opéré en urgence, a indiqué aux médias le major de la police de l'État de New York. C'est hier en Ralph Henry Reese, 73 ans, a, lui, été «blessé légèrement au visage».
L'agresseur actuellement sous les verrous s'appelle Hadi Matar, 24 ans, originaire de l'État du New Jersey. Hier, le principal quotidien ultra conservateur iranien, Kayhan, lui a rendu hommage. «Bravo à cet homme courageux et conscient de son devoir qui a attaqué l'apostat et le vicieux Salman Rushdie», a écrit le journal. «Baisons la main de celui qui a déchiré le cou de l'ennemi de Dieu avec un couteau.» La nouvelle a engendré la stupeur dans la petite ville située où se sont déroulés les faits, à une centaine de km de Buffalo, près du lac Erié entre les Etats-Unis et le Canada. Des témoins interrogés par les médias ont assuré que l'intention de l'agresseur était de «tuer Salman Rushdie» qu'il a poignardé à plusieurs reprises. Né le 19 juin 1947 à Bombay, à la veille de l'indépendance de l'Inde et grandi dans une famille d'intellectuels musulmans non pratiquants, riche et cultivée, Salman Rushdie avait déclenché la colère d'une partie du monde musulman avec la publication des Versets sataniques, de sorte que l'ayatollah Rouhollah Khomeiny a émis contre lui une fatwa en 1989 exigeant sa mise à mort.
Depuis, il s'est vu condamné à la clandestinité totale et une protection policière permanente, sortant rarement des caches où il se trouvait, dans une profonde solitude aggravée par le divorce de son épouse, une romancière américaine Marianne Wiggins, à laquelle il avait dédicacé l'ouvrage controversé. Ce n'est que récemment qu'il a pu retrouver une vie presque normale, dans les quartiers de New York, où il a poursuivi son travail satyrique et ses écrits irrévérencieux. Cependant, la fatwa n'a jamais été annulée comme le montraient les multiples attaques dont ont fait l'objet des traducteurs de son livre, certains blessés et d'autres tués comme le Japonais Hitoshi Igarashi, victime de coups de poignard en 1991. Rushdie était convaincu que le temps passé avait rendu vaine la menace dont il faisait l'objet et, trente ans plus tard, il constatait qu' « à l'poque, j'avais 41 ans, j'en ai 71 maintenant. Nous vivons dans un monde où les sujets de préoccupation changent très vite. Il y a désormais beaucoup d'autres raisons d'avoir peur, d'autres gens à tuer...».
Celui qui a été anobli en 2007 par la reine d'Angleterre, au grand dam de nombreux musulmans, et qui se dit apolitique, a produit en anglais une quinzaine de romans, des récits pour la jeunesse, des nouvelles et des essais. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a assuré, selon son porte-parole, être «horrifié» par l'attaque, ajoutant «qu'en aucun cas la violence était une réponse aux mots». «Cet acte de violence est consternant», a de son côté déclaré le conseiller à la sécurité du président américain Joe Biden, Jake Sullivan.

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