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À la tribune des Nations unies

Le Premier ministre malien solde les comptes

Depuis 2021, en consolidant leur emprise à la tête d'un pays confronté à la propagation terroriste malgré des années de présence de forces étrangères dont Barkhane, les autorités ont coupé les ponts avec la France et ses alliés européens.

Quand l'autorité de transition malienne a choisi Abdoulaye Maïga comme chef de gouvernement par intérim, l'une des questions posées était: y a-t-il un message?
Le message qu'il vient de délivrer à l'ONU était en tout cas peu conciliant et il a profondément satisfait au Mali. Devant l'assemblée générale des Nations unies, Maïga a exalté les succès contre les terroristes et la souveraineté recouvrée de son pays et il s'est aussi livré, samedi, à un mitraillage contre une multitude de cibles tout en citant Victor Hugo. Après des mois d'acrimonie, à la tribune d'où son prédécesseur avait dénoncé un an plus tôt «l'abandon en plein vol» du Mali par la France, un nouveau règlement de compte avec cette dernière était attendu. Mais il y eut aussi le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, la mission de l'ONU au Mali (Minusma), le président de la Communauté des Etats ouest-africains (Cédéao) et l'organisation elle-même, qui se laisse instrumentaliser, ainsi que les présidents nigérien et ivoirien. «Pour chaque balle tirée contre nous, nous réagirons par réciprocité», a-t-il lancé pour ceux qui n'auraient pas compris le ton de son allocution pendant 34 minutes. Au Mali, la philippique a attiré à son auteur des louanges pour ce qui a été qualifié de «vérités crues», pour son courage, son éloquence. Mais bien que les voix discordantes soient moindres, certaines se sont élevées pour laisser entendre que les autorités avaient mieux à faire en ce moment que de braquer leurs partenaires ou leurs voisins.
«La voix du Mali résonne comme un gong», s'est enthousiasmé le quotidien gouvernemental l'Essor en première page, «les oreilles de bien des contempteurs étrangers des autorités de la transition ont sifflé». A contrario, l'ancien Premier ministre Moussa Mara (2014-2015) a déploré un «ton belliqueux». «La multiplication des frondes et l'adoption d'une posture agressive vis-à-vis de l'extérieur sont contre-productives» quand le pays a d'autres préoccupations, a-t-il écrit. Depuis le putsch de 2020 et surtout le second de 2021 consolidant leur emprise à la tête d'un pays confronté à la propagation terroriste malgré des années de présence de forces étrangères dont Barkhane, les autorités ont coupé les ponts avec la France et ses alliés européens et se sont tournés vers la Russie. En pleine marginalisation économique, le Mali sort de six mois d'embargo commercial et financier infligé par la Cédéao, mais les rapports continuent d'être ceux entre une organisation qui pousse à un retour des civils et un régime qui programme des élections en 2024. Le Mali est en crise diplomatique ouverte avec la Côte d'Ivoire sur le sort de 46 soldats ivoiriens arrêtés en juillet. À la France, Abdoulaye Maïga a asséné des accusations connues. Au secrétaire général de l'ONU et au président en exercice de la Cédéao, Umaro Sissoco Embalo, il a reproché leurs prises de position dans la querelle avec Abidjan; le président nigérien Mohamed Bazoum «n'est pas nigérien»; le président ivoirien Alassane Ouattara s'est servi d'un artifice pour obtenir un troisième mandat.
La centrale syndicale Union nationale des travailleurs du Mali «se reconnaît dans tous les aspects de la déclaration» du chef de gouvernement. Maïga a été désigné en août Premier ministre par intérim en remplacement de Choguel Kokalla Maïga, hospitalisé quelques jours avant. Titulaire de l'important portefeuille de l'Administration territoriale, le colonel Maïga était aussi et reste porte-parole du gouvernement. Revêtu de son treillis à la télévision nationale, il était le messager des annonces les plus marquantes et des déclarations les plus abruptes contre la France. Maïga ne fait pas partie du cercle des officiers qui ont pris le pouvoir par la force avec le colonel Goïta en 2020. Il passait aussi pour potentiellement moins clivant que celui dont il assure l'intérim et dont le maintien à son poste était en question depuis des mois.
Un diplomate africain en poste à Bamako voyait dans sa désignation «une opportunité pour aller de l'avant».

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