L’Algérie, la France et le train de l’Histoire
La persévérance dont font montre les présidents Tebboune et Macron quant à leur volonté de faire évoluer le dialogue algéro-français pourrait annoncer une sorte d'âge d'or dans les relations entre les deux pays. Après une multitude de maladresses, très souvent du côté français, il semble que les deux hommes ont trouvé le bon lexique pour évoquer la spécificité d'une Histoire en partage entre les deux peuples. L'un et l'autre président aux destinées de leurs nations. Le chef d'État français a déjà parcouru plus de six ans sur la voie d'une réconciliation des mémoires, qu'il a d'ailleurs débutée par une vérité historique, à savoir que la colonisation est un crime contre l'humanité.
Le président algérien a trouvé la voie du dialogue et senti la volonté d'Emmanuel Macron de construire une réconciliation algéro-française qui soit solide et résiste aux aléas de la politique sur les deux rives de la Méditerranée. Car il faut dire que les partisans de la déconstruction du partenariat politique, économique et mémoriel, que Tebboune et Macron essayent d'édifier, sont aux aguets. C'est pour dire que le pont algéro-français est à construire, mais aussi et surtout consolider par l'adhésion effective des deux sociétés. Ce n'est pas chose aisée, mais cela reste réalisable, pour la simple raison qu'en d'autres temps et sous d'autres cieux, des liens qu'on pensait impossibles ont été tissés entre deux peuples que tout opposait.
La conviction des deux Présidents est que le train de l'Histoire est entré en gare. Algériens et Français ne le voient peut -être pas encore, mais la mission des grands dirigeants consiste à percevoir avant leurs concitoyens les signaux de l'avenir. Entre l'Algérie et la France, il n'existe qu'un train et les deux sociétés n'ont d'autre choix que d'y monter ensemble. Il ne fonctionnera qu'avec les énergies combinées des deux peuples. Visionnaires, les deux dirigeants le sentent et entrevoient un futur prospère où les deux sociétés fabriqueront la paix pour elles et pour leur environnement.
Cette nouvelle paix passe par la réconciliation des mémoires. Il ne s'agit pas aujourd'hui de qualifier l'acte que doit accompagner un processus historique incontournable, mais d'amener les Algériens et les Français à jeter un dernier coup d'oeil dans le rétroviseur. Non pas pour s'accuser mutuellement de ce que leurs ancêtres ont commis ou subi, mais pour pouvoir tourner la page de la guerre ensemble et sans haine. Assumons donc le passé que nous avons en partage et construisons un avenir commun!
