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Pour éviter l’euphorie du passé face à la hausse des prix du pétrole

Comment bannir la neutralité de la rente

La transition énergétique renvoie à d’autres sujets que techniques, posant la problématique sociétale.

Certes, le cours du pétrole est coté le 19 janvier 2022 à 88,33 dollars pour le Brent et à 86,52 dollars pour le Wit. Déjà lors d'une conférence devant le gouvernement en novembre 2014, j'avais attiré l'attention qu'il s'agissait pour comprendre les déterminants du cours du pétrole de raisonner sur le moyen et long terme afin d'éviter d'induire en erreur les hautes autorités du pays. Certains experts lors de cette conférence avaient prédit un cours de plus de 100 dollars entre 2015-2019, erreur d'appréciation et de prévision, que certains veulent reconduire, qui a conduit le pays à l'impasse que nous connaissons depuis. Cette hausse actuelle de court terme, certes bénéfique pour le pays, atténuant les tensions financières, doit donc être utilisée à bon escient, afin de diversifier l'économie nationale.
C'est que l'Algérie, grâce à Sonatrach (33% des recettes provenant du gaz naturel) a eu d'importantes entrées en devises; mais cette manne financière a- t- elle favorisé le développement durable?
Malgré toutes ces entrées en devises l' économie algérienne reste tributaire à 98% avec les dérivés des hydrocarbures.
Selon le rapport du FMI fin décembre 2021, les exportations ont atteint en 2021 les 37,1 milliards (32,6 pour les hydrocarbures et 4,5 milliards hors hydrocarbures), dont près de 2,5 milliards de dollars de dérivés d'hydrocarbures, en prenant les estimations récentes du bilan de Sonatrach pour 2021. Au total, selon le FMI, les importations ont atteint 46,3 milliards de dollars (la Banque mondiale ayant donné 50 milliards de dollars), 38,2 milliards de biens et une sortie de devises de services de 8,1 milliards de service contre 10/11 entre 2010-2019, malgré toutes les restrictions. Cela n'est pas propre à l'Algérie, la majorité des pays de l'Opep ne sont pas des pays développés malgré des milliers de millions de dollars d'entrée en devises.
Du côté de l'offre, nous assistons à une hausse plus rapide que prévu de la production de pétrole (non conventionnel) des USA qui bouleverse toute la carte énergétique mondiale... Selon The Telegraph, les Etats-Unis devraient pénétrer fortement le marché mondial avec des quantités sans précédent de gaz naturel liquéfié (GNL). La position de l'Opep a adopté la prudence par une augmentation progressive de sa production en coopération avec la Russie. N'oublions pas les rivalités au niveau de l'Opep dont certains ne respectent pas les quotas, de la rivalité Iran-Arabie saoudite (plus de 35% de la production Opep). Cela rentre dans le cadre géostratégique avec l'Occident dont les USA pour affaiblir la Russie.
La transition énergétique influe sur le cours futur du pétrole pouvant être définie comme le passage d'une civilisation humaine construite sur une énergie essentiellement fossile, polluante, abondante, et peu chère, à une civilisation où l'énergie est renouvelable, rare, chère, et moins polluante ayant pour objectif le remplacement à terme des énergies de stock (pétrole, charbon, gaz, uranium) par les énergies de flux (éolien, solaire). La transition énergétique renvoie à d'autres sujets que techniques, posant la problématique sociétale. Il ne suffit pas de faire une loi, car le déterminant c'est le socle social Cela pose la problématique d'un nouveau modèle de croissance: tous les secteurs économiques, tous les ménages sont concernés: transport, Btph; industries, agriculture.
Consommation résidentielle
Les choix techniques d'aujourd'hui engagent la société sur le long terme. Dès lors, la transition énergétique suppose un consensus social car la question fondamentale est la suivante: cette transition énergétique, combien ça coûte, combien ça rapporte et qui en seront les bénéficiaires. Les USA/Europe qui représentent actuellement plus de 40% du PIB mondial pour une population inférieure à un milliard d'habitants poussent à l'efficacité énergétique et à la transition énergétique, afin de lutter contre le réchauffement climatique car si les Chinois, les Indiens et les Africains avaient le même modèle de consommation énergétique que les USA et l'Europe, il faudrait cinq fois la planète actuelle. Septièmement,, l'évolution des cotations du dollar et l'euro, toute hausse du dollar, bien que n'existant pas de corrélation linéaire, pouvant entraîner une baisse du prix du baril, ainsi que les stocks américains et souvent oubliés les stocks chinois.
D'où l'importance, pour l'Algérie, de prévoir une nouvelle politique énergétique autour de cinq axes directeurs (thème développé dans les interventions du professeur Abderrahmane Mebtoul -conférence devant le Parlement européen octobre 2013, École supérieure de guerre, ministère de la Défense nationale- mars 2019-et en juin 2020- devant l'ensemble des attachés économiques et politiques des ambassades accréditées à Alger au siège de l'ambassade de l'Union européenne). Le premier axe est d'améliorer l'efficacité énergétique. En Algérie, il existe un véritable paradoxe: la consommation résidentielle (riches et pauvres payent le même tarif; idem pour les carburants et l'eau) représente 60% contre 30% en Europe et la consommation du secteur industriel 10% contre 45% en Europe, montrant le dépérissement du tissu industriel, soit moins de 5% du produit intérieur brut. Car comment peut-on programmer 2 millions de logements selon les anciennes normes de construction exigeant de fortes consommation d'énergie, alors que les techniques modernes économisent 40 à 50% de la consommation?
Par ailleurs, s'impose une nouvelle politique des prix (prix de cession du gaz sur le marché intérieur, environ un dixième du prix international occasionnant un gaspillage des ressources qui sont gelées transitoirement pour des raisons sociales. À cet effet, une réflexion doit être engagée par le gouvernement algérien pour la création d'une chambre nationale de compensation, où toute subventions devra avoir l'aval du Parlement pour plus de transparence, chambre devant réaliser un système de péréquation, segmentant les activités afin d'encourager les secteurs structurants et tenant compte du revenu par couches sociales, impliquant une nouvelle politique salariale.
L'Algérie a décidé d'investir à l'amont pour de nouvelles découvertes. Mais pour la rentabilité de ces gisements tout dépendra du vecteur prix au niveau international et du coût, pouvant découvrir des milliers de gisements non rentables, posant le problème de la rentabilité du montant important des investissements annoncés par le ministère. Le développement des énergies renouvelables doit combiner le thermique et le photovoltaïque dont le coût de production mondial a diminué de plus de 50% et il le sera plus à l'avenir. Or, avec plus de 3 000 heures d'ensoleillement par an, l'Algérie a tout ce qu'il faut pour développer l'utilisation de l'énergie solaire, ou presque. Le soleil tout seul ne suffit pas. Il faut la technologie et les équipements pour transformer ce don du ciel en énergie électrique.
100 milliards de dollars
La production à grande échelle permettrait de réduire substantiellement les coûts, tout en favorisant à l'aval une multitude de PMI-PME, renforçant le tissu industriel à partir des énergies propres (industries écologiques). La promotion des énergies renouvelables suppose des moyens financiers importants en investissement et en recherche-développement. La combinaison de 20% de gaz conventionnel et 80% de solaire me semble être un axe essentiel pour réduire les coûts et maîtriser la technologie.. Le programme algérien consiste à installer une puissance d'origine renouvelable de près de 22 000 MW dont 12 000 MW seront dédiés à couvrir la demande nationale de l'électricité et 10 000 MW à l'exportation. D'ici 2030, l'objectif de l'Algérie serait de produire, 30 à 40% de ses besoins en électricité à partir des énergies renouvelables. Le montant de l'investissement public consacré par l'Algérie à la réalisation de son programme de développement des énergies renouvelables, à l'échéance 2030, qui était au départ fixé à 60 milliards de dollars s'élèverait, selon le ministère de l'Énergie, à 100 milliards de dollars. Le problème: l'Algérie aura-t-elle les capacités d'absorption, la maîtrise technologique pour éviter les surcoûts, la maîtrise du marché mondial et ne sera-t-il pas préférable de réaliser ces projets dans le cadre d'un partenariat public- privé national, international.
Les vrais chefs
L'Algérie compte construire sa première centrale nucléaire en 2025, pour faire face à une demande d'électricité galopante, selon le ministère de l'Énergie et des Mines, l'institut de génie nucléaire, créé récemment, devant former les ingénieurs et les techniciens en partenariat, qui seront chargés de faire fonctionner cette centrale. Les réserves prouvées de l'Algérie en uranium avoisinent les 29 000 tonnes, de quoi faire fonctionner deux centrales nucléaires d'une capacité de 1 000 Mégawatts chacune pour une durée de 60 ans, selon les données du ministère de l'Énergie. La ressource humaine étant la clé à l'instar de la production de toutes les formes d'énergie et afin d'éviter cet exode de cerveaux massif que connaît l'Algérie, la poste services avec la sortie de devises étant passé de 2 milliards de dollars en 2002 à 10/12 milliards entre 2010/2019, étant estimé à environ 6 milliards de dollars pour 2021, dont une grande partie destinée au secteur hydrocarbures, Sonatrach se vidant de sa substance, il convient de résoudre ce problème.
L'option du gaz de schiste a été introduite dans la nouvelle loi des hydrocarbures, l'Algérie possédant la troisième réserve mondiale, selon des études aux USA (voir étude sous la direction du professeur Abderrahmane Mebtoul pour le compte du Premier ministère en collaboration avec ministère Énergie /Sonatrach, pétrole-gaz de schiste, opportunités et risques,8 volumes 780 pages). En Algérie, devant éviter des positions tranchées pour ou contre, un large débat national s'impose, car on ne saurait minimiser les risques de pollution des nappes phréatiques au sud du pays. L'Algérie étant un pays semi-aride, le problème de l'eau étant un enjeu stratégique au niveau méditerranéen et africain, il doit être opéré un arbitrage pour la consommation d'eau douce, (les nouvelles techniques peu consommatrices d'eau n'étant pas encore mises au point, malgré le recyclage, Aussi, quel sera le coût, fonction de l'achat du savoir-faire), un milliard de m3 gazeux nécessitant 1 million de m3 d'eau douce devant forer plusieurs centaines de puits moyens pour un milliard de m3 gazeux et devant tenir compte de la durée courte de la vie de ces gisements, chaque puits ayant une durée maximale de cinq années et la nécessaire entente avec des pays riverains se partageant ces nappes.
En résumé, les décisions dans le domaine de l'énergie engagent le long terme et la sécurité du pays au regard des priorités définies sur le plan politique:indépendance nationale, réduction des coûts, réduction des émissions de carbone, création d'emplois. Chaque décision majeure devra être préalablement analysée par le Conseil national de l'énergie, présidé par le président de la République. Aussi, les changements économiques survenus depuis quelques années, ainsi que ceux qui sont appelés à se produire dans un proche avenir, doivent nécessairement trouver leur traduction dans des changements d'ordre systémique destinés à les prendre en charge et à organiser leur insertion dans un ordre social qui est lui-même en devenir.

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