L'Expression

{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Coup de blues

Mon ami – et mon frère – Abdelmadjid Merdaci s’en est allé sur la pointe des pieds

Sans ritournelles, serais-je tenté d'écrire en guise d'hommage à cet immense mélomane et sociologue qui eut l'insigne honneur d'immortaliser la mémoire musicale de l'antique Cirta. Boulimique du secteur de la culture, cet universitaire forçait l'admiration tant par ses nombreux écrits que par l'originalité des thèmes abordés. Constantine a toujours occupé une place de choix dans ses préoccupations pour avoir toujours su «saluer la mémoire de toutes les grandes figures qu'elle avait portées sur les fronts baptismaux de Si Mohamed Bendjelloul à cheikh Ma'mar Benrachi, de Abdelmoumen Bentobbal à Abdelkader Toumi ou Zouaoui Fergani - qui, avec talent et souvent abnégation, avaient maintenu, en des temps improbables, les prestigieuses filiations des Bestandji, Benkartoussa, Benmerabet, Belghoul, Bendjemel ou Omar Chaqleb.
À l'Agora du Livre où j'ai eu l'immense plaisir de l'accueillir pour y présenter ses livres, il était égal à lui-même et serein face à l'adversité que suscitaient ses prises de position indépendantes autant que respectueuses du droit à la parole de l'Autre. Il aura été question de ses différents ouvrages dédiés à la culture citadine - Dictionnaire des musiques citadines de Constantine et Les compagnons de Sidi Guessouma et l'aggiormento du chaâbi - comme à l'histoire - Constantine, citadelle des vertiges ou encore GPRA, un mandat historique -. L'ouvrage, Les compagnons de Sidi Guessouma et l'aggiormento du chaâbi, se décline plutôt, et de l'avis même de son auteur, comme un témoignage de reconnaissance à la famille du chaâbi de l'antique Cirta.
Une ville qui n'aura ménagé aucun effort pour permettre à cette expression artistique ancestrale de trouver un prolongement indélébile au sein de sa société citadine. Hérité des profondes traditions artistiques et culturelles chères à la Casbah éternelle, ce genre musical dérivé s'il en est de la musique classique algéroise, aura fait école, grâce à un foisonnement impressionnant d'orchestres. C'est non sans fierté que de nombreux maîtres du malouf, des amis de longue date, parmi lesquels il est aisé de citer Mohammed Derdour, Cheikh Abdelkader Toumi, Abdelmoumen Bentobbal, Hadj Mohammed Tahar Fergani ou Kaddour Darsouni, le soulignaient.
Au risque de heurter certains esprits qui voient en cet ouvrage une occasion, encore une, d'effilocher le rôle moteur joué par la ville de Sidi Abderrahmane At-Thaâlibi dans la montée du nationalisme et le jaillissement de plusieurs activités artistiques et sportives, force est de reconnaître que le signifié du titre cité force l'intérêt tant par son analyse que par sa volonté de coller à l'objectivité. Cette année 2020 fut rude pour lui - comme pour nous tous d'ailleurs - surtout après la sortie de Journal de Marches et sa programmation pour une rencontre à l'Agora du Livre. J'en ai entendu des vertes et des pas mures alors qu'il m'était impossible de tourner le dos à un auteur dont l'argumentaire tentait de répondre à la question de savoir, suffit-il que les marches se répètent pour banaliser la marche de l'Histoire?
Militant aguerri et de longue date, ayant connu les affres des geôles du bonapartisme, Abdelmadjid Merdaci ne s'est jamais satisfait de la posture de l'observateur. Croisant mémoire militante et approche académique, il nous aura gratifiés dans ce livre stipendié par certains courants antidémocratiques d'un regard libre et exigeant sur l'actualité nationale et le Hirak. Très humain, à un moment où cette qualité tend à s'émousser chaque jour davantage, il aura contribué à distance à mon hospitalisation et à ma guérison. Un acte humain que je ne suis pas près d'oublier et pour lequel toute ma famille lui est reconnaissante.
Qu'Allah Le Tout-Puissant l'agrée en Son Vaste Paradis. Mes sincères condoléances à son attachante famille et à ses soeurs et frères.

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré